À 34 ans, Tomas Tatar quitte l’Amérique du Nord et la NHL pour relever un nouveau défi à Zoug. Le Slovaque, auteur de 509 points (234 buts) en 983 matchs dans la meilleure ligue du monde, s’est engagé pour deux saisons avec le club de Suisse centrale, déterminé à effacer l’humiliation subie face à Davos au printemps dernier.
Drafté au deuxième tour en 2009 par Detroit, Tatar s’est taillé une réputation de marqueur constant, capable d’évoluer dans un rôle offensif de premier plan tout en s’adaptant aux besoins de l’équipe. Après des débuts prometteurs à Detroit, ponctués d’une victoire en AHL et d’un titre de MVP des playoffs en 2013, le Slovaque a connu plusieurs mutations : Vegas, Montréal – où il a brillé aux côtés de Danault et Gallagher –, New Jersey, puis Colorado et Seattle, sans jamais réussir à s’imposer durablement en séries éliminatoires, un point que nombre de recruteurs n’ont cessé de relever.
« C’est un ailier naturellement créatif, un patineur explosif qui sait se montrer imprévisible dans les petits espaces, résume un scout canadien. Mais son jeu sans la rondelle et sa constance défensive ont parfois limité son temps de glace en fin de saison, surtout en playoffs où l’exigence physique est accrue. » À Zoug, Reto Kläy, directeur sportif, entend exploiter cette dimension offensive au centre, un pari audacieux quand on sait que Tatar a principalement évolué sur l’aile gauche en NHL. Mais l’homme reste un atout pour la relance offensive du club, grâce à sa mobilité et à son expérience des situations spéciales.
« S’il conserve ses jambes et reste engagé physiquement, il peut encore dominer dans une ligue comme la National League, où l’intensité est plus diffuse qu’en NHL », nuance un recruteur de la conférence de l’Est. « Mais tout dépendra de sa motivation. À Montréal, quand il se sentait valorisé, il a tiré le meilleur de ses coéquipiers. »
Formé à Dubnica et Trencin, berceau de talents comme Gaborik et Chara, Tatar reste un cadre incontournable de la sélection slovaque, présent aux Mondiaux et déjà assuré de disputer les Jeux olympiques de Milan en 2026. À Zoug, il incarne à la fois l’expérience et l’ambition : celle d’un club qui refuse toute reconstruction et s’offre un buteur reconnu pour mener la révolte.
