Après avoir croisé la route de David Reinbacher outre-Atlantique, Brandon Gignac s’apprête à enfiler le maillot de l’ancien club du défenseur autrichien : l’attaquant canadien de 27 ans a choisi de poursuivre sa carrière en Suisse, où il portera dès la prochaine saison les couleurs du EHC Kloten. Un pari pour le club zurichois, bien décidé à se renforcer avec un profil nord-américain capable d’apporter vitesse et intensité.
Repéré très jeune au Québec, Gignac avait rejoint la ligue junior QMJHL à seulement 15 ans sous le maillot des Shawinigan Cataractes. Après une première saison d’adaptation, le centre originaire de Repentigny (Québec) avait rapidement haussé son niveau pour culminer à 61 points en 67 matchs lors de la saison 2015/16. Drafté au 80ᵉ rang par les New Jersey Devils, il a ensuite navigué entre la NHL et ses ligues affiliées, sans jamais parvenir à s’imposer durablement au plus haut niveau.
Sa seule apparition avec les Devils, un soir de mars 2019 contre les Rangers de New York, reste une parenthèse symbolique. « Il n’a jamais vraiment eu la fenêtre pour montrer ce qu’il sait faire », confie un recruteur d’une équipe de la Conférence Est. « Mais tout le monde souligne sa vitesse et sa fiabilité défensive. Ce n’est pas un joueur clinquant, mais un centre utile et polyvalent. »
Après un détour par l’ECHL lors de la saison perturbée par la pandémie, Gignac a rebondi au sein de l’organisation des Montréal Canadiens, aligné principalement avec le Laval Rockets, leur club-école en AHL. En 2023/24, il a signé sa meilleure campagne statistique en Amérique du Nord avec 55 points en 61 matchs et a même été rappelé pour sept rencontres avec les Canadiens, inscrivant au passage son unique but en NHL contre Anaheim.
IL CORRESPOND À L’ADN DE KLOTEN
Malgré cette embellie, la saison écoulée a été marquée par des blessures et une baisse de rendement. Après mûre réflexion, le Québécois a choisi d’ouvrir un nouveau chapitre en Europe : « Je me sentais un peu bloqué, je voulais un nouveau défi. La Suisse, c’est une ligue que j’avais toujours envisagée », a-t-il confié à La Presse. Pour préparer son arrivée, il a pu glaner de précieux renseignements auprès d’anciens coéquipiers comme Philippe Maillet ou Lias Andersson, eux aussi passés de Laval à la National League, sans oublier David Reinbacher, avec qui il a partagé le vestiaire ces deux dernières saisons.
À Kloten, le directeur sportif Ricardo Schödler se veut optimiste : « Brandon correspond parfaitement à notre ADN. Il apporte de la vitesse, de la créativité et une vraie éthique défensive. » Son profil de joueur « deux voies » — solide défensivement, actif en forecheck et en repli — ne se juge pas uniquement à la colonne des points. « C’est un joueur qui peut apporter un impact sans forcément remplir la feuille de match tous les soirs », note un autre scout basé en Ontario. « Dans une ligue plus ouverte comme la National League, sa vitesse peut faire la différence, à condition qu’il s’adapte vite au plus grand format de glace. »
Capable de jouer centre ou ailier, fort patineur et doté d’une bonne lecture du jeu, Gignac dispose des atouts pour s’imposer dans un championnat qui séduit de plus en plus de Nord-Américains en quête de relance. Pour Kloten, ce pari traduit une ambition claire : continuer de se stabiliser parmi les valeurs sûres de l’élite suisse. Reste à Gignac de prouver qu’il peut y trouver la constance qu’il a longtemps cherchée outre-Atlantique.
