Par Philippe Ducarroz
Les Lausannois regarderont donc les séries finales devant la télévision. Attendu? Oui et non. Oui si l’on se réfère à tout ce qui a pu être écrit ou dit depuis le mois de septembre dans nos pages et nos émissions radio. Non dans la mesure où le LHC a affiché un tout autre visage depuis janvier, au point d’en devenir une équipe performante, voire crainte.
On ne nous enlèvera toutefois pas de l’idée que ce Lausanne HC est un gros gâchis, malheureusement du début jusqu’à la fin. De début, on veut parler de l’ère Svoboda/Fust qui a accouché d’une cacade inimaginable. De fin, la possibilité de se qualifier pour les… playoffs (si, si!), au pire pour les pré-playoffs, en ayant tout dans les mains à deux journées du terme de la saison régulière. Et que nous fait le LHC dans ces circonstances enfin favorables? Deux matchs, deux revers avec un goal-average de 1-13!
Au terme du match décisif perdu contre Zoug à la Vaudoise aréna (0-5), Geoff Ward pouvait se montrer très déçu. Avant les deux dernires soirées, avec onze victoires contre deux défaites depuis la mi-janvier, son équipe était simplement – au niveau comptable – la meilleure équipe de la Ligue.
Sans doute le doit-elle beaucoup à son cerbère finlandais Eetu Laurikainen qui a brutalement renvoyé Ivars Punnenovs sur le banc et Tobias Stephan à la retraite. Une arrivée coup de poker pour s’assurer d’un bon No 2 au cas où qui s’est transformée en coup de maître.
Et qui va bientôt empoisonner la vie des dirigeants lausannois. Avec de telles performances, difficile de ne pas proposer un contrat à Laurikainen pour la saison prochaine. Ou quand John Fust va regretter de s’être précipité sur le sur-évalué Connor Hughes.
Onzième de la saison régulière, le Lausanne HC pourra toujours se cacher derrière son début de championnat entaché par la présence de Petr Svoboda à la direction technique. Mais demandons-le franchement: avez-vous vu un changement fondamental dans la gestion de l’effectif du LHC? Finalement Ward n’a-t-il pas fait du… Fust?
En d’autres termes, l’arrivée de Geoff Ward – et sa petite réputation NHL – n’est-elle pas l’arbre qui cache d’autres vérités? Ward, un parapluie comme l’était finalement Svoboda? Encore sous contrat pour une année, le coach ne va-t-il pas gentiment lui aussi essayer de s’affranchir de son directeur technique puisque quelques écarts d’opinion sont évidents?
Lausanne fera mieux, c’est évident
Quand Ward dit que le Lausanne HC montrera ce qu’il est capable de faire la saison prochaine, on le croit sur paroles. Bien sûr que le club vaudois fera mieux et devrait se retrouver là où est sa vraie place: les playoffs.
Mais il faudra effacer les erreurs de cette saison: gestion à la petite semaine de joueurs insuffisants, engagements de dix étrangers individuellement bons mais collectivement peu convaincants, transparence et communication insuffisantes, crédibilité à la tête du club à redorer au plus vite.
En gros, avoir l’impression de croiser le chemin d’une organisation qui vit bien, avec à sa tête un propriétaire qui ne se cache pas et une équipe qui en retire enfin un peu de sérénité.
Depuis que le club est revenu dans l’élite en 2013, il a réussi à se qualifier une fois pour les demi-finales. Cinq fois, le club s’est arrêté en quart de finale et a manqué trois fois les playoffs. Maigre bilan pour un investissement maximal de la part de Gregory Finger.
À entendre Ward, Lausanne va repartir sur de nouvelles bases pour faire mieux. Très bien. Dites-nous seulement lesquelles. Parce que vouloir faire mieux sans autre changement qu’un discours apaisant représentera déjà la première erreur en vue de la saison 2023/24…