Jacob Lilja, c’est un nom qui résonne clairement si l’on est un habitué des faits divers. Le Suédois traine encore avec lui une réputation de joueur qui aura mis la vie d’un autre joueur en danger sur une action incontrôlée. Nous sommes en mars 2015, l’ailier gauche joue avec Rögle en Allvenskan (2e division) et se fait l’auteur d’un cross-check au cou sur un adversaire.
Une charge horrible qui lui vaudra 10 matchs de suspension, mais la gravité du geste l’a emmené devant les tribunaux. Qui jugèrent que le joueur avait été trop loin dans son intervention qui n’avait plus rien à voir avec les règles du jeu, mais qu’une peine de prison était aussi excessive. Finalement, il sera condamné à un mois de mis à l’épreuve. Son adversaire a frôlé la paralysie pour quelques centimètres. Ce jour-là, Lilja avait dépassé les bornes sans pourtant être catalogué « joueur méchant ».
Un joueur complet
En théorie, Lilja n’aurait pas dû débarquer en Léventine. Mais le départ précipité de Filip Chlapik a obligé le HCAP à prospecter pour un poste qu’il pensait fort bien pourvu. Ambrì Piotta a donc recruté le Suédois pour combler le trou béant laissé par le Tchèque. Mais attention: pour qui s’attend à retrouver un duo explosif comme l’était Chlapik-Spacek, le constat sera contrasté.
Car Lilja n’est pas autant tourné vers l’offensive que son prédécesseur. Certains ont même loué son fort travail défensif… tout en amenant toutefois son lot de points. Si Chlapik était en effet un vrai sniper-buteur, Lilja se présente comme un élément qui s’appuie davantage sur le physique et l’énergie. Un forechecker qui va aussi droit au but avec, inévitablement, une forte propension à attirer l’adversaire à lui. Ses coéquipiers lui en ont toujours été redevables.
Lilja est aussi un joueur intelligent, qui sait attendre son heure, et qui préfère le coup sûr plutôt que de verser dans l’aléatoire. Là aussi une grosse différence avec Chlapik qui tentait souvent sa chance en direction du but, tentant sa chance dans des situations déjà compromises, mais qui créait aussi passablement de situations favorables à ses coéquipiers.
On se sait pas encore si Lilja, annoncé blessé et ayant besoin de quelques jours de repos, sera bel et bien cette semaine sur la glace d’Yverdon. Ce serait dommage de rater un attaquant supérieur dans toutes les moyennes, mais sans point fort particulier. On nous a dit le plus grand bien de sa vitesse d’exécution et d’un tir ravageur. Il fut même l’un des joueurs les plus précis de KHL.
Suède, NHL, KHL… Suisse!
Car c’est bien en Europe que le Suédois se sent le mieux. Après une expérience de 37 matchs en NHL (avec Columbus, où il trouva provisoirement sa place lorsqu’il fallait suppléer le Français Alexandre Texier), mais seulement deux buts inscrits, celui qui avait fait toute sa carrière en Suède (Rögle, Linköping avec Dan Tangnes, Djurgarden) s’est tourné vers la Russie (Barys Nur Sultan, Dinamo Moscou).
C’est le début de la guerre en Ukraine qui va pousser Lilja à chercher une autre destination, mais coincé par un contrat en béton avec un lourd dédit à payer en cas de forfait, il a longtemps attendu avant de trouver un débouché à Ambrì (qui n’était pas le seul club suisse intéressé).
Le voici au Tessin avec la lourde tâche de devoir trouver une entente parfaite avec un Spacek qui n’attend plus que de profiter des espaces que le Suédois lui créera.