Julien Vauclair observe attentivement «son» HC Ajoie se débattre avec les affres de la brume dans la vétuste enceinte d’Yverdon. Le match n’est pas des plus attractifs, mais le directeur technique du club jurassien a le (demi-)sourire de circonstance: il le sait, il le sent, l’équipe a plus d’arguments que l’an passé. On fait le point avec lui à pratiquement trois semaines de la reprise.
«C’est une nouvelle saison qui commence, rappelle Vauclair. On voit beaucoup de changements dans cette équipe au niveau de l’effectif, il y a beaucoup de nouveaux joueurs. Je pense qu’on a amené pas mal de vétérans dans ce groupe avec aussi quelques jeunes, il y a une nouvelle dynamique. On essaie de construire quelque chose.»
Préparation quand même perturbée puisque vous devez vous passer de deux de vos trois attaquants finlandais. C’est embêtant pour trouver la cohésion…
C’est clair que ce n’est pas idéal pour commencer une préparation, mais après voilà: je pense que dans le hockey moderne ça arrive souvent et c’est un peu la même chose pour toutes les équipes. À gauche et à droite, on voit qu’elles commencent aussi à perdre des joueurs. Le hockey a tellement évolué, il est devenu tellement plus rapide et plus musclé que ce genre de blessures n’arrivaient pas par le passé. Aujourd’hui on voit qu’il n’y a plus vraiment de camp d’entraînement ou de préparation. Les joueurs doivent arriver prêts et on se retrouve immédiatement à un niveau très élevé, ce qui n’était pas forcément le cas il y a 10-15 ans où on prenait le mois d’août pour se mettre en jambes. Aujourd’hui les joueurs sont au taquet dès le début et ça engendre des blessures. L’important, c’est de récupérer tout le monde pour le début du championnat.
Manque notamment Oula Palve. À son sujet, le club a communiqué… qu’il ne communiquerait plus. C’est plus grave que prévu?
C’est une façon de communiquer que je dirais moderne. On ne veut pas non plus donner trop d’informations à nos adversaires. Il y a des spécificités dans certaines blessures qui ne nous permettent pas d’être précis dans les termes. Tous les clubs font comme ça. On espère qu’il sera prêt pour le début du championnat. Pour l’instant, tout se passe bien: il a recommencé à patiner et on est dans les temps.
Dans vos discussions avec Christian Wohlwend, le coach, est-ce que vous envisager de faire jouer ensemble vos trois attaquants finlandais pour avoir une ligne très productive et ensuite gagner des matchs avec l’ADN d’Ajoie?
À la base, on savait que l’on devait rajouter trois éléments important à l’attaque. On a commencé les négociations avec Jerry Turkulainen qui a été le premier à signer. Il l’a fait très tôt dans la saison, ce qui a été quelque chose de positif. Après, nous sommes partis à la recherche de joueurs qui pouvaient performer à ses côtés. Quelle que soit leur nationalité. Les deux autres Finlandais ont été choisis sur la base de leur profil, étant entendu que quelque chose peut se créer en sachant qu’ils se connaissent, qu’ils ont déjà joué ensemble, qu’il proviennent du même pays. Tout cela pourrait donner un «plus» pour la suite.
Avez-vous, à un certain moment, pensé engager un deuxième étranger en défense, un blueliner pur?
Dans l’option de départ, non. Ce qui nous manquait beaucoup, l’année passée, c’était des buts, surtout dans les moments-clés. Je pense que nous avons un bloc défensif avec de gros gabarits, qui ont de la bouteille. On a neuf défenseurs suisses et parmi eux il y a des joueurs qui totalisent plus de mille matchs avec des Marco Maurer, des Jannik Fischer ou un Kevin Fey. Après voilà, il faudra voir comment la saison se passe. On sait très bien que l’on sera probablement obligés d’aller chercher un septième étranger en cas de blessure ou pour étoffer le contingent en vue de la fin de saison. C’est un discours d’avenir, mais dans l’immédiat on veut jouer avec cinq attaquants et un défenseur.
Si on regarde le match contre Banska Bystrica, on a vu Arno Nussbaumer et Louis Robin avoir pas mal de temps de jeu, notamment en raison de l’absence des étrangers. Comment voyez-vous leur intégration?
Ces jeunes joueurs m’ont beaucoup impressionnés dès les premiers jours. Je les ai beaucoup regardés la saison passée. Ils ont énormément de talent, mais ils jouaient aussi peut-être dans des clubs où il y avait moins d’opportunités pour eux de performer. Ils ont toujours fait partie du cadre des équipes nationales durant toute leur jeunesse. Comme je l’ai dit avant, on veut amener un corps de joueurs-vétérans, on a aussi réussi cette année à ramener deux Ajoulots. Je pense que c’est bien non seulement pour l’aspect sportif, mais aussi pour le vestiaire. Là, on veut donner l’opportunité à ces talents de jouer. C’est important pour nous d’intégrer ce genre de joueurs, qu’ont soit justement l’équipe qui leur permette d’exploser comme ça a pu être le cas ces dernières années pour certains éléments qui ont évolué dans de plus petits clubs entre guillemets comme Rapperswi ou Ambrì. Là-bas, ils ont pu éclore.
Ces dernières saisons, les observateurs plaçaient systématiquement Ajoie à la dernière place dans leurs pronostics. Changement d’approche cette saison: ils se demandent surtout qui finira… derrière Ajoie. C’est un bon début!
(il sourit) On l’espère!