SWHL B – On voulait faire beau, on a fait moche

SWHL B – On voulait faire beau, on a fait moche

Illustration: PH
Commentaire – Philippe Ducarroz

Qu’on me comprenne bien: je n’aime pas le terme de « fonctionnaire » que l’on utilise souvent à tort et à travers pour désigner l’immense lassitude que l’on peut éprouver en évoquer le personnel d’une administration. Mais pour avoir affronté ces derniers jours ceux du secteur fiscal, je peux vous garantir qu’ils ne sont pas tous – et de loin – ces sombres individus sans coeur, d’une lenteur incompréhensible, et qui n’attendent qu’une chose: la fin de la journée.

Pour toutes ces raisons, je n’emploie jamais ce terme beaucoup trop réducteur et qui place tout le monde dans le même paquet. Mais ce sont pourtant bien des fonctionnaires (dans le mauvais sens du terme) qui ont décidé que pour promouvoir le hockey féminin (c’est très tendance actuellement), il fallait absolument que les clubs de l’élite… masculine puissent avoir leur pendant féminin. Jusque-là, on peut partager l’ambition, même si la logique du raisonnement est un peu boiteuse. Soit.

Mais quand on en vient à prendre des décisions plus que discutables, on peut se demander si le… fonctionnaire en question, censé connaître le hockey, ses besoins, ses codes, ses structures et tout le toutim n’a pas pris un puck dans la figure, commotion cérébrale en sus. Car comme nous l’avions déjà prédit et dénoncé, la SWHL B de cette saison est devenue… ridicule, inintéressante, une ligue d’une planète totalement incompatible avec notre système sportif.

Bien sûr, on ne peut pas en vouloir à Zoug d’avoir mis les moyens pour monter une équipe de qualité, ambitieuse, voire même déjà favorite de la compétition. Mais comme on le craignait et au vu de la forte disparaité de qualité entre les équipes de cette 2e division, il ne fallait pas être grand devin pour imaginer le scénario. En résumé, Zoug c’est quatre matchs, quatre victoires, 68 buts marqués, zéro encaissé et 33 points au compteur de sa meilleure réalisatrice, l’internationale Lara Stalder! En quatre matches!!!

J’ai un profond respect pour des femmes qui se font plaisir, au mépris des commentaires peu élogieux et sexistes d’une partie de la gente masculine, mais là je peux pas accepter. Qui se font plaisir et qui demandent un peu plus de professionnalisme à leur encontre. Elles ont raison: ils n’y a pas de motif sérieux pour les reléguer à des heures indues pour l’entraînement ou matchs, à des taches qu’on n’oserait pas demander à un junior. Je le dis et le répète: un de mes trois plus beaux souvenirs de ma carrière de journaliste reste la finale féminine des Jeux de Nagano en 1998.

Pour revenir à cette situation qui me préoccupe, on peut se demander si on ne s’est pas hâté… trop lentement, comme dirait Alain Berset. Outre l’aspect sportif pas très heureux (plusieurs clubs se battent depuis des années pour jouer en SWHL B et se voient passer sous le nez une organisation… qui n’existait pas il y a quelques mois) et le quasi-anonymat qui entoure la Women’s League (on atteint en moyenne une centaine de spectateurs), on a fait dans la demi-mesure. Je n’ai pas apprécié le commentaire du directeur de la Regio League, dont dépend la SWHL B, dans le Blick d’aujourd’hui: «Pas réjouissant, mais pas non plus inattendu» en parlant de l’archi-domination zougoise.

Mais alors, pourquoi ne pas avoir propulsé directement les nouvelles-venues en Women’s League? Aujourd’hui, peut-être joueraient-elles le titre national et auraient laissé les équipes de 2e division avec de vraies perspectives. Aujourd’hui, Zoug a remporté toutes ses parties sur le score de 17-0 en moyenne! Et c’est là que l’on revient au terme de fonctionnaire: fait son boulot, ne réfléchit pas trop, n’est pas prêt à admettre ses erreurs. Or, le directeur de la Regio League Paolo Angeloni continue: «Indirectement, c’est aussi un signal fort pour les clubs de la Women’s League».

Ah oui, effectivement, ils tremblent les clubs de l’élite! Nous, on voit plutôt… directement que la SWHL B a été sacrifiée sur l’hôtel d’un projet mal ficelé et qui n’aurait jamais dû se résumer à la promotion automatique d’un club qui n’existait pas il y a peu. C’est beau de vouloir donner de la crédibilité à ces femmes qui la méritent, c’est moche de le faire sans aucune autre mesure d’accompagnement.

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