«Affaire Huguenin»: une sanction qui ne tient pas compte, encore une fois, des arguments du joueur

«Affaire Huguenin»: une sanction qui ne tient pas compte, encore une fois, des arguments du joueur

Illustration: PH

Le communiqué de la Ligue est laconique, mais il soulève encore une tonne de questions. Car les huit matchs de suspension contre Anthony Huguenin sont suffisamment exceptionnels pour que l’on comprenne le pourquoi du comment. Car il y a bien le rapport d’arbitre sur lequel va se baser le juge (avec les vidéos, bien sûr) et l’interprétation du joueur et du club qui vont parfois en confrontation directe.

Revoyons les faits en lisant les faits relevés par les instances supérieures, en résumé. «A 58:48 dans le troisième tiers-temps, il y a une situation d’Icing. Le juge de ligne #33 (réd.: Amman) recule le long de la bande devant le joueur #27 (réd.: Huguenin) du HCC. Le joueur #27 du HCC voit alors le juge de ligne devant lui. A la hauteur de la ligne bleue, le joueur du HCC donne intentionnellement une forte poussée au juge de ligne, avec canne à deux mains contre le torse du juge de ligne. Le juge de ligne #33 tombe ainsi en arrière sur la glace, le dos et l’arrière de la tête dans la bande. Un contact avec un juge de ligne n’est pas nécessaire et aurait dû être évité.» Qu’il soit fautif ou pas, Huguenin était allé auprès de M. Amman et s’était excusé pour le contact.

Du côté du club, on pencherait plutôt pour la version suivante, car on conteste le côté intentionnel: «Quand il s’est retourné, Huguenin a eu le réflexe de lever sa canne à deux mains.» L’enquête précise: «Bien que l’action semble délibérée, il (réd.: Huguenin) tient à souligner que cela ne reflète en aucun cas son jeu.» Il et vrai que quand on ne s’attend pas à trouver quelqu’un sur sa trajectoire, on adopte souvent une posture de protection.

Le rapport précise encore, parlant du joueur: «L’incident s’est produit dans une situation de jeu où il était gêné par la position de l’arbitre. Il aurait instinctivement levé les bras pour se protéger de la collision imminente. Il comprend cependant que cette action est inacceptable et n’a pas sa place sur une patinoire. Il regrette profondément cet acte. Il n’a jamais été sanctionné dans sa carrière pour un comportement agressif ou d’un comportement irrespectueux, il n’a jamais fait l’objet de sanctions disciplinaires.»

Vision unilatérale et protectionniste

Encore une fois, au visionnement des images, on regrettera la vision unilatérale et protectionniste du corps arbitral. Le rapport précise, comme c’est souvent le cas, que: « le juge de ligne était dans une position correcte pour la situation de jeu en question, en particulier concernant sa trajectoire. L’accusé aurait donc dû voir le juge de ligne et éviter le contact.»

Ce qui est gênant dans cette affaire, c’est encore une fois que Ligue estime le geste soit intentionnel. Or, Anthony Huguenin est à l’opposé de l’image que l’on donne de lui. Avec le recul, les arbitres auraient pu (dû?) donner à leur rapport un accent moins culpabilisant. Et laisser au joueur – surtout sur la base de ses états de service et son casier judiciaire vierge – le bénéfice du doute. Mais non, encore une fois, ce sont les écrits qui ont prévalu. Classé en catégorie III, la sanction ne pouvait être que sévère.

La catégorie III comprend tous les faits dans lesquels un joueur porte intentionnellement atteinte à l’intégrité physique d’un arbitre. La sanction de cette catégorie est une suspension d’au moins cinq matches, assortie d’une amende. Précision pour l’application :«par « intention », il faut entendre toute préméditation, y compris l’intentionnelle.

Préméditation, intention, nous relèverons de façon ironique que bien sûr Huguenin avait tout le temps d’imaginer son scénario en une fraction de seconde. Il paraît même qu’il était venu en repérage la semaine précédente. Bref… L’arbitre faisant partie du jeu, pourquoi serait-il toujours l’homme que l’on doit contourner alors que l’attention du joueur – comme pour l’arbitre d’ailleurs – est portée sur le jeu? Un juge de ligne, parfois par sa mauvaise position, peut aussi toucher un joueur par accident. Sera-t-il sanctionné pour autant? Ne devrait-on pas plutôt revoir le fait qu’un juge de ligne, souvent, pourrait adopter une posture qui n’est pas forcément arrière? Lire un peu plus loin dans les considérants que le joueur est un professionnel expérimenté et doit savoir où se trouve l’arbitre est très discutable. Du coup, le juge considère que l’intention de porter le coup était réelle, ce qui est encore plus aberrant. Et qu’il y avait mise en danger de la santé du linesman. Pour mémoire, celui-ci a terminé le match (avec, dit-il, des douleurs au cou et à la tête)…

Deux poids, deux mesures qui nous déplaisent. D’un côté un juge de ligne qui fait son travail mais qui doit aussi tenir compte du jeu, à notre sens, et ainsi protéger ses arrières, surtout lorsqu’il est en position vulnérable. De l’autre un joueur qui n’est pas méchant, même parfois trop gentil selon son entraîneur, et qui a manqué de réflexe dans un laps de temps très réduit et a tenté de se protéger de la façon qui lui a semblé sur le moment la plus efficace.

Le cas Manninen moins grave!

Pour se prémunir de toute polémique, les instances «judiciaires» avancent le «cas Manninen» en comparaison. Elles précisent que. «ce cas est considéré comme éventuellement intentionnel et que, compte tenu des circonstances (choc plus léger [que le choc en question] et qu’il y a eu réaction de repentir, ce qui place la sanction dans la partie la plus basse de la fourchette des peines de la catégorie III.» Sakari Manninen a pris cinq matchs.

Donc le cas présent est considéré comme beaucoup plus grave. «L’accusé aurait pu agir différemment sans problème. Mais il a délibérément choisi d’envoyer un puissant cross-check à l’homme de ligne qui reculait devant lui pour l’écarter du chemin. Un tel comportement est extrêmement irrespectueux et implique le risque de blesser le linesman. Cela est beaucoup plus grave que le «cas Manninen » mentionné plus haut.»

Aujourd’hui, le HC La Chaux-de-Fonds devrait logiquement faire recours. Mais cela en vaut-il la peine? Le fera-t-il? Jamais il n’obtiendra que l’on tienne compte de la bonne foi de son joueur. Résultat: la procédure, coûteuse, est vouée à l’échec, à notre sens. En revisionnant les images des deux cas qui nous préoccupent, on se dit surtout qu’il y a une chose que les instances dirigeantes oublient souvent (pour ne pas dire toujours): la bonne foi d’une des parties. Et c’est toujours celle des joueurs qui passe à la poubelle.


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