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FRIBOURG - Et si on allait rechercher Serge Pelletier?

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Pelletier, Serge
— Photo © PH/Archives

Par Philippe Ducarroz

Sous le coup de l'émotion sans doute, une des petites phrases lancées par Christian Dubé le soir de l'élimination face à Lugano en pré-playoffs allait alimenter la chronique de ces derniers jours. Apparemment, le boss technique de Fribourg-Gottéron semblait envisager du changement dans sa manière de fonctionner, au point d'abandonner une de ses deux casquettes: celle de coach ou de directeur technique.

On se souvient qu'à l'époque - même si le club ne l'admettra pas vraiment - le contrat longue-durée de Dubé comme joueur allait pousser les dirigeants de Gottéron à lui proposer de prendre en mains quelques responsabilités, depuis les bureaux et la bande. Au point d'en faire assez rapidement le patron technique plénipotentiaire.

On est en 2019 et le discours de Mark French ne passe plus, Dubé est propulsé derrière le banc. Mais même huit ans plus tard, un nom revient systématiquement dans les discussions: celui de... Serge Pelletier.

Il connait les limites de la double-casquette

Pelletier avait déjà oeuvré pour les Fribourgeois entre 2000 et 2002, avait été remplacé par Colin Muller. Mais il avait, à sa manière, marqué le paysage hockeyistique fribourgeois. Malgré ses tribulations dans d'autres organisations (Zoug, Ambrì, puis plus tard encore La Chaux-de-Fonds, Lugano et Augsburg), le Montréalais naturalisé suisse fin 2003 était toujours resté fidèle à "sa" région. Qu'il habite toujours, on peut le croiser quotidiennement à Bulle (FR).

Pelletier, quoique "viré" une première fois de la Patinoire Saint-Léonard, allait revenir pour un 2e bail entre 2006/07 et 2010/11, d'abord comme coach, puis avec la fonction de General Manager en parallèle. La double-casquette, il connait! Et même s'il occupa encore les deux postes lors de son passage à Ambrì-Piotta, le bonhomme a pu mesurer toute la difficulté de la tâche.

Son bilan? Le début clair du redressement sportif de Gottéron. D'assez placide à la bande (nous l'avions même affublé du surnom de «coach triste» à l'époque), Pelletier excellait dans son approche du futur, dans sa vision à moyen et long terme.

Et c'est pour cela que son nom revient souvent sur les lèvres: que ce soit les intérimaires René Matte et Dany Gelinas, Gerd Zenhaüsern, Larry Huras ou French, tous ont profité du travail en amont de Pelletier. Et même lorsque Dubé, huit ans après son dernier passage, reprenait les rênes de l'équipe entendait-on que celui-ci profitait encore du montage antérieur de l'ancien coach et GM.

Et si on essayait le changement?

Aujourd'hui, Fribourg-Gottéron se trouve donc devant un sacré dilemme, dont la conférence de presse tenue hier n'a servi qu'à renforcer les doutes sur les futures fonctions au sein du club. Manque de temps pour consulter joueurs, staff, CEO et président?

On dira plutôt tergiversations, car la décision stratégique est importante et les dirigeants semblent sérieusement gênés aux entournures. Hésiter. Bien sûr, il y a le (ou les?) contrat(s?) de Dubé, valable(s?) encore deux saisons. Mais il y a surtout ce manque de conviction que l'on décèle clairement, notamment dans les propos présidentiels, sur le bien-fondé de maintenir la double-casquette.

Même Dubé lui-même paraît très sérieux lorsqu'il parle d'usure. Nous pensons que Dubé apprécie son job de chef technique, mais qu'il apprécie encore plus l'émotion du coaching. D'ailleurs, mis à part quelques frictions avec le contingent des nordiques pas toujours très contents de leur sort, l'ensemble des joueurs est prêt à continuer avec le coach. Mais peut-être moins avec le directeur technique qui manie facilement le bâton fort de sa double-fonction.

Et franchement, aujourd'hui, imaginez-vous Christian Dubé ré-engager le turbulent Chris DiDomenico... pour le pas être à la bande lui-même pour le canaliser?

Gottéron doit évoluer

Si Fribourg veut progresser, il doit évoluer. Il l'a déjà fait de manière spectaculaire dans son infrastructure, un peu moins dans son organisation interne. Bien sûr, les bureaux sont bien remplis, mais il y a des manques au niveau sportif. Il n'est pas normal qu'un jeune coach comme Dubé soit déjà essoufflé après quatre ans.

La solution vers laquelle on semble se diriger serait... un deuxième assistant, aux côtés de Pavel Rosa. Bien sûr, cela soulagerait la charge de travail des deux coaches déjà en place. Mais cela changera-t-il fondamentalement les chances de Gottéron d'être plus performant sur la glace? Oui, un peu. Peut-être.

Aujourd'hui, l'heure est au changement. Gottéron est avec Ajoie la seule organisation d'élite à travailler avec un coach-directeur technique. À Porrentruy, pour des raisons financières. À Fribourg, un peu aussi, mais surtout parce que la question ne s'était jamais posée aussi crûment. Si les autres clubs y ont renoncé, il doit bien y avoir une raison.

Alors tentons le coup: laissons à Christian Dubé tout le loisir de se concentrer sur cette tâche vitale: le coaching. Avec un ou deux assistants. Et engageons un directeur technique qui travaillera de concert avec lui. Un homme du coin, dont les compétences sont reconnues et surtout qui ne cherche plus à détenir le double-pouvoir, trop lourd à porter. Donc sans loup dans la bergerie...

Et c'est là que revient tout naturellement le nom de Serge Pelletier. Certains diront que c'est vouloir faire du neuf avec du vieux. Nous rétorquerons que les capacités réelles de Dubé à la bande et ses choix parfois discutables mais audacieux, alliés au carnet d'adresses, fréquentations et compétences de Pelletier pourrait donner un binôme de qualité.

N'oublions pas que c'est bien Serge Pelletier et Jim Koleff qui ont ouvert les portes du championnat de Suisse (avec Lugano) à Dubé, en provenance des New York Rangers. Et ça, c'est un lien qui, immanquablement, lie la carrière des deux hommes. Qui se connaissent donc plutôt bien depuis un quart de siècle...