CHRONIQUE – L’audace, Messieurs, l’audace!

CHRONIQUE – L’audace, Messieurs, l’audace!

Illustration: PH

Lugano est depuis deux ans et demi en progrès dans tous les domaines. Certains diront que ce n’est pas étonnant vu les moyens du club, mais ce serait trop facile et simpliste de s’arrêter uniquement à l’aspect financier. L’exemple du PSG est une belle démonstration qu’il ne suffit pas de dépenser de l’argent à outrance pour avoir des résultats. Historiquement, Lugano a d’ailleurs souvent abusé de grands noms et d’entraîneurs de renom avec des résultats mitigés, surtout lors de ces dernières années. Mais ce qui fait la particularité de ce Lugano actuel, c’est qu’il est le résultat d’une décision audacieuse de la part de sa présidente, Vicky Mantegazza, décision qui, avec le temps, commence à porter ses fruits.

Si je vous dis Jeff Campbell, Igor Fedulov, Guido Pfosi, Dino Wieser, Juha-Pekka Hytönen, quels sont leurs points communs? Premièrement, il s’agit bien d’anciens très bons joueurs à la carrière flamboyante, mais pas que! Aujourd’hui, ils sont les entraîneurs des juniors élites de Fribourg, Genève, Bienne, Davos et Ajoie. Et si aujourd’hui, leur club de National League devait avoir des problèmes en championnat, la probabilité que l’un d’entre eux reprenne la première équipe est proche de zéro, et ce même pour une demi-saison. Pourtant, leurs CV et leurs références ne manquent pas.

Alors j’ose à peine imaginer si, il y a trois ans, je vous avais parlé de Luca Gianinazzi; vous m’auriez demandé s’il s’agissait du pizzaïolo de votre pizzeria préférée, et pourtant… On dit souvent qu’il faut être au bon endroit au bon moment, et si possible que la chance s’en mêle… Personne n’incarne mieux cette phrase que Gianinazzi. En effet, il y a deux ans et demi, Lugano toussait son hockey avec une star à la bande dont les idées ne faisaient plus recette, autant au niveau du hockey qu’auprès de ses joueurs. Mais voilà, il s’agissait de Chris McSorley, rien que ça…

Alors souvent, lorsque le clash arrive, on met l’assistant pour finir la saison et on regarde pour trouver la perle rare du côté des entraîneurs à fort pedigree. À ce moment-là, le DG Hnat Domenichelli n’en menait pas large, étant donné les échecs à répétition de son casting. D’ailleurs, certaines personnes – dont je fais partie – n’hésitent pas à dire que c’est la présidente qui a lourdement insisté pour mettre un jeune entraîneur du cru en lieu et place de McSorley. Cet entraîneur n’était autre que notre Gianinazzi, qui faisait des prouesses au sein des juniors élites du HC Lugano. Il faut bien l’admettre, cette décision a été reçue avec une certaine stupeur. Imaginez: « il Grande Lugano » coaché par un jeune homme de 29 ans, impensable…

Inutile de préciser que les critiques ont fusé de toutes parts, allant du manque d’expérience en passant par le look vestimentaire et autres remarques méprisantes. Mais Luca ne se démontra pas, à l’image d’une interview à laquelle il fut convié après le premier derby comme coach (match perdu contre l’ennemi juré Ambri): 20 minutes, oui, 20 minutes, c’est le temps que Luca a accordé à la presse suite à la défaite de son Lugano, calme, posé, sans se démonter, avec confiance et arguments. Force est d’admettre que cela tenait la route…

Aujourd’hui, après une saison convaincante, il a su façonner son équipe, redonner confiance à certains joueurs, et visiblement, il fait l’unanimité auprès de ses stars, chose pas toujours facile, surtout à Lugano. Après avoir tiré les conséquences de son élimination en quart de finale contre Fribourg, il a décidé de muscler son équipe tout en gardant son ADN. On a pu voir les résultats de son mercato d’une manière éclatante lors du match contre Lausanne. Ce Lugano a été particulièrement convaincant, mélange de force physique, d’habilités, avec un plan de match exécuté à la perfection, et le tout avec un état d’esprit remarquable.

Le paradoxe de cette rencontre, c’est que Lugano a joué d’une manière assez similaire à Lausanne lors des derniers playoffs, à n’en pas douter une référence. Mais nous ne sommes qu’au début du championnat, affaire à suivre donc. Après le match, nous avons eu le privilège, avec Laurent Perroton, de nous entretenir avec Luca, et force est d’admettre qu’il fait preuve d’une grande maturité, d’un calme et d’une grande clairvoyance. Il ne s’emballe pas, il est extrêmement déterminé, à l’image de son équipe. À noter aussi que Lugano a fait le choix de faire confiance à deux gardiens suisses, ce qui, encore une fois, est un choix audacieux tout en étant judicieux pour le futur des gardiens suisses.

Et si aujourd’hui Lugano rêve de nouveau d’un futur glorieux, c’est en grande partie grâce à un jeune pizzaïolo et une femme audacieuse. Alors moi, je dis bravo Vicky, il fallait avoir des « corones », n’est-ce pas messieurs

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