À 31 ans, Chris Tierney débarque à Ambrì dans un rôle clair: stabiliser l’axe central, offrir de la fiabilité et soulager une équipe qui, l’an dernier, a cruellement manqué de constance au centre, surtout après le départ de Philippe Maillet. Moins explosif offensivement que son prédécesseur, Tierney est ce qu’on appelle en Amérique du Nord un « pro’s pro »: centre gaucher (1m85, 87 kg), solide dans les cercles d’engagement, fiable défensivement, excellent en infériorité numérique et capable de prendre des minutes difficiles contre les meilleurs trios adverses. Il ne fait pas de vagues, mais il fait le boulot.
Pour les recruteurs nord-américains, Tierney reste un centre « de structure », qui rend une ligne meilleure sans forcément remplir les feuilles de stats. Son QI hockey est élevé, il comprend les systèmes, ne surjoue pas, et ses lectures défensives sont parmi les plus propres dans son registre. C’est le genre de joueur que les coachs adorent, car il ne force jamais le jeu et reste positionnellement très discipliné.
Formé à London (OHL), où il a été capitaine, Tierney a brillé dans ses dernières saisons juniors aux côtés de futures stars comme Bo Horvat, Max Domi ou Mitch Marner. Drafté au 2e tour par San Jose en 2012, il a rapidement gagné ses galons en NHL, cumulant près de 600 matchs dans la ligue. Son pi : une saison à 40 points (2017/18), puis un rôle clé dans le deal qui a envoyé Erik Karlsson chez les Sharks.
À Ottawa, il a servi de vétéran stabilisateur durant les années de reconstruction. Il a notamment aidé les jeunes Brady Tkachuk, Drake Batherson et Colin White à faire leurs premiers pas. Sur la glace, il a tourné à plus de 17 minutes par match à ses débuts chez les Sens, avant de voir son rôle décliner peu à peu, au rythme d’une production offensive qui baissait elle aussi.
Depuis 2021, Tierney a enchaîné les contrats à court terme, jouant à Montréal, en Floride, au New Jersey, puis finalement en KHL avec le Dinamo Minsk. Là-bas, il a dû composer avec un coach peu convaincu par son arrivée (Dmitri Kvartalnov), jouant souvent en 4e ligne avec des jeunes, sans réelle alchimie. Résultat: 20 points en 60 matchs. Mais en playoffs, repositionné plus haut, il a su répondre présent.
À Ambrì, il arrive dans un rôle de premier centre qu’il n’a plus occupé depuis plusieurs années. C’est un pari: peut-il encore assumer ce type de responsabilités offensives? En revanche, sur le plan défensif et tactique, il est quasi-garanti qu’il renforcera immédiatement le jeu sans puck des Léventins, surtout sur PK et aux engagements. Il ne sera pas un moteur offensif à lui seul, mais il est l’huile dans un engrenage, celui qui permet à un bloc de fonctionner. Il faudra lui associer des ailiers mobiles et responsables pour qu’il trouve ses marques et se sente investi.