Ce soir, à 20h20, la Suisse affronte les États-Unis en finale du Championnat du monde de hockey sur glace à l’Avicii Arena. Une affiche inédite entre deux sélections que tout oppose — l’histoire, le palmarès, la culture hockey — mais qui arrivent à ce rendez-vous avec une même dynamique : celle de la domination. Pour la Nati, c’est une quatrième tentative de décrocher un premier sacre mondial, après les finales perdues de 2013, 2018 et 2024. Mais cette fois, la Suisse ne se présente ni en outsider timide, ni en simple invité surprise. Invaincue depuis le début de la phase à élimination directe, elle a écrasé l’Autriche 6-0 en quart de finale avant de corriger le Danemark 7-0 en demi-finale. Pas un but encaissé, une démonstration d’intensité, de précision et de profondeur d’effectif. Les buteurs se sont multipliés, et l’équipe n’a jamais relâché la pression, cherchant constamment à creuser l’écart.
Pourtant, au sortir de cette demi-finale maîtrisée, aucun débordement émotionnel.Cette retenue est révélatrice d’une maturité nouvelle. Cette gestion mesurée de la montée en puissance s’inscrit dans un processus entamé il y a neuf ans sous la direction de Patrick Fischer. Depuis, la Suisse a façonné un style spectaculaire, rapide et vertical, à contre-courant du réalisme défensif traditionnel des grandes nations scandinaves. Aujourd’hui, au printemps 2025, c’est elle qui donne le ton. Ce virage stratégique, désormais pleinement assumé, a transformé la Nati en modèle international.
Dans les coulisses suisses, personne n’ignore que l’équipe américaine ne ressemble plus du tout à celle battue plus tôt dans le tournoi. Mais contrairement à d’autres éditions, la Suisse ne tremble pas. Elle arrive prête, portée par une dynamique presque parfaite, un collectif soudé et une identité de jeu claire. carrément favorite… vu d’Europe. Aux États-Unis, ils sont 74% à prédire un triomphe US. Même les cadres helvétiques les plus expérimentés abordent cette finale avec calme. Chez les anciens, l’enjeu est immense, mais la pression ne semble pas altérer la lucidité. On devine, chez certains, une conscience du moment historique, mais aussi une volonté de ne rien précipiter. L’heure est à la maîtrise.
De l’autre côté, les États-Unis n’ont plus disputé de finale mondiale depuis 1950 et courent après un titre depuis 1933. Autant dire une éternité. Leur victoire éclatante contre la Suède en demi-finale (6-2) a montré que cette disette pourrait bien prendre fin. À mi-match, les Américains menaient déjà 4-0 dans un Globe Arena stupéfait, illustrant une montée en puissance nette depuis leur défaite contre la Suisse en phase de groupes. Leur attaque s’est libérée, leur jeu s’est fluidifié, et la confiance a gagné tout le groupe. Dans leur vestiaire trône le maillot d’un des leurs, disparu tragiquement cette saison dans un accident de voiture. Motivation supplémentaire. Dans le camp suisse, la volonté d’offrir à Andres Ambühl la médaille d’or pour le dernier match de sa fabuleuse carrière parait des plus naturelles.
Ce soir, au cœur d’une Avicii Arena chauffé à blanc, ce ne sera pas seulement un match. Ce sera un face-à-face entre deux générations en quête de légitimité. Un duel entre un géant en sommeil et une nation qui rêve d’écrire, enfin, la plus belle page de son histoire. La Suisse n’a jamais été aussi proche de l’or. Et cette fois, elle ne vient pas pour rêver. Elle vient pour gagner.