Par Philippe Ducarroz & Laurent Perroton
Que dire, que dire… Ce Ajoie-Lausanne première mouture de la saison n’a pas soulevé un grand enthousiasme. Ça, c’est pour le goût de travail inachevé ressenti en fin de match par les 4’389 spectateurs de la Raiffeisen Arena. Car il faut bien le dire: de ce jeu haché truffé d’erreurs individuelles, on a recherché vainement quelques motifs de satisfaction, on n’en a pas trouvé des tonnes au niveau du collectif. À part peut-être le très bon bilan des Jurassiens en boxplay: 10:35 d’infériorité numérique, bien maîtrisées par un HCA solidaire. De quoi (re)mettre en avant la faiblesse du LHC lors des situations spéciales. Refrain connu.
Pour le reste, petit match avec deux équipes en manque de confiance flagrant, néanmoins une grosse domination du Lausanne HC (49 tirs cadrés contre 24) qui a eu la mauvaise idée de laisser croire à Ajoie qu’il était possible de grappiller l’un ou l’autre point en raison des pénalités accordées aux 25e et 30e minutes alors que le score était de 1 à 1.
Mais cette victoire lausannoise est parfaitement méritée et quelques individualités (à défaut de collectif) ont eu un comportement remarquable. À commencer par Jiri Sekac, très remuant et usant à bon escient de son potentiel physique. À relever également la créativité d’un Théo Rochette qui commence aussi gentiment à trouver ses marques lors des face-offs (61,5% hier). Pour sa rentrée, Andrea Glauser (un peu plus de 15′ de jeu) a été bon. Enfin, un petit bémol: Antti Suomela est un joueur extraordinaire, mais à force de vouloir être au four et au moulin, il s’épuise. Avec 8 tirs cadré (mais 0 point) et un pourcentage négatif aux engagements, sa soirée-statistique n’est pas exceptionnelle pour presque 21′ de temps de glace (le plus important de l’équipe!).
Lausanne et son repli défensif
Il faut enfin rechercher les raisons du court succès vaudois dans l’excellence de son repli défensif, empêchant Ajoie de rentrer dans sa zone en contrôle avec le puck. De ce fait, le LHC a accordé un minimum de surnombres en déployant une bonne agressivité. Cela a donc suffit pour gagner à Porrentruy. Évidemment, dans les motifs du 9e revers jurassien sur le 11 derniers matchs, il y a un évènement qu’on ne peut escamoter: la grosse, très grosse charge d’Éric Gelinas qui a envoyé Ken Jäger au tapis après un peu plus d’une minute de jeu. Une horreur à regarder qui suscitera encore pas mal de commentaires.
Le coude est allé trop haut, il n’est pas normal que la victime retombe lourdement sans son casque. Mais cette séquence, beaucoup plus habituelle outre-Atlantique, met surtout en évidence le fait que dans un match aussi tendu avec des joueurs conditionnés pour gagner par (presque) tous les moyens, certains éléments ne sont pas prêts à affronter des routiniers du style Gélinas. En Suisse, il est certain que les joueurs ne sont pas formés à également se… protéger. Jouer sans égards pour l’environnement ambiant est suicidaire. Pas de quoi excuser le Canadien qui ne jouera pas ce soir à Zoug, suspendu provisoirement avant… une sanction sans doute sévère.
Ajoie jouera donc ce soir avec Guillaume Asselin, relégué hier soir en tribune. À lui de jouer sa carte par rapport, par exemple, à un Daniel Audette auteur d’un bon début de match, mais qui s’est ensuite égaré dans de mauvais choix avant de terminer la soirée à -2. Avec Gélinas en moins, Christian Wohlwend devra encore composer défensivement avec T.J. Brennan. Une bonne nouvelle? Pas forcément, l’arrière a été à côté de la plaque hier soir dans sa gestion du puck.
On ne manquera toutefois pas de mettre en évidence deux noms côté ajoulot pour relever le très bon match de Joël Scheidegger et la brillante prestation dans la cage de Damiano Ciaccio (47 tirs repoussés, 95,2% d’arrêts).