À 12h20 en ce mardi, le Kazakhstan jouera sa place dans le groupe mondial face à la Suisse. Deux équipes, deux objectifs différents: si les Helvètes tenteront de peaufiner certains détails avant leur quart de finale de jeudi, leur adversaire tentera de freiner l’ascension d’un adversaire devenu quasiment leur égal hiérarchique, la Hongrie. Passation de «pouvoir» entre deux nations condamnées à jouer les rôles secondaires au classement de l’IIHF? Les Kazakhs doivent au moins arracher un point face aux Helvètes, sous peine de connaître un nouveau séjour dans l’antichambre et laisser les Magyars continuer leur développement.
Si le Kazakhstan n’est pas toujours cité parmi les géants du hockey mondial, c’est bien parce que son histoire, façonnée dans l’ombre de l’URSS, s’est construite à force de résilience, de talent brut et d’ambitions tenaces. Depuis les années soviétiques jusqu’à ses exploits aux Jeux asiatiques, le pays s’impose aujourd’hui comme un acteur crédible de la scène internationale. Retour sur les grandes heures d’une nation en constante ascension sur la glace.
À l’ombre de Moscou
C’est dans les années 1950 que le hockey sur glace prend racine au Kazakhstan, encore république socialiste soviétique. Le premier championnat local est organisé en 1957, marquant les prémices d’une passion nationale. Des clubs comme le Torpedo Ust-Kamenogorsk deviennent des pépinières de talents, formant des générations de joueurs souvent appelés à représenter les couleurs soviétiques, puis plus tard, les siennes.
À l’ombre de Moscou, le Kazakhstan se bâtit une solide culture hockeyistique, nourrie par les valeurs d’endurance, de rigueur et de discipline soviétiques. L’effondrement de l’URSS en 1991 offre au Kazakhstan son indépendance et, avec elle, la liberté de voler de ses propres ailes dans le monde du sport. Le 6 mai 1992, la nation rejoint officiellement la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF). Une page se tourne : pour la première fois, le Kazakhstan dispute les compétitions internationales sous son propre drapeau. Cette autonomie donne lieu à une nouvelle dynamique. En moins d’une décennie, le pays parvient à se hisser parmi les meilleures équipes asiatiques, tout en nourrissant des ambitions bien plus vastes.
Entre exploits et ascenseur
Le Kazakhstan s’offre une entrée fracassante aux Jeux olympiques d’hiver de Nagano en 1998. Attendue comme une équipe mineure, la sélection surprend le monde entier en atteignant les quarts de finale. L’aventure olympique se poursuit en 2006 à Turin, mais sans parvenir à rééditer l’exploit.En championnat du monde, le Kazakhstan joue souvent le rôle d’« équipe ascenseur », alternant montées et descentes entre la division élite et la division I. En 2019, il retrouve avec brio l’élite mondiale en remportant le Groupe A de Division I, confirmant sa capacité à rivaliser au plus haut niveau. Mais c’est surtout sur la scène régionale que le Kazakhstan s’impose en force dominante. Aux Jeux asiatiques d’hiver, les Kazakhs remportent à ce jour cinq médailles d’or, dont une éclatante victoire en 2025, affirmant leur hégémonie sur le continent.
Le hockey kazakh s’appuie aujourd’hui sur un pilier solide : le Barys Astana, club phare évoluant en KHL, la Ligue continentale de hockey, considérée comme la deuxième plus relevée après la NHL. Cette participation permet au Kazakhstan d’élever le niveau de ses joueurs et d’exposer sa jeune génération au plus haut niveau.
La fédération mise aussi sur la formation, multipliant les académies et les initiatives pour populariser le sport dans tout le pays. Une stratégie long terme, résolument tournée vers l’élite mondiale. De l’anonymat soviétique aux projecteurs internationaux, le Kazakhstan trace patiemment sa voie. Pas encore un géant du hockey, mais déjà bien plus qu’un outsider. Une équipe capable de troubler l’ordre établi, et un pays où la glace, loin d’être hostile, est devenue terrain de fierté nationale. Mais pour cela, encore une fois, il faudra prendre un point à la Suisse tout à l’heure…