En rédaction
PHILIPPE DUCARROZ – Nicolas Wälchli (photo)
Deux weekends et une semaine complète de compétition ont permis de découvrir les contingents nouveaux des clubs de l’élite. Bon, pas toujours complets, mais déjà suffisamment armés pour pouvoir se faire une petite idée des options recherchées par le technicien en chef.
EHC Biel-Bienne
Et quand on parle de technicien en chef, on a (un peu) vu Petri Matikainen à la tête des Biennois. Sans doute le poste le plus empli d’interrogations de toute la Ligue, tant le remplacement d’Antti Törvänen semble délicat. On laissera donc un peu de temps aux Seelandais. Leurs deux premières rencontres se sont soldées par deux revers (1-2 à Rapperswil, 2-5 à Langnau), les trois buts biennois ont été marqués par Liekit Reichle, Ville Pokka et Toni Rajala.
Doit-on déjà se faire du souci? Pas le moins du monde. Il y a douze mois, les Biennois n’avaient pas remporté le moindre match de préparation face à une équipe de l’élite (Berlin, Augsburg, Fribourg, Berne, Ajoie, Ambrì, Lugano), devant se contenter de deux succès peu convaincants contre des clubs de Swiss League (La Chaux-de-Fonds, Langenthal)… avant de se qualifier pour la finale du championnat et disputer jusqu’au bout le titre national à Genève-Servette.
On a peu de points de repères pour l’instant. Quelques jeunes sont arrivés et Bienne a déjà prouvé qu’il savait les faire progresser. Finalement, c’est bien au niveau du coaching-staff que l’on situe le plus de points d’interrogations.
Genève-Servette HC
Le champion de Suisse, justement, qui sort des Hockeyades avec une première victoire « sérieuse » dans la poche. L’équipe de Jan Cadieux s’était d’abord autorisée un galop d’entraînement à Fleurier pour sa première sortie de la saison face à La Chaux-de-Fonds (champion de 2ème division)… sans ses étrangers, mais s’était tout de même imposé 1-0 sur une réussite de Marc-Antoine Pouliot.
Ce vendredi au Sentier, les Aigles ont survolé les débats face à Vitkovice. Avec un superbe Sakari Manninen (2 buts) à la distribution, les Genevois ont paru bien sur leurs patins, les nouveaux-venus se mettant rapidement dans le bain. Ne manquait à l’appel que Teemu Hartikainen et qui, lorsqu’il fera équipe avec Manninen, se souviendra de son bon temps passé à ses côtés en KHL. Adversaires, vous pouvez trembler!
Car Genève n’est pas resté totalement inactif durant l’été en rapatriant, par exemple, Guillaume Maillard. Bon, un peu à l’exemple d’Alessio Bertaggia la saison passée, il semble devoir acquérir la confiance de son entraîneur car son utilisation face à Vitkovice a été assez minimale. Theodor Lennström, lui, fait beaucoup penser à… Johan Fransson, excusez du peu. Il faudra bien ça pour ne pas souffrir de la perte d’Henrik Tömmernes. Stabilité dans l’effectif, mais aussi dans les performances de fin de saison? Réussir le doublé est toujours une sacrée gageure…
Fribourg-Gottéron
Deux matchs et deux victoires pour les Fribourgeois depuis le début de la préparation. Un 3-0 peu significatif face au club-partenaire Thurgau, un succès plus consistant devant Vitkovice (4-1) à la Vallée de Joux avec la découverte d’un trio Lucas Wallmark–Marcus Sörensen–Dominik Binias qui nous a plu.
L’autre grand enseignement? Que le retour de Chris DiDomenico dans la bande à Christian Dubé a permis à ce dernier de replacer Killian Mottet avec le Canadien. Les deux hommes se sentent bien et la méthode du passé pourrait représenter une solution du futur, notamment dans le jeu de puissance.
Enfin, le Suédois Andreas Borgman en défense est meilleur que Jussi Vainio. Que ce soit défensivement, mais aussi sur l’aspect offensif, Borgman va apporter un « plus » incontestable. Un vrai blueliner aussi qui permettrait à Gottéron d’avoir deux vraies estafettes spéciales d’égale valeur. Bref, peu de changement à Fribourg, mais un effectif qui permettra peut-être de ne pas regretter perpétuellement David Desharnais.
Lausanne HC
Christian Djoos, Lawrence Pilut, Antti Suomela, Théo Rochette et Connor Hughes. Ce sont les acquisitions majeures lausannoises de l’intersaison. Auxquelles vous pouvez rajouter Kevin Pasche le portier et Matthias Mémeteau (ex-HCV Martigny). De gros transferts, donc. Mais comme le rajoute de façon un peu provocatrice notre consultant Laurent Perroton, «Les meilleurs transferts ce sont ceux des joueurs qui ont quitté le club!». Comme quoi le partenariat avec Martigny a du bon.
Et c’est vrai: le fait d’envoyer moins de monde en tribune permettra de mieux gérer l’équilibre de l’équipe. Et avec enfin deux défenseurs étrangers: un offensif et un capable de gagner des duels. Lausanne est une équipe capable de mettre du rythme, comme elle l’a fait contre Rapperswil (4-1) et même à Viège (2-1) où l’étroitesse du score est assez trompeuse face à une future grosse équipe de Swiss League.
Sur les six buts marqués pour l’heure, cinq l’ont été par un import (+ Jason Fuchs). Robin Kovacs pour l’instant a joué le rôle de « M. 33% » des réussites vaudoises. Bremerhaven (GER), Jukurit (FIN), Liberec (CZE) et Kloten permettront encore de découvrir un effectif qu’on espère cette fois-ci éloigné de toutes polémiques qui ont pourri l’ambiance l’an passé.
HC Ajoie
Les Jurassiens sont les seuls à aligner une escouade étrangère uniquement nord-américaine. Donc pas de grande surprise sur ce que l’on a vu à la Vallée de Joux. S’il fallait parler de sujet d’étonnement, c’est bien au niveau de la productivité que l’on se tournera. En deux matchs face à Frankfurt (GER) et Vitkovice (CZE), les Ajoulots ont marqué douze fois (deux fois par Frédérik Gauthier, Philip-Michael Devos, Jonathan Hazen, une fois par Guillaume Asselin, Daniel Audette et T.J. Brennan). Donc 75% de la production offensive de l’équipe.
Par contre, manquait encore à l’appel pour ces deux premiers l’arrière canadien et transfuge bernois Eric Gelinas, un élément qui sera essentiel pour une formation qui a étonnamment bien tenu le coup derrière cette semaine. Mais Christian Wohlwend peut arborer un sourire entendu: visiblement, le nouveau coach a retrouvé le plaisir d’être à la bande.
C’est tout bonus pour un HC Ajoie qui a réussi son recrutement. Avec Jannik Fischer (ex-Ambrì), c’est un gain d’intensité physique, Valentin Pilet on connait depuis 2019/20 et confime déjà une certaine progression et surtout Gelinas. Ça nous donne trois arrières solides capables de s’en sortir de ses longues périodes de pression adverse dans leur propre zone comme on l’avait trop vu l’an passé. Avec Adam Runqvist à la première passe encore, c’est aussi la supériorité numérique qui s’en trouve bonifiée.
À l’offensive, Audette est arrivé et a des choses à prouver. Il l’a déjà fait en étant associé à Asselin et Gauthier sur les phases de supériorité numérique. Julien Vauclair a donc fait du bon travail durant l’intersaison. On peut prévoir un peu plus de constance de la part des Jurassiens.