Porrentruy – Marc Savary
De la Bénichon fribourgeoise à la Saint-Martin ajoulote, Kilian Mottet aura traversé cette saison bien plus qu’un simple changement de club. Désormais sous les couleurs du HC Ajoie, l’attaquant fribourgeois a affronté ce vendredi dernier, dans une Raiffeisen Arena chaude bouillante pour la quatrième fois de la saison, son ancien club formateur. Troisième confrontation de l’a saison’exercice entre Ajoie et Fribourg-Gottéron, et une Raiffeisen Arena qui s’annonce encore une fois en fusion. Ici, à Porrentruy, le public ne se contente pas de regarder : il vit chaque mise en jeu comme un combat et chaque occasion comme une célébration. Une ambiance brute, chaleureuse, presque festive. Un clin d’œil naturel à la culture ajoulote, elle qui vit au rythme de la Saint-Martin.
Au centre de ce rendez-vous survolté, l’enfant du pays fribourgeois devenu, en quelques mois, l’un des visages familiers de la glace jurassienne. Lui qui a longtemps mené sa carrière du côté de Fribourg se retrouve désormais à défendre une terre où les traditions ont un parfum différent, plus robuste, plus direct. Ce soir, c’est à lui d’accueillir ses anciens coéquipiers dans son nouveau fief, la Raiffeisen Arena. Son passage à Ajoie n’a rien d’un exil, mais s’inscrit dans une transition réfléchie. Mottet y a retrouvé du temps de jeu, des responsabilités et la confiance d’un club qui compte sur son expérience. Il s’est rapidement intégré dans un environnement à forte identité, porté par un public exigeant et fidèle.
Sur la glace, la confrontation s’annonce forcément particulière. Face à Fribourg-Gottéron, Mottet croisera des visages familiers et des repères forgés au fil des saisons. Mais l’enjeu dépasse l’histoire personnelle. À Porrentruy, il est aujourd’hui pleinement engagé dans un projet collectif et concentré sur la performance de son équipe. Il n’est plus question de retrouver un passé, mais d’assumer un rôle présent. Ce soir, Kilian Mottet défendra ses couleurs devant son public.
Nouveaux défis
Nous avons eu l’occasion d’échanger avec lui en marge de cette rencontre. Disponible et précis dans ses réponses, l’attaquant ajoulot est revenu sur son intégration à Ajoie, ses objectifs personnels et les spécificités d’une saison marquée par un calendrier particulièrement dense. Entre continuité et nouveaux défis, il s’est exprimé avec la lucidité et la franchise qu’on lui connaît.
Vous avez rejoint une région à l’identité très marquée et un club qui vit beaucoup à travers son public. Comment décririez-vous votre intégration au sein du vestiaire Ajoulot et dans le Jura en général ?
Très bien. Je connaissais déjà un peu la région, donc je ne suis pas arrivé en terrain complètement inconnu. L’intégration s’est faite naturellement. Les gars m’ont très bien accueilli dans le vestiaire, et les gens en ville sont très gentils : toujours un bonjour, un salut, ce sont des choses qui marquent Et puis au match, le public est toujours présent, ils font énormément de bruit, ce qui est très important pour nous.
Après une saison faite de transition et de nouvelles responsabilités, quels objectifs personnels vous fixez-vous pour les prochains mois et la prochaine saison ?
Pour la fin de saison, l’objectif est surtout de tout donner pour aider l’équipe à prendre un maximum de points et aller de l’avant.
Pour la suite, je n’ai pas toutes les cartes en main et ce n’est pas le moment d’y penser. J’ai d’autres priorités actuellement. On fera le point une fois la saison terminée pour voir ce qui se passera.
Cette année, le calendrier est particulièrement chargé avec les Jeux olympiques et un rythme de matchs très soutenu. Comment vivez-vous cette densité, et quel impact cela a-t-il sur le corps, la récupération et la préparation physique ?
Oui, c’est vrai que l’on enchaîne beaucoup de matchs. Je crois que Nathan Marchon en parlait récemment : parfois, il y a même moins de 24 heures entre deux rencontres. Dans ces conditions, il faudrait peut-être mieux réguler le calendrier pour la protection des joueurs. Cela dit, physiquement, on est prêts à jouer beaucoup de matchs à la suite, donc ce n’est pas un énorme problème. Mais si on peut améliorer la récupération et l’organisation, ça aiderait les joueurs et le spectacle sur la glace serait sans doute encore meilleur.
Julien Sprunger à disputé ce vendredi soir son 1’148e match. Quel message aimeriez-vous lui adresser ?
Ça me donne des frissons. Beaucoup de gens le connaissent comme joueur, mais j’ai la chance de le connaître aussi personnellement. Avec les années, il est devenu un vrai ami, un ami proche. 1’148 matchs, ça en dit long sur sa carrière exceptionnelle et sur l’image qu’il renvoie du hockey suisse, pas seulement à Fribourg, mais dans toute la Suisse. C’est un exemple pour énormément de joueurs. Je lui tire un grand coup de chapeau et je lui souhaite encore beaucoup de matchs.
C’est surtout une très belle personne, qui a été présente pour moi dans les bons comme dans les mauvais moments. Je le remercie sincèrement et je lui dis un grand bravo.
Pour avoir dégusté la Bénichon et la Saint-Martin… Laquelle de ces traditions vous correspond le plus ?
(Rires) La bénichon, clairement. J’ai grandi à Fribourg, donc c’est une tradition qui me parle davantage.
Loin d’un simple chapitre transitoire, son passage dans le Jura semble s’inscrire dans la continuité logique d’un joueur arrivé à maturité, en quête de responsabilités, de confiance et d’authenticité. Sur la glace comme en dehors, Mottet s’est approprié l’esprit ajoulot avec naturel, au point de devenir l’un de ses visages familiers. Et si le hockey reste un sport de mouvement, certaines étapes ressemblent davantage à un point d’ancrage qu’à un détour. À Porrentruy, tout laisse à penser que Kilian Mottet a trouvé bien plus qu’un refuge momentané : un véritable point de chute, capable d’accueillir ses ambitions présentes… et probablement celles des saisons à venir.
