Pas d’euphorie particulière dans les travées de la Vaudoise aréna, pas de déception trop marquée non plus. Un peu comme si l’évènement avait accouché d’une évidence. Lausanne est en finale, Gottéron en vacances, à vrai dire peu de voix oseront contester le verdict. Sans doute un peu tôt quelques minutes après le match aussi pour les joueurs que de se plonger dans de longues analyses. Pour ce samedi soir, on se contentera du ressenti.
Dans le camp lausannois, on oscillait entre satisfaction du devoir accompli et soulagement. Devant les micros des radios et télévisions et un parterre de journalistes, Théo Rochette n’était pas le moins sollicité. Mais que s’est-il passé à Lausanne depuis la défaite de l’Acte IV et un retour aux affaires qui semblait très compliqué? «Je pense qu’on savait qu’on ne jouait pas notre meilleur hockey, on avait beaucoup de choses à améliorer. On avait trouvé les moyens de gagner lors du premier tour contre Langnau, mais là ça ne suffisait pas. On a donc joué d’une autre façon, on a tout donné. Ça s’est fait au caractère.»
Joël Genazzi, lui, pense que l’aspect psychologique a été déterminant: «Je pense que ça s’est joué dans la tête… et grâce à Kevin Pasche. Dès qu’on a perdu le 4e match, on a vu des visages fribourgeois, pas seulement des joueurs, un peu trop contents. Pour nous ce n’était pas encore fini, les matchs étaient tellement serrés. Dans la tête on est devenus des machines, Pasche a ressorti un gros niveau de jeu, on a réussi à mettre les buts dans les moments-clés. On savait qu’on allait gagner ce soir, c’était dans la tête.» Par contre, Lausanne aura laissé des forces dans la bataille justement. Quatorze matchs et pas mal de prolongations contre dix pour Zurich, on peut se demander où en est la jauge de l’énergie côté vaudois: «Qu’importe où elle est. On va toujours aller puiser dans nos forces pour trouver des façons de gagner. C’est à nous de faire le job pour la récupération», reprend encore Rochette.
Fiévreux le matin du match, Antti Suomela allait néanmoins devenir l’homme de la qualification. Sous son impulsion, Lausanne s’est mis hors de portée des Fribourgeois. «C’est génial de pouvoir encore jouer au hockey à cette période de l’année. Nous avons droit à un match revanche de la finale de la saison dernière, c’est une bonne chose. Mais je n’ai pas encore pensé à la finale, je profite d’abord de cette victoire et je me concentrerai demain sur la nouvelle tâche.» «Les fans nous donnent tellement d’énergie à domicile que j’espère qu’on puisse continuer à gagner des matches», souligne Suomela. «C’était une très bonne série, les matchs étaient serrés. Nous n’avons jamais abandonné et nous sommes revenus. Nous méritons cette victoire. J’essaie de donner le meilleur de moi-même chaque soir et je suis content que ça ait marché aujourd’hui. Maintenant, nous avons hâte de prendre notre revanche contre Zurich.»
Fribourg frustré
Devant l’autre vestiaire, Julien Sprunger essayait d’expliquer cette occasion ratée de voir Gottéron se qualifier pour sa cinquième finale: «On prend à nouveau une pénalité en tout début de match, on est un peu fébrile en boxplay et on encaisse ce premier goal qui est tellement important dans un match No 7… On a fait un excellent 2e tiers et on prend deux goals un peu contre le cours du jeu… Voilà: quand tu ne marques pas et que tu laisses les autres marquer, c’est difficile de gagner. Ce soir, les Lausannois sont allés la chercher cette victoire, ils l’ont méritée.» Et le capitaine de reprendre: «En prenant un peu de recul, on peut être fiers de nous. Nous avons démontré une force de caractère, une cohésion, une solidarité de tous les instants. C’était incroyable cette Spengler et cette fin de saison. Pour les playoffs, on a perdu tellement de joueurs importants et on est quand même tout près de passer en finale. Il y a énormément de choses à prendre pour construire le futur.»
Après son dernier match en tant qu’entraîneur en chef du HC Fribourg-Gottéron, Lars Leuenberger, ne pouvait cacher sa déception. Sa fierté, il l’exprimera plus tard: «Ce fut un voyage cool. Depuis Noël, nous avons eu une série incroyable. Nous avons remporté la Coupe Spengler et nous sommes glissés dans le top six, nous avons battu le troisième et nous étions si près de battre le premier. Comme je l’ai dit, ça finira par arriver, mais c’est encore difficile maintenant.»
Le mot de la fin pour le président Hubert Waeber. «Bon, je suis très très déçu parce que nous avons été très proches d’aller en finale. Maintenant, après notre mauvais début de saison, personne n’aurait dit à Noël que nous nous retrouverions là aujourd’hui. Ce soir, j’ai vu une équipe qui a tout donné, ils ont travaillé comme des fous, mais malheureusement la chance n’était pas de notre côté. On a dit qu’on voulait être dans les six premiers, on y est arrivés. On a dit qu’on voulait aller en finale de la Coupe Sengler, on l’a gagnée! On est arrivés presqu’en finale… Donc, content dans l’ensemble, un peu mitigé mitigé, on veut aller plus loin l’année prochaine.»