Par Christoph Yavkin
La dernière manche des play-in se disputera ce soir à Kloten entre le club local et Ambrì-Piotta. Les play-in? Une compétition très particulière, à mi-chemin entre playoffs et matchs à élimination directe, un compromis qui soulage le calendrier et qui rend chaque rencontre décisive. Ainsi, aujourd’hui, Kloten sait qu’il peut se contenter d’un match nul sur sa patinoire. Pour se qualifier, les Tessinois devront marquer deux buts de plus que leurs opposants. Voici qui change parfois la donne quant à la charge émotionnelle ressentie par les acteurs. Et il y ceux qui s’en sortent mieux que d’autres. Voici ceux qui, pour l’heure, méritent la citation.
LUCAS BOLTSHAUSER (SCL TIGERS)
Stéphane Charlin l’avait affirmé dans l’entretien paru le 17 février dernier, le portier zurichois d’origine est un exemple d’humilité et de générosité. Littéralement gommé durant la saison par son benjamin, mais sans jamais d’amertume, il a dû intervenir au sommet de la forme exceptionnelle et en raison de la mésaventure de ce dernier en fin de saison régulière et a assuré, rassuré et principalement… démenti les dubitatifs. Excellent durant ces deux rencontres de play-in et de surcroît profondément malchanceux sur 2 des 3 buts reçus en tout.
VILI SAARIJÄRVI (SCL TIGERS)
Le chevelu Günter Netzer des patinoires, Sami Niku (Kloten)? Que non, pour quelques poussières de talent seulement, pour une virgule, plutôt son compatriote équilibriste, Vili Saarijärvi. Où qu’il se trouve, rôde un danger. Filiforme, très mobile, créatif et alternatif, il est un pourvoyeur offensif avant d’être irréprochable défensivement (-7 sur la saison). Mais selon que les circonstances et le verrou soient au point, on ne saurait lui en vouloir! La qualité et la percussion de ses passes et de son tir sont au top. On peine à comprendre qu’il quitte Langnau et son très proche ami Aleksi Saarela (tous les deux viennent d’être pères à quelques semaines d’intervalles) pour Genève, où son champ sera sans doute plus réduit.
JUUSO RIIKOLA (SCL TIGERS)
Seigneurial, il incarne modestie, calme et sobriété absolue, bref, il est irremplaçable. Un leader absolu, à l’image de son capitaine Harri Pesonen et en attendant… Hannes Björninen. Demandez peut-être à Antti Suomela et Ahti Oksanen ou encore l’entraîneur de Bienne Martin Filander, qui le côtoyaient en Suède et Oskarshamn avant leurs arrivées en Suisse, leur opinion au sujet du natif de la lointaine Joensuu, sur la frontière russe.
NICKLAS JENSEN (SC RAPPERSWIL-JONA LAKERS)
Le Dano-Canadien, durant deux pénibles saisons gêné par d’ennuyeuses blessures, sait tout faire. On ne le dira jamais assez. Il restera le dindon malheureux des play-in! Après avoir permis à son équipe de les atteindre in-extremis et en avoir privé Genève-Servette pour 50 secondes, il réédite le coup à domicile, signant un 3-1 qui semble rédhibitoire dans l’acte 2, à 5 minutes du terme. Las, Chris Di Domenico (réd.: voir plus loin) ruinera le plaisir de l’ex-artiste et joyau des Jokerit (littéralement les Fous du Roi), durant cinq saisons continues de KHL avant le retrait du club finlandais.
SEAN MALONE (SCL TIGERS)
Avec Simon Ryfors à Davos, le plus sous-estimé des étrangers de notre championnat, un Monsieur Face-offs d’une régularité métronomique (65-70% de moyenne). Centre rigoureusement naturel, revenu d’une grave blessure en octobre et n’ayant joué que 39 matches de la qualification, le très dur au mal citoyen de Buffalo réalise néanmoins 30 points et affiche un bilan de + 15 qui en dit long. Avec sa subtile déviation pour le 3ème but de Langnau (sur un envoi canon de… Saarijärvi) mardi dernier, il avait entrebâillé de surcroît définitivement la porte d’un quart de finale aux emmentalois.
CHRISTOPHER DI DOMENICO (AMBRI-PIOTTA)
Lui ériger une stèle en Léventine. Apparu en cours d’exercice, de Fribourg avec un drôle de sourire, il a conduit le très instable collectif de Luca Cereda au seuil des playoffs en quelques coups de cuillère à pot, se payant le luxe de bonifier à la fois tant Dominik Kubalik que Philippe Maillet. Impayable, car décidément, encore et toujours capable de tout, et ce, sans un moindre leadership. À cette échelle et à 36 ans, c’en est presque impressionnant pour l’Europe. A pourtant bien failli gâcher son bilan (encore ouvert jusqu’à lundi) samedi dernier: très lourdement coupable sur l’égalisation zurichoise à 1-1.
COACH : LAURI MARJAMÄKI (KLOTEN)
Les départager est très difficile. La maîtrise démontrée par Thierry Paterlini dans la conduite de ses tigres est magistrale. On accordera pour la semaine vécue, un tout petit avantage au tout aussi jeune technicien finlandais des Aviateurs. Certes il a le joyau Niku et a été l’heureux bénéficiaire de la réunification du trio Altonen (jusqu’à Nouvel-an)-Audette–Ojamäki, qui avait excellé dans la grande banlieue de Moscou (Vityaz Podolsk) en KHL. Mais il ne disposait pas d’un banc suisse d’une valeur supérieure à celle d’un Langnau. Dès lors, pour une absolue première hors de ses frontières, comme son homologue, il a néanmoins frôlé une qualification directe pour les play-offs avec un effectif qui expédiait les uns comme les autres en playout, selon 9 de 10 spécialistes avant la saison! Il est assez similaire au génial coach national Jukka Jalonen et on observera qu’il a côtoyé et dirigé… Nicklas Jensen durant les quatre ans passés aux Jokerit.