Par Philippe Ducarroz
Deux visions très différentes des débuts de l’équipe de Suisse sont possibles: le double succès lui permettant d’afficher fièrement six points… ou la performance très quelconque et difficilement explicable d’hier contre l’Autriche après une entrée en matière correcte face à la Norvège.
On passera sur le début de match qui vit la Suisse subir les assauts d’Autrichiens sur-motivés, mais plusieurs décisions ont été prises par Patrick Fischer, nous laissant croire qu’il n’est pas très satisfait de la tournure des évènements. Inutile de chercher une déclaration fracassante de sa part, il préserve son équipe. On doit donc se remémorer ses décisions durant le match pour comprendre son ressenti.
Le plus simple d’abord: le remplacement de Reto Berra par Akira Schmid après deux-tiers. Certes, le gardien de Gottéron a sans doute été gêné par une douleur à la nuque, mais sa prestation n’avait rien de très folichonne avec un 66,7% d’arrêts, soit très loin de ses standards. Pour Schmid, Fischer a préféré retenir un arrêt de grande classe (55e) plutôt que quelques hésitations compréhensibles pour une grande première en cours de match. Et un 5-5 sur lequel il n’est guère à son avantage…
Nico Hischier résumait bien l’état d’esprit général au terme de la rencontre. «C’était tout sauf un match parfait. Nous avons été dépassés dans le premier tiers-temps. Malgré cela, nous avons réussi à nous ressaisir et à revenir. Les spectateurs ne se sont certainement pas ennuyés». C’est vrai, le match a tenu en haleine le public. Parce que les Autrichiens ont essayé de gagner ce «derby» en profitant d’une défensive helvétique pas à son affaire, et parce que la Suisse a dû s’employer pour éviter un gros camouflet.
«Un oeil au beurre noir»
Clairement, c’est au niveau défensif que le coach n’a pas aimé certaines choses. Michael Fora en a fait les frais en se retrouvant très vite en bout de banc, suivi peu après de Sven Jung, introduit dans la journée dans le contingent helvétique. Plus globalement, le fait d’encaisser cinq buts contre l’Autriche n’est pas admissible pour la Nati: depuis plus de 30 ans, la Suisse n’en avait jamais encaissé plus de quatre. Quant au jeu en infériorité numérique, on peut imaginer qu’il va préoccuper Fischer lors de l’entraînement léger de ce matin.
Christian Marti, le défenseur zurichois qui a obtenu par les poils (on l’espère) sa sélection après des playoffs décevants ne pouvait qu’aller dans ce sens: «Aujourd’hui, nous nous en sommes sortis avec un œil au beurre noir. Nous avons pris les trois points, mais il y aura matière à discussion pour la réunion de ce soir et de demain. (…) Il y a beaucoup de choses à apprendre, à discuter et à améliorer au prochain match.». Et Marti d’asséner une dernière vérité: «Pour eux, c’est le septième match en permanence, et nous devons également faire preuve de la même intensité».
Pas le choix si cette Suisse-là veut confirmer sa dernière victoire contre la Tchéquie, ce soir. Cette Suisse quelconque a donc été sauvée par ses deux leaders Nico Hischier (3 buts) et Roman Josi (4 points). Avec l’ajout de Kevin Fiala, le comportement offensif a fière allure désormais. Mais il serait faux de croire que les attaquants helvétiques feront toujours la différence.
