NATIONAL LEAGUE – Serrée comme jamais, langueur de circonstance?

NATIONAL LEAGUE – Serrée comme jamais, langueur de circonstance?

Illustration: PH

Aussi modeste soit-il, un sixième seulement de notre championnat de NL apporte déjà son lot d’informations, d’utiles à déterminantes. Ainsi, comme attendu, la compétition est, presque superlativement, serrée! Huit équipes ne sont séparées que de sept points, onze de huit seulement. Il faut par ailleurs rendre attentif à la situation buissonnière du GSHC, ses deux matches en retard, et surtout, contraint à disputer ses sept premiers à l’extérieur en raison des travaux aux Vernets.

Les troubles sous le Fritz des Rangiers

Un premier aspect concerne tout naturellement le 14ème, le HCA. Pour les Jurassiens, rien de véritablement surprenant. Ainsi que relevé dans la vision d’ensemble du 3 septembre dernier (lien renvoyant à l’article <<<), les interrogations, déjà fort nombreuses à l’échelle du pays quant aux diverses mutations, les concernaient très spécifiquement. Ajoie importait certes, les deux meilleurs compteurs de la Liiga finlandaise (!) mais, d’une part, ceux-ci sont deux des cinq absolus newbies hors de leur pays et d’autre part, l’opération provoquait une transformation radicale dans les tendances résolument orientées Canada du club. Et last but not least, dégarnissait et péjorait une défense dans laquelle le mercenaire restant, T.J. Brennan, sans aucune désobligeance envers ses qualités, est vieillissant (il approche les 36 ans), est résolument offensif et donc, pas (ou plus) souverain.

Le procédé n’était en lui-même pas insensé, dès lors que deux Finlandais se tiennent derrière Christian Wohlwend, le légendaire Petteri Nummelin depuis trois ans et l’ancien attaquant du LHC Juha-Pekka Hytönen en«Suomi-bonus» cette saison. Mais un challenge indubitablement à (très) haut risque. Le coach déjà et inévitablement sur un siège éjectable et encore un rien en sursis, on s’est tourné vers un 2ème défenseur étranger… finlandais, Kristian Näkyvä, la saison dernière à Davos. Arrivé à l’essai, ce dernier n’a donc pas été conservé en raison d’un genou encore en délicatesse. Raté donc pour ce qui est du plus urgent, mais Ajoie a immédiatement réagi: bienvenue Anttoni Honka. Car entre temps, du côté de l’attaque et à la faveur d’un 1er succès face à Kloten, Jerry Turkulainen a indiscutablement matérialisé de belles sensations!

L’autre piste envisagée, celle d’un nouvel attaquant… canadien, ne doit assurément pas être la priorité. Mais avant tout, conserver sérénité et lucidité, dans le contexte, est très malaisé! Le vent peut-il encore tourner pour pouvoir espérer se mêler à une lutte pour un 10 ou 11ème rang? La réponse sera déjà connue avant la 1ère interruption du championnat aux premiers jours de novembre ! Jusque-là, les jurassiens vont disputer six rencontres sur dix à domicile mais auront à se déplacer à Zurich, Zoug et Lugano. Rrien que ça, avant de jouer cinq fois quasi d’affilée (!) en quinze jours à Porrentruy, pour un seul déplacement mais ici encore, pas n’importe lequel, puisqu’à Lausanne.

Kloten remis à l’ordre

Que Kloten, revenu brutalement sur terre ce weekend, ait partagé la tête durant quelques jours en septembre, n’est pas si exceptionnel, ç’aurait tout à fait pu être Ambrì-Piotta, on le sait par expérience! Car une tendance générale semble se dessiner, qui amène que les équipes sont de nouveau plus solides à domicile. Après quelques années où les victoires chez l’adversaire ont été légion, la donne se modifie apparemment. Pour indice, c’était le cas chez un modeste client tel que Kloten, mais aussi chez les SCL Tigers, ce qui est très loin d’être banal.

Dans l’Emmental, la défense a fait de très grands pas sous la conduite de Vili Saarijärvi (3ème saison) et Juuso Riikola (ex-coéquipier d’un certain Antti Suomela à Oskarshamn, 2ème saison et qui vient de renouveler). À proximité de l’aéroport,la triplette Aaltonen/Audette/Ojamäki, elle, a semble-t-il retrouvé les couleurs et l’efficacité démontrées à Vityaz Podolsk. Preuve en sont les huit points déjà accumulés par Miro Aaltonen en neuf parties, soit un tiers des vingt-trois obtenus en quarante-six rencontres la saison dernière! Et comme son compatriote nouveau-venu et défenseur Sami Niku a la pêche et fait tout aussi bien…

Un tiers des rencontres en prolongation ou fusillade

Le parcours des Lakers est à vrai dire, le plus singulier, eux qui étaient, au 5 octobre, les seuls à demeurer invaincus… dans le temps réglementaire! C’est toutefois chose faite depuis… ce dernier dimanche à Lugano. Exceptées deux victoires à domicile par un écart supérieur, les saint-gallois ont ainsi comptabilisé lors de leurs huit premières parties (!) et ne se sont imposés ou n’ont perdu que par le plus minime des écarts cinq fois (sur neuf donc) en prolongations ou tirs au but! Le départ de Roman Cervenka et le retrait de Maxim Noreau semblent fort bien compensé par la renaissance, après deux saisons très compliquées et perturbées par une blessure récurrente, de l’excellent Nicklas Jensen et l’apport (pour une saisonseulement?) du droitier Malte Strömwall.

La remarque liée aux prolongations est d’ailleurs également et globalement très pertinente: sur les soixante disputées, le nombre de rencontres dont l’issue a été décidée au-delà du temps réglementaire, est une autre caractéristique saillante du contexte: dix-neuf, soit un tiers de l’ensemble.

Plusieurs clubs à leur place

Il faut prioritairement noter d’emblée l’exception, à l’opposé de la 14ème place, que constitue l’escadron du ZSC, tout au moins par l’équilibre dans le sien et qui, dès lors que chacune de ses individualités est à son rendement, est momentanément quasi hors de portée. Le plus logiquement du monde, on ne se représenterait pas la troupe hors d’un sextet de tête. Lugano et son artillerie de choc, ainsi que Lausanne et le SCB, sont pleinement à la hauteur de ce qui leur est promis. Genève-Servette, en considérant son calendrier particulier, et Zoug tout autant, ce qui est (un peu seulement) moins le cas pour Davos, Fribourg et Bienne.

Un peu seulement car on pouvait s’attendre à des difficultés, qui devraient être réduites ou invalidées dans le cadre vieillissant et un contexte plutôt insolite à Fribourg et diverses formes de lassitude chez d’autres. Pas exclusivement Bienne d’ailleurs, mais attendons. Restent donc les deux trouble-fête que sont, outre Rapperswil, les SCL Tigers et Ambri-Piotta. Pas de quoi être déconcerté pour autant, dès lors que les Léventins sont fréquemment coutumiers du fait, et que les Emmentalois ont démontré la saison dernière qu’ils avaient désormais les dispositions pour se mêler à la lutte pour une place en playoffs.

C’est d’un ordre du possible. Non seulement, avec Stéphane Charlin, sur cinq de huit matches certes, puisque l’alternance y est encore une claire actualité, Langnau chiffre le meilleur gardien du championnat, mais aussi par la cohérence du groupe, un enthousiasme et une pointe d’ambition (ré)générés, enflammés par le Campus fraîchement inauguré à côté de l’enceinte des Tigers et la fringale féline qui convient à leur nom, ranimée.

absences et… lassitude

Un chapitre primordial concerne les accidents de parcours sous forme d’absences de joueurs et figures porteuses. Quel que puissent être les clubs, il est impératif d’évaluer avec soin leurs moyens! Par conséquent, d’évaluer les possibilités d’y réagir et y pallier très rapidement. Et sur cet aspect, tous ne sont pas égaux. Or ces défections se multiplient singulièrement après seulement neuf rencontres de championnat! Kessler & Nordström (Davos, déjà dans l’entre-saison), Maillet (Ambri), Thürkauf (Lugano), Kahun & Kreis (SCB), Mäenalanen & Malone (SCLT) ou encore Raffl & Kuokkanen (LHC), Hofmann (EVZ), F. Hofer (EHCB), Mayer & Karrer (GSHC), ont déjà été touchés plus ou moins sérieusement en trois semaines de septembre. C’est un ratio énorme.

L’affirmation ou hypothèse peut paraître curieuse. La considération ne touche pas que certains des effectifs et la notion de l’usure d’une certaine autorité sur les concurrents, ainsi qu’affiché dans le propos du 3 septembre. Mais une certaine langueur se fait jour et se matérialise également et parfois par une sensible diminution des assistances. Ainsi, Ambrì et bien sûr Fribourg exceptés, constater 4’400 spectateurs environ pour un Kloten-Zoug, 4’300 à Porrentruy à la réception de l’ennemi de la capitale et ce, même dans la très précaire situation comptable des Ajoulots, entre 4’500 et 5’000 à Bienne et Lugano pour certaines rencontres, est assez significatif. À quoi l’attribuer?

La CHL, un handicap?

Évoquer un consumérisme très excessif et imprudent, qui provoque une euphorie très artificielle lorsque le temps est au beau et s’inverse dangereusement, n’est pas déplacé. Pas de Champions League, un bienfait!? Ce consumérisme est accentué par un calendrier insensé, dont est responsable la Champions League. Celle-ci a débuté avant même notre championnat et d’autres bien sûr. Le ZSC, le LHC, GSHC et Gottéron y participent cette année. On conviendra volontiers que ces sollicitations, en sus de pré- ou sélection(s) pourles équipes nationales pour plusieurs dizaines d’entre leurs joueurs, sont énormes. Avec les déplacements qu’ils suggèrent et qu’on a sans doute tendance à omettre ou négliger, ils exigent des joueurs un investissement supplémentaire très conséquent et présentent – CQFD – un risque de mésaventure(s) augmenté. Les contingents sont peut-être suffisants pour faire face à une telle charge mais à vrai dire, il serait préférable de se passer de cette compétition, sous sa forme actuelle en tous les cas.

Christoph Yavkin

(Les propos tenus dans cette chronique n’engagent que leur auteur)

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