Bellinzona – Filippo Frizzi
Des 200’000 habitants de Genève aux un peu moins de 1’000 de Bodio, en passant par la ravissante localité finlandaise de Kokkola, à 500 kilomètres au nord d’Helsinki. Il ne s’agit pas d’un itinéraire insensé imposé par un GPS « devenu fou ». C’est l’histoire d’un jeune homme de 23 ans, passionné de hockey, qui a choisi de vivre loin de chez lui pour transformer sa grande passion en une carrière professionnelle.
Il s’appelle Thomas Moreno, Genevois, défenseur nourri au pain et au hockey sur glace. Le père de Thomas – qui depuis cette année soutient les Bellinzona Snakes – est l’ancien arbitre Vincent Moreno, qui l’a mis sur des patins dès son plus jeune âge. Quitte à ne pas toujours en retirer des satisfactions. Un exemple? Hier soir, son équipe de Bellinzone s’est pris un douloureux 9 à 0 à Sierre. Tiens, mais au fait, pourquoi le Tessin? «Après avoir terminé mes études, je voulais que le hockey sur glace devienne ma profession. C’est pourquoi j’ai quitté Genève pour Kokkola, en deuxième division finlandaise, où le rythme est très élevé. Cette expérience m’a permis d’acquérir davantage de compétences en patinage et en rapidité, tant de pensée que de technique. J’ai joué plus de 45 matchs avec le maillot du Hermes Kokkola. Une expérience vraiment importante pour moi. Ensuite, j’ai effectué une bonne préparation estivale à Genève avant d’arriver à Bellinzona.»
Depuis que les dirigeants du hockey suisse ont décidé d’augmenter le nombre d’étrangers, les jeunes helvétiques ont vu leurs opportunités se réduire. Est-ce l’une des raisons de ton départ ? Aucun espace en Suisse ?
Je ne le formulerais pas ainsi. Je m’explique : après Genève, j’aurais voulu rester en Suisse. Mais j’ai ensuite compris que, pour progresser dans le hockey, il faut aussi grandir dans la vie. Je suis jeune et je me suis dit : pourquoi pas ? Ce n’a pas toujours été facile en Finlande, mais cela a été une étape importante de ma carrière et de mon développement personnel.
Supporter de Genève, tu as vécu le titre suisse et la victoire en Champions Hockey League. Une joie indescriptible, à moins de l’avoir vécue en direct…
Ce fut une saison indescriptible. J’ai eu la chance de m’entraîner à quelques reprises avec la première équipe et de rencontrer Alessio Bertaggia. Un garçon simple, cordial, qui a toujours apporté beaucoup d’énergie et d’émotions sur la glace.
Qu’a dit ta mère Laurence Poget à ton père quand il t’a mis des patins pour la première fois ?
Bonne question… Mon père était arbitre et je le suivais souvent sur la glace, principalement à Meyrin. Je lui serai toujours reconnaissant, car je considère le hockey sur glace comme le plus beau sport du monde. Mon frère Fantin m’a d’ailleurs accompagné en tant qu’agent durant les premières années de ma carrière.
Tu as aussi joué à Winterthour : le Tessin, donc, comme choix pour découvrir une autre région de la Suisse ?
Jouer à Bellinzona me permet de découvrir une autre réalité de la Suisse. La ville est adorable, pas trop grande mais à taille humaine. Au Tessin, il fait chaud et il y a des lieux magnifiques à visiter. J’adore les châteaux de Bellinzona, et je suis aussi allé à Locarno et dans la vallée de la Verzasca.
Le saut de Genève à Bodio est grand : d’une ville qui offre tout à un petit village au nord de Biasca, avec très peu de distractions…
Eh bien, c’est sûr, mais à Bodio nous sommes cinq à vivre dans le même immeuble, avec des coéquipiers romands et suisses alémaniques. L’ambiance est bonne, nous nous soutenons les uns les autres.
Vous êtes derniers au classement et encore à la recherche de votre première victoire de la saison. Quelle est l’ambiance ?
Personne n’aime perdre. Nous sommes une équipe bien équilibrée, qui se bat sur chaque palet et qui aurait mérité quelques points de plus. La victoire nous manque ? Et comment ! Mais nous travaillons chaque jour pour améliorer nos performances. Je suis sûr que la victoire finira par arriver.
En attendant que cela se produise, un vœu de réussite aux Snakes et à Thomas Moreno, un jeune Genevois qui a choisi le Tessin pour faire décoller sa carrière.