Chicago a tranché. Après cinq saisons à tenter de se faire une place parmi l’élite, Philipp Kurashev ne portera plus le maillot frappé du faucon (sauf coup de théâtre). La décision, sans détour, acte l’échec d’un pari qui aura trop souvent oscillé entre promesses et frustrations. Dans une équipe en reconstruction, avide de leaders capables de tenir le cap dans la tempête, le Bernois n’a jamais incarné la pièce maîtresse qu’on avait cru déceler en lui.
Trop tendre dans les coins, trop discret lorsque le jeu se durcit, Kurashev a peiné à traduire sur la glace nord-américaine le talent qu’on lui connaissait en junior et en sélection. Ni franc buteur, ni indispensable en infériorité numérique, il a glissé dans ce no man’s land où l’on survit rarement longtemps en NHL. Ses statistiques défensives en chute libre, ses présences irrégulières et son différentiel abyssal ont fini par sceller son sort : Chicago, en quête de muscles et de constance, préfère avancer sans lui.
Le retour en Suisse apparaît désormais comme l’issue la plus crédible. À 25 ans, l’ex-international pourrait rebondir à Berne, son club formateur, ou ailleurs en National League, où son profil offensif trouvera sans doute un terrain plus indulgent. Mais le constat reste implacable : pour un joueur que l’on disait calibré pour une longue carrière outre-Atlantique, le couperet tombe vite.
Reste à savoir si ce revers servira de leçon. Kurashev devra, cette fois, accepter de remettre en question son engagement, sa robustesse et son impact physique — des exigences minimales pour exister au plus haut niveau. Sans cela, même les patinoires suisses pourraient finir par lui rappeler qu’un talent pur, s’il n’est pas soutenu par une constance de guerrier, finit toujours par se diluer.