Par Christoph Yavkin
D’un côté comme de l’autre, les étrangers, on pouvait s’en douter, ont plus que massivement déterminé l’issue du playout opposant Ajoie aux SCL Tigers. Mais c’est sans aucun doute le plus inattendu d’entre eux qui, avec le recul, en aura constitué l’attraction décisive.
Dans un complément à notre commentaire lié à la condamnation du HC Ajoie à devoir disputer le barrage face au champion de Swiss League, on peut remarquer, sans ôter quoi qu’il soit du mérite jurassien, qu’il eût été particulièrement singulier qu’un quintet étranger formé de Pesonen, Saarijärvi, Saarela, Lepistö et Eakin, complété par le suédois Holmström, qu’il a fallu intégrer dans l’urgence à quelques journées de la fin pour substituer tant bien que mal le très important Michaelis, soit contraint à lutter dans un duel de barrage pour demeurer au plus haut niveau.
Aleksi Saarela fait tout de même partie des six meilleurs artificiers de la saison régulière avec 24 buts, comme son compatriote de Zurich Juho Lammiko, le tchéque d’Ambri Filip Chlapik, ainsi que Tyler Moy (Lakers, ce dernier bien que n’évoluant pas dans la ligne de Roman Cervenka), juste derrière Matej Stransky (Davos, 25) et Teemu Hartikainen (GSHC, 28).
Quant à Vili Saarijärvi, le défenseur droitier a par moments enchanté nos surfaces par son style offensif instinctif et s’est installé sans gêne dès cette 1ère saison, dans le top 5 de la branche, derrière l’intouchable Tömmernes (GSHC), Gunderson (Fribourg), Djoos (Zoug) et l’inamovible bernois Untersander, autrement dit des joueurs situés entre 29 et 37 ans.
Saarela et Saarijärvi encore très jeunes
Lui n’en aura que 26 en mai prochain, ce n’est pas un détail! Pesonen a comme à son habitude été fiable et régulier, l’allemand Michaelis a été la révélation que pas mal d’insiders prévoyaient, au point que Zoug vienne le mettre sous contrat avant la fin de saison et, outre que Cody Eakin a mis un certain temps à faire oublier la perte de l’Alexandre Grenier de la saison dernière, il y donc Sami Lepistö (photo, à gauche), venu dans l’Emmental pour le plaisir d’y mettre un terme à sa riche carrière.
Il aura 39 ans en août. Il compte 186 matches de NHL pour Washington (par qui il avait été drafté en 2004), Phoenix, Columbus et Chicago, 529 de KHL à Iaroslavl, Ekaterinenburg, Ufa , ainsi qu’à l’éphémère Lev Poprad, devenu Prague avant de disparaître, et enfin Jokerit. On notera au passage qu’au Salavat d’Ufa, il aura partagé deux pleines saisons avec… Teemu Hartikainen et Linus Omark!
Au plan international, il a disputé quatre championnats du monde (1 titre, en 2011) et trois Jeux olympiques (2 fois le bronze). Si on sera d’accord pour dire qu’il n’a guère fait parler de lui et n’a pas été époustouflant durant la saison, on observera toutefois qu’il a assuré un différentiel invariablement positif.
Le fin mot de l’affaire
Mais si les «kids» Saarijärvi (8 assists) et Saarela (2 buts et 4 assists) se sont clairement distingués durant ce dramatique duel, c’est néanmoins leur (très largement !) aîné qui s’y sera montré décisif.
Voyez plutôt : à 1-2 à trois minutes de la fin de l’acte V à l’Ilfis, il arme un tir qui prend une trajectoire insolente, et égalise. Dans la prolongation qui suit, il sert de dernier relais pour le but victorieux. Et dans ce 6ème acte, 8 secondes après que son équipe ait réduit l’écart à 3-4, il devine un couloir libre dans l’axe, s’engouffre et… égalise.
Dans la 2ème prolongation, il adresse une merveille de passe sèche de 35 mètres vers Saarela, posté sur la ligne rouge, lequel butera (encore!) sur le gardien Tim Wolf (quel match du portier formé aux GCK Lions !), mais le rebond qui suit est (enfin) transformé par Pesonen.
En vieux renard, Lepistö se souvenait: le 25 octobre dernier, sur cette même glace de Porrentruy, alors qu’il sortait à peine et assez distraitement du banc des pénalités, le puck lui parvenait inopinément. Comme un autre renard, celui de la fable, il s’en saisissait, s’avançait et ajustait, à la manière de l’attaquant qu’il n’est pas, ce qui allait être le game winning goal de la partie.
Pour les enfants du subtil et épicurien Sami Lepistö, chez qui le plaisir est communicatif et un art de vivre, qu’importe la distance, Finlande ou non, le prochain sapin de Noël sera livré par une entreprise jurassienne!