Par Philippe Ducarroz
L’annonce du départ immédiat de Christian Dubé des vestiaires de Fribourg-Gottéron – après avoir déjà quitté il y a quelques mois les bureaux directoriaux – a provoqué une onde de choc à Fribourg et environs. Voire largement plus loin. Affublé de la double casquette de coach et directeur technique ce même 27 mai… 2023, voici l’homme fort des Dragons sans aucune fonction connue au sein du club une année plus tard. Malgré un contrat encore valable.
Le constat peut surprendre, surtout si l’on se souvient que dans un article du site watson.ch/de, habituellement bien renseigné, papier repris sans autre vérification par d’autres sites internet, le président du club fribourgeois Hubert Waeber avait confirmé le 13 mai dernier que Dubé serait encore à la barre pour la saison 2024/25. Et certains de nos détracteurs qui n’apprécient guère parfois notre ton irrévérencieux (pas seulement des fans qui ont une dent contre nous, mais aussi des… confrères!) se sont étonnés que nous n’ayons pas relayé l’information.
Si nous ne l’avons pas fait, c’est que le chapitre Christian Dubé à la tête du club ne nous semblait pas clos. Et nous avons aussi, par expérience, appris à ne pas forcément nous jeter sur un propos présidentiel. Remarquez: il y a deux semaines, quand Hubert Waeber s’est permis cette confidence, peut-être lui-même y croyait vraiment. La preuve aussi que l’on a beau passer des heures, des jours, des nuits dans les couloirs de la BCF Arena, le ressenti n’est pas forcément le bon.
C’est la raison pour laquelle, au contact avec une certaine (autre) réalité du terrain, nous nous sommes abstenus de confirmer Dubé à son poste dans nos colonnes. N’oublions pas que ce que dit un joueur la cantonade n’est pas forcément le même discours dans le privé d’une discussion hors-micro ou caméra.
Lors des entretiens entre les joueurs et la direction depuis l’élimination du club par le LHC, et surtout rassurés par le fait que le patron plénipotentiaire Dubé n’avait plus tout à fait le même «pouvoir» sur eux, certains joueurs se sont montrés bavards. Et le club est arrivé à la conclusion que le coach avait (ou allait être) été lâché par son vestiaire. D’où la solution un peu boiteuse communiquée aujourd’hui.
De notre côté, nous pensions aussi que la décision de «libérer» Dubé avait aussi une cause familiale. En début de saison, celui-ci nous avait confirmé qu’il avait décidé désormais de mettre la priorité sur le développement de ses fils, très prometteurs. Et s’ils avaient la possibilité d’intégrer une ligue intéressante en Amérique du Nord, il reparterait avec eux illico au Canada. Rumeur?
Nous avons contacté ce soir Christian Dubé, sa réponse est claire: «Mon fils n a absolument rien à faire là-dedans. La décision vient du club. Point final.»
C’est donc Gottéron dans son ensemble (Gerd Zenhäusern utilise systématiquement le «nous» quand il commente une décision) qui a pris la décision de se passer de Dubé. Avec tous les risques que cela comporte. Il ne fallait pas non plus s’attendre à une solution «d’un commun accord», le coach n’a aucun intérêt à faire ce genre de concession à l’heure où le club lui doit encore une année de contrat.
Pat Émond, lorsqu’il sera de retour du Canada, chaussera donc les patins de celui qui était son patron. S’il fallait trouver un remplaçant à Dubé, le choix nous semble correct. Mais les Fribourgeois se mettent déjà dans la difficulté en parlant d’un intérim d’une année: imaginez une super-saison de Gottéron 2024/25, dans quelle ambiance Roger Rönnberg débarquera-t-il en 2025/26?
Remarquez, une belle saison ne vous garantit plus votre poste. La dernière preuve en date? Ben… Christian Dubé qui a amené Gottéron à la 2e place de la saison régulière et jusqu’au 5e match de la demi-finale des playoffs. J’dis ça, j’dis rien!