La Hongrie a pris le Kazakhstan au dépourvu pour remporter sa première victoire de la compétition. Après deux lourdes défaites lors de leurs deux premiers matchs, les Magyars ont démarré la rencontre à l’heure. Un but de Janos Hari après 15 secondes, puis un autre 14 secondes après le début de la troisième période, ont posé les bases d’une victoire 4-2. Hari a terminé avec 3 points (1+2), le meilleur résultat en un match pour un joueur hongrois à ce niveau depuis… 1939. Le jeune attaquant Doman Szongoth a réalisé une passe décisive, une distinction rare pour un joueur de 16 ans. Les buts d’Istvan Terbocs, Vilmos Gallo et Peter Vincze ont assuré la première victoire en temps réglementaire de la Hongrie depuis 2016.
Voilà plantée la scène d’une victoire saluée comme il se doit à Budapest et environs. «C’est un sentiment incroyable», a déclaré l’attaquant hongrois Csanard Erdely. «Ces trois points sont énormes pour nous.» La Hongrie n’avait plus mené au score en temps réglementaire lors d’un championnat du monde de l’IIHF depuis sa victoire 5-2 contre la Biélorussie en 2016. La génération qui se profile devrait lui valoir quelques belles satisfactions. «C’est énorme pour le hockey hongrois que nous formions des joueurs capables d’émerger aussi tôt», a déclaré l’entraîneur Gallo à propos de la jeunesse de son effectif cette année. «Nous voulons aussi les voir réussir à l’étranger, comme en Finlande ou dans les autres pays où ils jouent. C’est une bonne chose pour nous, avec tous ces joueurs, d’avoir des leaders qui donnent le ton en Hongrie et leur transmettent notre culture. Et bien sûr, notre cœur est toujours hongrois.»
Entre régimes, crises et reconstructions
À première vue, la Hongrie n’est pas un pays qu’on associe spontanément au hockey sur glace. Et pourtant, ce sport y a pris racine dès les années 1920, porté par une poignée de passionnés. Depuis, le hockey hongrois a traversé régimes, crises et reconstructions, pour se faire aujourd’hui une place respectable dans le paysage européen. Tout commence à Budapest en 1927 avec la création de la fédération hongroise. Dès l’année suivante, l’équipe nationale participe aux Jeux olympiques d’hiver. Influencée par les modèles autrichien et tchécoslovaque, la Hongrie intègre rapidement les compétitions internationales, mais reste en fond de classement.
Après la Seconde Guerre mondiale, le hockey survit tant bien que mal dans une Hongrie communiste qui investit peu dans ce sport. Quelques clubs mythiques comme Ferencváros ou Újpest assurent le spectacle, mais les infrastructures restent limitées, et le développement est freiné.m Avec la chute du Rideau de fer, tout change. Des entraîneurs étrangers arrivent, des patinoires modernes sont construites, les jeunes hongrois découvrent la NHL. Le grand moment arrive en 2008, quand la Hongrie accède à l’élite du Championnat du monde pour la première fois depuis 1939. Une montée historique, bien que de courte durée.
Une stratégie d’ouverture
Depuis les années 2010, le hockey hongrois s’organise. Des clubs comme Fehérvár AV19 évoluent dans des ligues internationales (ICEHL), et la Erste Liga, à cheval sur la Hongrie et la Roumanie, dynamise la compétition. Le pays mise aussi sur la formation des jeunes, avec des résultats encourageants. Si la Hongrie alterne encore entre montée et descente au niveau mondial, elle a prouvé qu’elle pouvait rivaliser, ne serait-ce que ponctuellement, avec des nations plus établies. Des joueurs comme Levente Szuper ou János Vas ont ouvert la voie, certains ayant même touché à la NHL. Le hockey hongrois doit encore relever plusieurs défis: renforcer ses structures, fidéliser son public, et surtout se maintenir durablement dans l’élite. Mais avec une base de plus en plus solide, une passion réelle et une stratégie tournée vers l’avenir, la glace hongroise n’a pas dit son dernier mot. À vérifier encore une fois lors de sa prochaine sortie à Herning, ce sera contre la Tchéquie, demain à 20h20.
