Zurich mène 2-1 dans la série, match à suivre demain dans son antre de la Swiss Life Arena. Une position favorable, donc, après avoir gagné à Lausanne lors de l’Acte I. Une victoire indiscutable qui semblait anéantir toute ambition ambition vaudoise. Trop talentueux, trop fort, trop rapide, bref trop de tout pour un LHC qui a encaissé le coup. D’autant plus difficile pour l’équipe de Geoff Ward que Zurich, nettement moins convaincant parce que s’étant vu, par la même occasion, trop beau, a remporté le deuxième point deux jours plus tard. Mais quelques signes d’agacement ont commencé à être visibles sur les visages zurichois.
Arrive le match No 3 que Lausanne gère plutôt bien et gagne grâce à un triplé de Théo Rochette. De quoi provoquer des réactions négatives en chaîne des joueurs des ZSC Lions. À commencer par Derek Grant, renvoyé aux vestiaires pour avoir contesté trop véhément une décision arbitrale, bien soutenu par un Sven Andrighetto au langage très fleuri. De son côté, Denis Malgin faisait la gueule et semblait assez perturbé par le succès lausannois. Enfin le coach Marco Bayer était-il vraiment l’homme de la situation durant ces minutes houleuses? Reparti aux vestiaires, c’est le directeur sportif Sven Leuenberger qui est venu calmer son monde. On aurait voulu être une souris dans les couloirs des ZSC Lions.
Quelques exemples flagrants que la belle confiance des champions de Suisse en titre est en train de se lézarder. Certes, les Zurichois peuvent s’estimer lésés par une erreur d’arbitrage, mais rarement leurs réactions n’auront été si appuyées (mot choisi!). Il faut dire Nicolas Baechler se trouvait déjà en prison et que l’envoi du puck dans les tribunes par Grant lui avait valu à son tour d’être puni. Lausanne se retrouvait à cinq contre trois, toute possibilité pour Zurich de revenir au score s’envolait. Et disons-le maintenant franchement, la colère était justifiée, le puck était retombé sur le banc du LHC… qui s’est bien gardé de le mentionner. Le trio Grant, Dean Kukan et Andrighetto a donc récolté pas moins de 72 minutes de pénalité pour comportement antisportif en fin de match. Au cours des 52 matchs de qualification, il n’avait cumulé que 54 minutes.
Une question d’émotion(s)
Voici la faille «hors-glace» dans l’effectif de Bayer. Zurich reste son principal ennemi, comme nous l’avancions depuis pas mal de temps. Frustrés les Zurichois? Certainement. Bousculés? Oh que oui. Et ça, c’est plus dur à accepter quand on s’est montrés tellement supérieurs que les défaites durant la saison ne pouvaient être expliquées que par une certaine complaisance. Le jeu tout en émotion(s) des Vaudois, Zurich ne connait pas, ne sait pas faire. Il n’en avait pas besoin. Aujourd’hui, le LHC est devenue une équipe que «Zett» déteste, sans peur, sans calcul, présente dans les trois zones et prompte à profiter des erreurs que même des leaders comme Malgin ou Andrighetto commettent désormais. Et Zurich n’est plus Zurich: moins chanceux (trois de ses tirs se sont écrasés sur les poteaux lausannois samedi), beaucoup plus de tirs au but concédés, plus vraiment de supériorité dans les situations spéciales, même le replacement de Jesper Fröden aux côtés d’Andrighetto et Malgin, heureux dans un premier temps, ne semble plus être aussi décisif.
Pas encore battus psychologiquement par des Lausannois qu’ils ne voyaient pas aussi fringants après l’Acte I, les Zurichois ont laissé le doute s’emparer d’eux finalement: devrons-nous jouer encore une semaine de plus? Dans leur esprit, leur deuxième titre consécutif était programmé jeudi à Lausanne. Toujours possible, bien sûr, mais pour cela il faut que Bayer et ses hommes maîtrisent mieux leurs émotions. Car il est clair qu’un succès des Lions lausannois à Zurich demain renverserait totalement la face de cette finale. Qui, à la veille de l’Acte IV, penche toujours pour les Zurichois statistiquement, mais plutôt côté vaudois sur la glace. Et c’est bien là que tout se joue…
