Il fête aujourd’hui ses 68 ans. Le temps de la retraite, peut-être, pour celui qui fut au centre de la plus grande lessive de l’histoire de la NHL. Il y a quelques mois, les Sabres de Buffalo décident de faire table rase. En plus du directeur-général Jason Botterill et ses adjoints, l’organisation annonce avoir congédié un total de 22 membres. On y trouve notamment dix recruteurs amateurs et un recruteur professionnel, un certain John Van Boxmeer, poste qu’il occupait depuis 2013. Un nom qui résonne encore dans les couloirs des patinoires de Berne et Lausanne, car le bonhomme – rougeaud quand il n’était pas content – n’avait laissé personne indifférent. Mais il avait aussi un peu disparu des radars depuis son départ du Lausanne HC, le 23 octobre 2012, remplacé par Gerd Zenhaüsern. Le premier (et seul) limogeage de sa carrière.
Coach à deux visages – il pouvait être d’une sensibilité extrême, mais aussi être un véritable tyran – qui pouvait difficilement faire l’unanimité, il resta tout de même au LHC à cheval sur quatre saisons (de 2009/10 à 2012/13), menant l’équipe au titre de deuxième division lors sa première année, lorsqu’il remplaça Terry Yake en cours d’exercice. Sans pouvoir toutefois fêter la promotion, objectif récurrent que le Lausanne HC ratait de saison en saison. C’était pour obtenir son ticket pour la LNA que le club vaudois l’avait engagé suite à ses trois saisons au SC Berne… en oubliant qu’aucun trophée supplémentaire n’était venu garnir l’armoire aux trophées du club de la capitale.
Une grosse carrière, mais pas une grande carte de visite
Le manque de titres, c’est peut-être ce qui caractérise le plus la carrière de l’Ontarien. Outre son titre avec le club vaudois, seule une Calder Cup avec Rochester (AHL) en 1987 vient soutenir sa carte de visite. Mais il faut dire aussi que Van Boxmeer s’est souvent contenté d’un rôle de second. S’il fut head-coach en AHL et IHL, jamais il n’eut sa chance en NHL, Buffalo et les NY Rangers lui ayant proposé des postes d’adjoint uniquement. Après plus de vingt ans dans l’ombre, l’Américano-canadien a vu à l’époque une belle opportunité de sortir des entiers battus en rejoignant le championnat de Suisse. Une décision un peu atypique, à l’époque pour un coach tout de même estampillé NHL.
Avec les stars de la Série du siècle
Atypique comme le défenseur à fort instinct offensif qu’il fut aussi dès le début des années 70. Mais sa carrière (de joueur) aurait aussi pu prendre une toute autre tournure. Alors qu’il était encore joueur junior, il reçut en 1972 un appel de son agent Alan Eagleson, une des stars du milieu à l’époque, qui lui annonce que l’équipe canadienne – qui allait participer à la série du siècle – avait besoin d’un défenseur d’âge junior. Sa tâche? Remplacer le fameux Jacques Laperrière, touché dans sa chair. John van Boxmeer, sans toutefois intégrer l’équipe en compétition, eut donc la possibilité de côtoyer les stars de l’époque sur la glace.
L’histoire avait été suffisamment inédite pour qu’elle revienne positivement aux oreilles des Canadiens de Montréal, équipe qui l’avait repêché en 1re ronde en 1972. Il y resta quelques saisons, de 1973 à 1976. Mais lassé de devoir faire des navettes avec les Voyageurs de Nova Scotia (le club-ferme évoluant en AHL), il demanda à son coach Scotty Bowman d’être échangé aux Colorado Rockies (NHL). 189 matches plus tard, soit au coup d’envoi de l’exercice 1989/90, c’est le même Scotty Bowman qui allait le rechercher pour renforcer les rangs des Sabres de Buffalo. Il y connaîtra sa meilleure saison comptable (76 points en 88 parties en 1982) avant de subir une baisse de régime. Une vingtaine de matches avec les Nordiques de Québec, un peu de AHL et il mettait un terme à sa carrière de joueur. La transition de joueur à coach fut aussi inédite puisqu’il joua deux matches en 1984 avant de se retrouver sans transition sur le banc des Americans Rochester (AHL).
Libre de tout engagement, mais encore très au fait des choses du hockey, Van Boxmeer a-t-il définitivement tiré sa révérence?