La saison 2024/25 de Lian Bichsel chez les Stars de Dallas s’inscrit comme une étape cruciale dans la trajectoire du jeune défenseur suisse. À 20 ans, le colosse de 1m96 pour 105 kg, formé à Leksands IF puis repêché au 1er tour (18e au total) en 2022 par Dallas, a franchi un cap significatif en s’imposant progressivement au sein d’un effectif en quête de stabilité défensive. Pour sa première saison complète en NHL (il a tout de même joué 28 matchs avec les Texas Stars), Bichsel a alterné les présences dans la troisième paire défensive et quelques séquences en tant que septième défenseur, dans un rôle de rotation. Avec des statistiques modestes (10 points en 55 rencontres jusqu’à aujourd’hui), certes, mais révélatrices d’une mission davantage axée sur les responsabilités défensives que sur la production offensive.
C’est surtout par son impact physique et sa capacité à neutraliser le jeu adverse que Bichsel s’est démarqué. Avec une moyenne de 16 minutes de temps de glace par match, il a souvent été utilisé en infériorité numérique, un signe clair de la confiance croissante du staff technique. L’aspect le plus marquant de sa saison reste son jeu défensif pur. Bichsel a terminé avec un différentiel positif, un bon indicateur dans une équipe ayant connu des hauts et des bas défensivement. Son style est sobre, mais efficace : il utilise sa portée impressionnante pour couper les lignes de passes et exercer une pression constante en un contre un. Sa mobilité, longtemps pointée comme une faiblesse relative, s’est nettement améliorée, lui permettant de suivre le rythme rapide de la LNH sans compromettre sa stabilité défensive.
Un jeu en transition encore perfectible
Si Bichsel a convaincu dans sa zone, il reste encore du chemin à faire dans la relance et le jeu de transition. Moins à l’aise lorsque le tempo s’accélère ou lorsque la pression du forecheck devient intense, il lui arrive de forcer des passes ou de se défaire du puck de manière précipitée. Cependant, on note des progrès visibles dans sa lecture du jeu et dans son utilisation des angles pour sortir proprement le puck. Bichsel termine la saison sans participer à tous les matchs de séries éliminatoires, mais a été conservé dans le groupe élargi, preuve que les Stars misent sur lui à moyen terme. À noter également son comportement professionnel, salué en interne, ainsi qu’une progression physique et mentale qui laisse entrevoir un rôle plus important dès la saison prochaine.
Réintégrer Bichsel en sélection
Demeure son différent avec la fédération suisse qui ne veut pas revenir sur sa suspension. Pour mémoire, Patrick Fischer et le conseil des sages de Swiss Ice Hockey, face à deux refus successifs du joueur de répondre aux convocations pour les Championnats du monde juniors (U20), l’a suspendu jusqu’au terme de la saison 2025/26. En 2023, Bichsel avait décliné une première invitation, invoquant sa volonté de s’intégrer pleinement à son nouveau club suédois, Rögle BK. Il craignait qu’une absence prolongée pour le tournoi mondial ne compromette sa place au sein de l’équipe. Pas faux. Un an plus tard, il a de nouveau refusé une sélection, cette fois sans participer aux camps de préparation, ce que la fédération a interprété comme un manque d’engagement envers les valeurs collectives de l’équipe nationale
Bichsel aurait de toute façon été absent du dernier mondial puisque Dallas est toujours en course, mais il aurait amené un bon bagage physique qui aurait été utile face aux Américains. Et ce sera encore le cas l’an prochain à Zurich/Fribourg et surtout Milano/Cortina lorsque tout le gratin de la NHL sera là. Evidemment, réintégrer Bichsel dans la sélection signifiera aussi lui ouvrir la porte pour le mondial en Suisse. Il est peut-être temps de se demander si faire preuve d’intelligence de la part du sélectionneur et de la Fédération ne serait pas la meilleure façon de monter l’équipe de Suisse la plus compétitive de tous les temps. Avec un Bichsel format NHL, il s’agirait d’un «Plus» dont on pourra difficilement se passer à l’heure de ré-affronter les Crosby, MacKinnon, Draisaitl ou autres autres Rantanen ou Makar, sous peine de se dire que la Suisse voulait obtenir une médaille olympique, mais ne s’en était pas donné les moyens qu’elle avait pourtant à disposition.
