Le HC Bienne aborde un tournant majeur. Après trois saisons en dents de scie — une finale perdue en 2022, une élimination en quarts l’année suivante, puis une absence des playoffs en 2024/25 — le club de la Tissot Arena veut tourner la page et relancer une dynamique gagnante. Ce passage à vide n’efface en rien le chemin parcouru par le club ces dix dernières années. De simple outsider, Bienne est devenu un acteur redouté du hockey suisse, grâce à une profonde transformation tactique et à une vision stratégique affirmée.
À la fin des années 2010, les Seelandais se distinguaient par un jeu intense, direct, basé sur le forechecking et les transitions rapides. Un style efficace face à des adversaires techniques, mais qui peinait à franchir un cap contre les poids lourds de la National League. À partir de 2019, une mutation s’opère : le HC Bienne adopte un jeu plus réfléchi, misant sur la possession, la gestion du tempo et une structure défensive plus élaborée. Le repli en zone neutre devient plus fluide, les sorties de zone plus propres, et l’équipe gagne en cohérence dans toutes les phases de jeu. L’arrivée de profils polyvalents a renforcé cette mue : d’un hockey réactif, Bienne est passé à un style construit, axé sur l’intelligence collective.
Recrutement ciblé
Cette évolution tactique s’est confirmée lors de la dernière saison, malgré des résultats en berne. Capable d’adapter son système en fonction de l’adversaire, le club a montré une flexibilité rare : forecheck en 1-2-2 ou 2-1-2, défense haute ou bloc bas, lignes aux rôles modulables. Une maturité rendue possible grâce à un recrutement ciblé, où chaque joueur est choisi non seulement pour ses qualités, mais pour sa capacité à s’intégrer dans différents schémas. Martin Steinegger, le directeur sportif, a dû composer avec des moyens limités, mais sa vision reste cohérente.
C’est dans cette logique de continuité tactique que le EHC Biel-Bienne a lancé sa campagne de renforcement pour 2025/26. Aucun changement n’est à signaler chez les gardiens, mais le club a frappé fort en défense et en attaque. En défense, deux renforts étrangers de qualité font leur arrivée : le Suédois Linus Hultström (32 ans, Linköping HC) et le Finlandais Oskari Laaksonen (25 ans, Luleå HC), tous deux en provenance de la SHL. Ils apporteront mobilité, relance et expérience à une ligne bleue en reconstruction après le départ d’Alexander Yakovenko.
Côté offensif, Bienne mise sur l’impact scandinave avec l’arrivée de l’ailier droit Marcus Sylvegård (25 ans, Växjö Lakers), tandis que le Tchèque à licence suisse Petr Cajka (24 ans, BK Mladá Boleslav) viendra renforcer la ligne centrale ou l’aile gauche. Deux joueurs capables de s’inscrire dans un système de jeu exigeant et fluide. Le club poursuit également sa politique de promotion interne, en intégrant trois jeunes espoirs à l’effectif professionnel : Niklas Blessing (défenseur, 2006), Nolan Cattin (ailier droit, 2006) et Guillaume Käser (centre/ailier gauche, 2005). Enfin, il y a cette rumeur qui aménerait Thomas Bordeleau, le fils de qui vous savez, à la Tissot Arena.
Des départs à compenser
En parallèle, plusieurs départs modifient sensiblement le visage de l’équipe. En attaque, le Finlandais Aleksi Heponiemi a rejoint la SHL (Husqvarna Vätterstad 1971), l’Américain Anthony Greco quitte également le club, tout comme les Suisses Ian Derungs (définitivement transféré à Thurgau), Ramon Tanner, Jérôme Bachofner et Luca Cunti dont la destination n’est pas encore connue.
Le HC Bienne reste fidèle à son ADN combatif, tout en poursuivant sa montée en gamme stratégique. Si les résultats n’ont pas suivi ces deux dernières années, la structure est solide, l’organisation claire, et les choix de recrutement montrent une volonté de construire sur du long terme. Si Steinegger parvient encore à débloquer deux ou trois noms suisses de valeur, la saison 2025/26 pourrait bien marquer le début d’un nouveau cycle, plus stable, plus cohérent… et pourquoi pas, à nouveau compétitif.