Moscou, Christoph Yavkin
Notre collaborateur Christoph Yavkin était en Russie (en dépit des circonstances) entre avril et mai derniers, alors que se disputait la finale des playoffs de la KHL entre le CSKA et le plus significatif des Metallurg.
Au terme de celle-ci, il a eu le privilège de s’entretenir avec le coach du CSKA, Sergeï Fedorov. Avant de découvrir les propos du technicien russe dans le prochain magazine TOP Hockey, petit retour sur la carrière d’un tout grand.

Sergeï Fedorov (prononcez Fyodorov je vous prie) est aujourd’hui le coach du CSKA Moscou, fraîchement et pour la 2ème fois seulement (après 2019) vainqueur de la KHL et donc détenteur de la Coupe Gagarine. Le plus célèbre des clubs moscovites ne fait que rejoindre son adversaire en finale de cette année, la «Magnetka» de l’Oural, le joli diminutif attribué à Magnitogorsk, qui en ambitionnait pour sa part une 3ème, ce qui l’aurait portée à la hauteur de l’AK Bars Kazan, 3 fois vainqueur à ce jour.
Las c’est elle que voilà demeurée à la hauteur du CSKA lequel rejoint Saint-Pétersbourg et le Dinamo Moscou, alors que Ufa (Salavat Ulaev) et Omsk (Avangard) en comptent une chacun.
C’est un fait qui amuse un peu certains connaisseurs russes du hockey russe, Sergeï Fedorov est né près de la frontière avec l’Estonie, Pskov, une cité plutôt médiévale à l’architecture encore brandebourgeoise, absente surtout de toute tradition sérieuse dans le domaine hockeyistique. Avant de rejoindre le CSKA à 17 ans il a d‘ailleurs usé ses premières lames au Dinamo, celui-ci de Minsk, d’avant la scission de 1991 (qui, remarquez, comme son homonyme letton de Riga, est présent dans la KHL depuis sa fondation en 2008, après avoir été éclipsé des championnats de Russie depuis 1993).
Direction le Michigan
Si Bykov et Khomutov avaient répondu à l’offre très originale de Jean Martinet et rejoint Fribourg en 1991, que le défenseur Vyatcheslav Fetisov devenait Diable dans le New Jersey ou que Larionov et Krutov (pour ce dernier une authentique catastrophe !) ne se transportent (comme Pavel Bure peu après eux) sur la côte ouest (Vancouver), ou encore Makarov à Calgary, Sergeï Fedorov avait gagné pour sa part le Michigan et son haut lieu de l’automobile. Autrement dit, le club de Sa Majesté Gordie Howe.
Un roi pour honorer la mémoire d’un autre ! Il y dispute… 13 saisons avant de migrer un peu, à 34 ans, vers Anaheim puis l’Ohio et Columbus et enfin les Capitals où il faisait la paire avec un certain (Aleksandr) Sasha Oveshkin, qui lui rendait 16 ans !
Couleur et noblesse obligent
Lorsqu’on consulte la maturation de Sergeï, on trouve inévitablement de quoi s’émerveiller et s’attarder un brin. Il n’est de surcroît pas question d’un joueur qui serait déjà passé à l’âge d’une légende, le technicien russe n’a aujourd’hui que 52 ans.
Il met donc un terme définitif à sa carrière active, il y a 10 ans à Magnitogorsk (!), de retour de ses 18 saisons en Amérique du Nord. Où il aura donc contribué au fuselage du plus beau modèle des bien-nommés Red Wings. Non qu’il ait été un ailier (wing) mais en référence bien sûr au rouge de l’Union soviétique.
Un joueur imprévisible
Une union à laquelle il a pu goûter très particulièrement lorsqu’il a été rejoint à Detroit par «The Professor» Igor Larionov quelques années plus tard et durant 5 saisons et… 3 titres ! Deux de celles-ci et pour deux des trois consécrations, voient le duo être complété par un Viatcheslav Fetysov, venu de New Jersey et certes en toute fin de carrière mais… et on peut s’arrêter à ce mais !
Enfin, avec Dmitri Mironov et Yan Golubovsky (défenseurs) et encore Vytcheslav Kozlov dans ses rangs, qui pourrait nier que les Red Wings aient été la plus russe des équipes américaines ?! Où brillaient aussi, soit dit en passant, des Brendan Shanahan ou leur aîné Steve Yzerman, aussi centre que l’a été Fedorov.
Club des 1’000
Élégant, racé, smart résume(rai)nt les anglophones, le russe était un monstre de concentration, dont l’empreinte était perceptible parmi les autres trios d’attaque. C’est qu’en matière de prestance, il y avait de quoi. Son influence sur le jeu ne trompait pas.
De plus, il savait à merveille se fondre dans ce collectif à 80% canadien sur sol US. Jusqu’à se faire oublier ce qui était un must et le rendait imprévisible. Il est par ailleurs le 1er joueur russe à savoir atteint plus de 1’000 points dans la NHL, marque atteinte durant son (bref) séjour chez les Ducks californiens.
Deux fois champion du monde à 20 ans d’intervalle
Paradoxalement, Fedorov n’a remporté que deux championnats du monde, à 20 ans (!) d’intervalle, ceux de 1989 en quasi-rookie où il réalisa autant de points que celui de 2008 (Québec & Halifax). Deux médailles, mais d’argent et bronze seulement, lors des deux J.O. auxquels il a participé. Ce «peu» s’explique très simplement par le fait qu’il ait été systématiquement empêché d’y prendre part, dès lors qu’engagé à chaque fois dans les playoffs avec son club.
Le chapitre de joueur refermé, Sergeï s’est instantanément réinvesti dans «son» CSKA. Il y a occupé le poste de manager général durant 5 ans, s’est consacré à d’autres activités durant 4 autres et le voilà fraîchement Head Coach de l’équipe, avec notamment pour assistant un des «Messieurs… Magnitogorsk !», le kazakh Yevgeni Koreshkov.
L’autre c’est un autre Sergeï, Mozyakin bien sûr. Un premier exercice à ce poste pour l’inoubliable pare-chocs de Detroit et un premier titre dans une finale lunaire.
Suivez l’entretien complet de Christoph Yavkin avec Sergei Fedorov dans Top Hockey Magazine No 303.