NATIONAL LEAGUE – Sur le seuil de la saison nouvelle (5/5): les clubs romands

NATIONAL LEAGUE – Sur le seuil de la saison nouvelle (5/5): les clubs romands

Josh Jooris - Photo Laurent Daspres/Freshfocus
Par Christoph Yavkin
À un peu plus d’un mois de la reprise, notre collaborateurlivre les premières impressions se dégageant du remue-ménage estival et en tire quelques enseignements en quelques épisodes à suivre durant la semaine. Aujourd’hui, 5ème et dernière  partie, la pleine Romandie.   

HC Ajoie: l’équilibriste

Comme les dieux ne sont que d’incertaines icônes pour certains, les druides du hockey ne sont toujours pas parvenus à se mettre d’accord pour savoir ce qui, de 14 ou de 12 équipes, est le plus approprié pour la division la plus haute du pays. C’est ainsi que se pose la question de savoir de quoi peut être fait l’avenir de clubs se situant juste à la charnière de la ligue majeure et la suivante.

Et on doit reconnaître de manière cartésienne que c’est le plus précisément le cas des jurassiens excentrés de l’Ajoie, appelés à beaucoup trop d’exploits répétés pour entretenir la perspective de gravir davantage d’échelons que ce qui a été réalisé jusqu’ici. Au moins, l’engouement et l’enthousiasme locaux le justifient pour l’heure, ce qui est néanmoins dû à l’instauration des 14.

Dans ce contexte, le HCA est en mesure de déjouer ses adversaires à domicile, dans la mini-arène de Porrentruy, qu’on dit hostile. Mais on est déjà revenu de ce type d’appréciation dans l’exemple exactement opposé: Berne a en effet, depuis longtemps déjà maintenant, perdu de son statut de lieu inhospitalier!

Ce n’est pas une surprise de constater qu’Ajoie joue «canadien» 100%. D’accord, Brennan est US… Avec une telle régularité historique qu’il est très difficile de s’imaginer un tableau différent. Pour dernier souvenir, le slovaque Martin Bakos n’a pas été en mesure de faire mentir le slogan.

Ainsi, tenu compte de la disparition de Gauthier-Leduc, va-t-on composer dans le Jura avec deux indésirables de NL, à savoir le transfert complètement raté du LHC la saison dernière, Daniel Audette, ainsi qu’Eric Gélinas, dont l’exercice à Berne n’occupe guère les mémoires.

Depuis ses trois années à Rögle en Suède, pas épargné par des indisponibilités à répétition, ce dernier est devenu trop instable pour être évalué correctement. Le mental de son plus jeune coéquipier n’est pas le point fort d’un joueur, excellent tant à Rauma qu’avec le Vityaz Podolsk, mais dont la crédibilité a pris une violente claque au bord du Léman!  À ce point qu’on a lu qu’il est un «transfert idéal pour Ajoie», ce qui représente, sauf le respect, tout sauf un compliment à son endroit et pour diverses raisons.Ne manquerait plus qu’il ne soit pas plus en vue en Ajoie qu’à Lausanne!

On reste à sept mercenaires mais T.J. demeurant le seul en défense, il a fallu compenser avec l’arrivée de trois Suisses, dont le profil rude d’un Jannik Fischer, tout sauf un hasard. Enfin, la météo agitée de la saison dernière accouche d’un très insolite Christian Wohlwend, rabroué dans les Grisons, au coaching. Que de questions pour le club, dans une position permanente  d’équilibriste! 

Lausanne HC: trouver enfin une identité

On croit rêver mais non, c’est la réalité, le LHC est le Berne Du Far West du pays. Complexe oblige: le Vaudois ne parvient toujours pas à se débarrasser de sa pourtant lointaine identité bernoise. Et dans la cité qui se veut olympique, les erreurs, de casting notamment mais pas seulement, du LHC se répètent ces dernières années au moins également à celles produites dans la ville fédérale.

Le sujet est tellement récurrent que c’en est vraiment lassant pour les suiveurs. Les autres s’en moquent et c’est avant tout un tout Genève qui est le plus grand bénéficiaire du contexte. Depuis Heinz Ehlers, qu’on murait dans son concept défensif, Lausanne peine, pour ne pas dire beaucoup plus, à se trouver une identité réelle.

D’abord en étant devenue une équipe pour ainsi dire alémanique, ce qui n’est pas un exploit mais est révélateur: même si le moteur peut être en très bon état, les atomes y sont (trop?) hétérogènes. À en croire l’émérite partant Cory Emmerton (voir son interview dans Top Hockey 311), qui n’en pense pas moins, le dernier venu Geoff Ward devrait être sur le bon chemin pour créer un amalgame un tant soit peu plus identitaire.

Au plan des étrangers, le départ ou plutôt renvoi heureux de Daniel Audette et la signature d’Antti Suomela sont les meilleures opérations. Encore faudra-t-il que l’excellent Finlandais soit parfaitement intégré à la manœuvre, ce qui est un des facteurs négatifs dans le club.

Christian Djoos, depuis deux ans en suisse et connaissant à priori le terrain, est-il conscient du risque qu’il prend? Pas sûr. Pour Lawrence Pilut, qui a aussi la nationalité américaine, comme pour Suomela, la question ne se pose pas et une fois de plus, c’est une affaire de cohésion.

Michael Raffl serait à notre sens plus à l’aise dans un club comme Rapperswil, Davos ou même Langnau. Et comme Jiri Sekac donne parfois des signes de lassitude qui ne trompent pas… Le bloc suisse restant compact, c’est peut-être en cela que Cory Emmerton a raison. Si on lui laisse le temps, Geoff Ward est peut-être un homme pour une telle situation. 

Fribourg-Gottéron: pour le haut du classement

Les deux derniers sujets se passeront d’une longue littérature parce que le calme y règne. Pour le premier, certes, Fribourg-Gottéron, il y aurait beaucoup à développer car il s’est pris les pieds dans le tapis à reculons, en crevant au poteau des playoffs. De façon inattendue puisqu’il aurait dû y avoir accès dans passer par un duel couperet avant mais Christian Dubé ne peut s’en prendre qu’à lui-même.

Le suédois Andreas Borgman appelé à être beaucoup plus actif et participatif  que Juuso Vainio en défense, la question ouverte est surtout de savoir si le 4ème suédois de la bande, Lucas Wallmark, fera oublier le retraité Desharnais. Lourde responsabilité pour l’ex-ZSC, dans un contexte très différent de ce qu’il a connu jusqu’ici.

L’autre aspect auquel prêter une très grande attention est naturellement le retour de Berne de DiDo. Il est absolument prioritaire de ne pas confondre le joueur avec un leader, qu’il n’est pas. Or, dans la communication du club, on semble le percevoir. Christopher est d’abord un artiste, un électron qu’il faut laisser inconditionnellement libre, sans le charger d’un ou de plusieurs titres qu’il ne porte pas! 

Fribourg jouera de nouveau dans les hauteurs du classement, c’est une certitude. Demeure le phénomène d’usure du pouvoir: Christian Dubé en place dans les plus hautes sphères depuis la fin de sa carrière de joueur est-il encore celui qui pourrait enfin apporter un premier titre dans l’histoire du club?

Genève-Servette HC: pour conserver son titre?

La conclusion est donc genevoise. À tout bien tout honneur puisqu’il s’agit du champion en titre, qui a pleinement honoré le pronostic et les attentes formulées avant l’automne 2022. Une issue très logique pour la plupart, dès lors que le déroulement de la saison découvrait ses contours.

Les atouts genevois étaient légion, effectif très affiné et poli par le temps pour ce qui est des helvètes notamment, duo OmarkHartikainen retrouvé après leur période à Ufa, son Altesse Tömmernes, le doyen Valtteri Filpula et on en passe. Tous ont répondu positivement à un défi qui devait les opposer principalement à un Zoug, qui s’est trouvé soudain descendu de son socle, dans une moindre mesure un Zürich, par instants catastrophique!

Au point que le défi ultime aura été ce Bienne évoqué hier, lequel a mis une pression formidable sur les Servettiens jusqu’à la fin. Il en sera de même dans quelques semaines mais les duels devraient s’intensifier encore entre davantage d’équipes, à mesure qu’on entame une 2ème saison à six étrangers.

Ce qui était une nouveauté ne l’est plus cette année et la valeur des cartes à jouer a changé. Genève-Servette a donc dit adieu à Henrik Tömmernes, qui va boucler sa carrière dans «son» Frölunda. Quid de son successeur Theodor Lennström?  Même profil, excellent patineur, mais encore?

Le départ de l’astucieux Omark est compensé par la signature du plus petit Sakari Manninen, le plus récent des acolytes (toujours à Ufa) d’Hartikainen, qui s’est contenté de jouer en AHL seulement la saison dernière et sans playoffs! Selon toutes les apparences, Genève-Servette devrait pouvoir conserver son titre. On ne le voit pas ainsi.      

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