Depuis septembre 2025, la mue de Fribourg-Gottéron est tangible : l’arrivée de Roger Rönnberg n’est pas cosmétique, elle redessine l’ADN du club. Sur la glace et dans les bureaux. Son premier effet ? Une rigueur tactique et une intensité de transition qui imposent désormais le rythme des matches. Sur la glace, Gottéron veut frapper vite et couper les lignes adverses en sortie de zone, favorisant les contre-attaques rapides et un powerplay retravaillé pour créer de l’espace en zone haute. Dans les bureaux, une approche encore plus professionnelle dans ses différents secteurs d’activité.
Techniquement, Rönnberg privilégie un 1-2 forecheck agressif, réclame des montées défensives coordonnées et met l’accent sur la mobilité des défenseurs pour alimenter l’avant-troupe. Une recette qui augmente les occasions mais exige de la concentration sur 60 minutes. Là, il y a encore un peu de travail à faire. Tactiquement, on voit plus de permutations offensives et des attaques appuyées sur les ailes pour solliciter le gardien adverse. C’est là que l’on retrouve un certain Marcus Sörensen, encore plus fort lorsqu’il peut évoluer aux côtés de Lucas Wallmark lorsqu’il n’est pas blessé. Les Sandro Schmid et autres Christoph Bertschy – joueurs très convoités – restent aussi au bercail, le contingent est en place. Même au niveau de tous les étrangers, le directeur technique Gerd Zenhäusern peut être satisfait de ses choix… qui conviennent bien à ce que veut produire son coach.
Pari sur la jeunesse d’ici et d’ailleurs
Fribourg-Gottéron mise également clairement sur la jeunesse pour bâtir l’avenir du club. Sous Zenhäusern, les Dragons renforcent leurs liens avec leur filière junior : les Young Dragons produisent régulièrement des talents qui montent en puissance dans les catégories U18 et U21. Grâce à ce vivier, Gottéron peut intégrer de temps à autres des jeunes dans le roster NL ou les voir partir en prêt pour gagner du temps de glace. Et puis, Zenhäusern ne se limite pas à la production locale : il scrute aussi le marché pour attirer de jeunes talents étrangers ou suisses prometteurs, tout en complétant le noyau avec des joueurs expérimentés quand il le juge nécessaire. Les Ludwig Johnson ou Attilio Biasca, bientôt rejoints par Jamiro Reber, par exemple…
Cette stratégie mixte — développement interne et repérage externe — montre que Gottéron ne se contente plus de rassembler des vétérans avec encore quelques ressources comme ce fut le cas à une époque pas si lointaine mais aussi moins porteuse de revenus supérieurs, mais veut créer un flux continu de jeunes à fort potentiel. Si cela peut parfois ralentir les résultats immédiats, c’est une feuille de route ambitieuse qui pourrait faire du club un modèle de développement à long terme.
Viser le titre
Bien sûr, le départ de Reto Berra pour Kloten à la fin de la saison inquiète un peu, car le bonhomme, depuis le début de la saison, reste un des deux meilleurs potiers du championnat. Mais repartir avec deux gardiens (Ludovic Waeber, Loïc Galley) plus jeunes et de talent est une volonté du club. Reste à espérer que leur phase ascendante se produise au même moment que le reste d’un contingent mûr pour toucher la Coupe. Car le discours est clair: «Je ne partirai pas de Fribourg sans avoir été champion!» Rönnberg le clame, le club s’y prépare, et la base dirigeante a enveloppé le projet d’une exigence professionnelle inédite à la BCF Arena. Reste un point à corriger : la régularité — après de belles performances Gottéron a parfois peiné à enchaîner, symptôme d’une équipe encore en construction. Bilan provisoire : une identité retrouvée, des principes de jeu modernes et l’ambition affichée de briser le plafond historique. Si la mécanique tient sur la durée, la mue commencée cet automne pourrait bien conduire Gottéron vers un printemps bouillant.
