Par Philippe Ducarroz
La RTS reste un média un peu en-dehors des autres, car la magie de la télévision et de la radio opère toujours. Et comme il s’agit de service public, les échos qui en parviennent sont souvent plus scrutés, commentés, voire décriés qu’ailleurs. Il est vrai qu’actuellement, la télévision romande et son pendant radiophonique sont dans la tourmente. Trop chère, pas assez locale, on en passe et d’aussi bonnes. On n’accepte plus n’importe quoi avec notre/votre argent de la redevance.
À l’heure ou toute tentative de redistribuer différemment (ou simplement diminuer) l’argent octroyé chaque année par le contribuable est commentée par le service public comme «une atteinte à la Patrie» (réd.: on résume!), il est important de savoir exactement ce que nous voulons dans notre assiette cathodique. Mais quelle que soit la somme qui sera allouée à l’avenir à la SSR et l’ensemble de ses «filiales», le contenu d’un programme sera toujours à la merci d’une ou deux têtes pensantes.
Ainsi, en matière de sport, les remarques sont acerbes: trop de foot mais pas assez de Coupes européennes, pas de hockey, couvertures minimales, absence de certains sports pourtant pas si secondaires que cela… sans parler de la qualité générale des commentaires qui demanderait un vrai rafraichissement puisque nous payons aussi la formation (continue?) des journalistes de Massimo Lorenzi.
La difficulté du métier
Concernant les journalistes, permettez-moi (même si parfois je dois effectivement m’accrocher un peu) quand même de rappeler la difficulté du métier. Et très souvent les détracteurs de la RTS (ou TSR à l’époque), qui acceptent sportivement de se mettre eux-mêmes à l’épreuve d’un commentaire à blanc, ressortent de l’exercice avec beaucoup plus de compréhension, voire d’admiration pour les pros du micro.
À l’époque, lorsque j’étais encore le patron de Teleclub (devenu Blue), Lorenzi n’avait pas été tendre avec mes collaborateurs en formation, mais déjà sur le terrain. Mais lorsqu’il a fallu remplumer un peu sa rédaction, le même Lorenzi est venu piocher dans les rangs de… Teleclub (Marc-André Berset, David Lemos, Mathieu Juttens, Patrick Andrey), sans parler des nombreux consultants lancés sur la chaîne privée avant d’être happés par le service public. Je préfère le prendre comme un gage de la qualité de notre travail de l’époque, le reste n’étant que guéguerre entre deux pseudo-concurrents.
Politique de chaîne ou d’un seul pion?
Il est aussi important de rappeler que si certaines décisions dites «rédactionnelles» sont plus le fait d’une décision d’un responsable que d’une réflexion plus profonde. On se rappelle l’époque François Jeannet comme chef du Département des Sports qui nous avait servi à n’en plus pouvoir de la voile à l’époque du conquérant Alinghi, au point que j’étais aux yeux de tous devenu un anti-voile car j’essayais de trouver une juste balance de mon poste de rédacteur en chef-adjoint.
Aujourd’hui, avec Lorenzi, c’est le hockey sur glace qui en pâti parce que le chef se retranche derrière des audiences décevantes… provoquées, m’a-t-il dit un jour, par votre serviteur lorsque j’en avais la charge! Une époque révolue, oui, durant laquelle nous diffusions chaque semaine des Rondelles, des matchs en direct, les playoffs, l’élite suisse mais aussi de la Ligue Nationale B (merci au producteur Patrice Masset de m’avoir soutenu) et bien entendu le championnat du monde avec équipe de tournage, voire studio sur place, commentateurs au pluriel et consultants (clin d’oeil à Larry Huras et Marc Leuenberger). Il y avait un état d’esprit et une passion qu’on ne retrouve plus aujourd’hui. Parce que le chef n’aime pas le hockey.
Viola et Wakker se profilent
Aujourd’hui, le Blick nous annonce la fin du duo Steve Roth–Félicien Du Bois au commentaires de l’équipe nationale. De fait, c’est un nouveau chef de file pour défendre le hockey qui doit se profiler. Un nom revient régulièrement: Brian Wakker, qui ne dirait pas non. Andrey non plus sans doute. La voie et dégagée depuis que Berset est parti faire la promotion du mondial 2026 à Fribourg. A moins que Christophe Cerf ne retrouve grâce aux yeux de son patron. Le poste suscite des convoitises…
Mais peut-être faudra-t-il aussi attendre que la succession de Lorenzi à la tête des Sports soit réglée. Or, il se dit que celui-ci s’effacerait dans une année, à 63 ans. Il se dit aussi que certains, dans la tour genevoise, aimeraient le voir partir avant. Il se dit encore que Marie-Laure Viola serait une prétendante sérieuse à sa succession (en tout cas, elle semble avoir préparé le terrain).
Tout cela pour dire que l’avenir du hockey suisse à la RTS dépendra beaucoup de l’acquisition de futurs droits devenus exorbitants, mais surtout de l’envie, la capacité de travail et l’intérêt que porteront le futur répondant hockey et le ou la futur/e responsable des Sports pour le puck et ses à-côtés. Pour un rôle d’ambassadeur en quelque sorte…