Par Christoph Yavkin
Si on excepte le rendez-vous avancé au 13 septembre entre Lausanne et Fribourg et si on se réfère brutalement aux forces en présence, il est très paradoxal que le duel entre les SCL Tigers et Genève-Servette lors de la 1ère journée du nouveau championnat constitue l’affiche la plus attractive de la soirée lançant la compétition !
Alors que la totalité ou presque des douze autres équipes entameront l’exercice avec encore une certaine légèreté et beaucoup de réserves, ce premier rendez-vous dans l’Ilfis devenue Emmental Versicherung Arena, entre les modestes Tigers et le monstre genevois champion en titre, présente une très grande originalité. Les aléas du calendrier l’ont ainsi établi.
Et justement et encore plus précisément parce que la rencontre est à priori complétement déséquilibrée, elle s’inscrit d’emblée comme un baromètre singulier du plus haut intérêt. Le résultat chiffré n’y aura qu’une importance totalement négligeable, tout son intérêt réside en effet dans la mesure et la lecture qu’on fera des circonstances. On peut volontiers citer Horace : (à priori), «que voulez-vous qu’il fît contre trois ?».
Ici, certes, ce n’est pas une question de nombre mais de pedigrees dans les effectifs respectifs. Et par l’illustration actée, ça donne une formule aussi benoîte que celle-ci: que voulez-vous que Rohrbach, Schmutz, Lapinskis, Salzgeber ou encore Guggenheim ou Zryd fissent contre Rod, Praplan, Miranda, Karrer ou LeCoultre… tous internationaux, mazette, et augmentés de trois double-nationaux d’essence canadienne que sont Richard, Jooris et Pouliot? La réponse est «rien, Madame la marquise !» et dans la durée d’une compétition complète, guère davantage.
À l’impossible nul n’est tenu
Langnau a ainsi l’honneur de recevoir d’entrée LE champion en titre, dont Tömmernes ne fait plus partie et dont le rôle apparaît à première vue adéquatement remplacé, et qui a hérité de Sakari Manninen, diabolique compère de Teemu Hartikainen à Ufa.
Au-delà du comparatif impitoyable des joueurs suisses, le plat de résistance offre un quatuor finlandais de haut vol (Vatanen-Filppula-Hartikainen-Manninen, 34 ans de moyenne d’âge) face à un quartet finlandais premier cru (Saarijärvi-Riikola-Pesonen-Saarela, 29). Le répertoire musical et le programme des couplets et refrains restent à déterminer.
Outre cette empreinte déjà garante d’un spectacle de belle tenue, quel que soit le degré de préparation de chacun, c’est ici qu’intervient l’aspect de l’intérêt et du charme particulier à accorder à ce premier entretien: pour les uns, ceux du Jet d’eau, c’est (déjà) un peu de corvée, pour l’hôte, c’est à la fois, d’abord un privilège, ensuite un match de coupe. Et cela suffit à rendre la soirée un rien magique.
On peut compter sur l’esprit qui règne dans les vallées latérales pour lui apporter la dimension joyeuse qui convient. Joyeuse quelle qu’en soit l’issue, surprenante, brutale, subitement moins déséquilibrée qu’il m’y paraissait? On vous l’affirme, durant la saison de ce titre genevois, les Tigers ont partagé les points des 4 matches les y ayant opposés, 6 points de chaque côté et se sont imposés aux Vernets, sans équivoque 1-4.
Conclusion avancée: voir le titre du paragraphe. Retour sur les effectifs avec les deux autres positions étrangères et particularité forcément piquante. Si avec le successeur de Tömmernes, Thomas Lennström, on a fait dans l’aussi sophistiqué et avec Winnik dans la fiabilité à toute épreuve, on sera très curieux de découvrir le duo US totalement inconnu venu compléter le contingent des mercenaires dans les collines bernoises, Anthony Louis et Sean Malone, lesquels se connaissent, nota bene : pas un hasard et un risque qui peut être payant mais qui surtout… le doit ! Les premiers éléments de réponse sont attendus avec impatience et cette passion caractéristique renouvelée sans faiblir au pied du Napf… limitrophe et lucernois!
Baromètre excentrique un peu malgré lui!
Toute cette jolie histoire parce que, pour bien le comprendre, cette rencontre a été placée sous cette forme sur le seuil même de la saison. Par la suite, les explications seront tellement fortement banalisées!
