Par Philippe Ducarroz
Fribourg-Lausanne, en passant par Bulle et d’innombrables localités bordant l’autoroute… et les supporters fribourgeois ont déjà lancé un vibrant soutien aux Dragons en cette fin d’après-midi. Postés sur les rebords de l’A1, dans les champs environnants, ils étaient nombreux à saluer le passage du car de Gottéron. Comme s’il s’agissait du match décisif d’une grande finale. Or, s’il s’agit bien d’un match à ne pas perdre, on n’en est qu’au stade des demi-finales face à un LHC qui se dessine comme le favori du match. Les certitudes des six premiers matchs (mais, en fait, y en a-t-il tellement que ça?) annoncent un match âpre, disputé, à la vie à la mort. Les deux équipes en ont-elles les moyens? Les Fribourgeois ont beau se boucher les oreilles, ils savent que l’opinion publique les croit au bout du rouleau. De ce statut d’équipe fatiguée arriveront-ils à en trouver un surplus d’énergie?
Voici peut-être la principale clé du match de ce soir. A l’analyse des dernières prestations, les 1ère, 2e et 4e lignes fribourgeoises sont inférieures à leurs homologues lausannoises. Et ça, Geoff Ward le sait. De plus, en jouant à la maison, le coach vaudois va bénéficier de l’avantage du dernier choix. Misons sur le fait qu’il n’hésitera pas à lancer un de ses trois premiers blocs contre la quatrième ligne de Gottéron. Indubitablement, les lions montent en puissance. Le match de jeudi a sans doute été le plus déséquilibré de la série et Gottéron a perdu devant son public. Kevin Pasche s’est hissé à la hauteur de Reto Berra, le powerplay redevient une arme forte, la première ligne des Lions est somptueuse: Ahti Oksanen a marqué le but décisif lors de l’acte V , Damien Riat à l’occasion du match suivant. Le momentum est clairement vaudois. De plus, pour son 4e match No 7 en treize mois, le LHC sait maintenant par quel bout l’aborder.
À Fribourg, on s’encouragera en se disant que Gottéron a gagné trois fois à Lausanne cette saison. Ce n’est pas rien si l’on se rappelle que les Vaudois ne se sont inclinés que sept fois à la Vaudoise aréna. Mais c’est vrai, et ils ne le cachent plus, les Fribourgeois sont fatigués physiquement et mentalement. Du coup, leur attitude sur la glace a changé: ils ne jouent plus pour gagner, mais pour ne pas perdre. Nuance. Leur patience légendaire peut faire douter Lausanne s’ils parviennent à maintenir un score de parité longtemps durant le match, mais n’auraient-ils pas intérêt à essayer de prendre les devants rapidement? Il s’agira peut-être là de l’astuce tactique voulue par Lars Leuenberger. Sans commettre les horribles erreurs du match No 6 et surtout sans enflammer les débats, car immanquablement les fans lausannois suivront…
Enfin, en matière de pression, celle-ci sera quand même plutôt dans le camp lausannois. Un échec ce soir et les gradins remercieront d’abord le club pour la belle saison achevée prématurément. Mais ce sont les jours suivants qui seront pénibles car comptes il faudra tout de même rendre. Sans changer quoique ce soit sans doute pour le futur, mais on essayera quand même de comprendre comment le Lausanne irrésistible de la saison régulière a été amené à l’élimination après deux tours et surtout… quatorze matchs de playoffs. Pour Fribourg, la déception passée, on parlera sans doute de saison réussie (c’est vrai après le début de championnat chaotique), avec une accession au Top 4 pas évidente en septembre. On se dira sans doute que la 5e finale de l’histoire du club sera pour l’an prochain. On se dit à Lausanne, on se dit à Fribourg… Nous, on se dit que ce 7e match peut tomber dans le domaine de l’irrationnel. Ce qui nous interdit tout pronostic. Qui sera beaucoup plus facile pour la grande finale: un Zurich reposé sera-t-il menacé par un club romand – que ce soit Lausanne ou Fribourg – presque sur les rotules?