FRIBOURG – une mue tactique au service de l’ambition

FRIBOURG – une mue tactique au service de l’ambition

Photo: Laurent Daspres

Longtemps perçue comme une équipe au style flamboyant mais parfois trop permissive défensivement, Fribourg-Gottéron a peu à peu opéré une transformation tactique profonde ces dernières saisons. Entre rigueur accrue, adaptation au hockey moderne et valorisation de ses forces locales, le club fribourgeois affiche aujourd’hui une identité mieux structurée – reflet d’un projet à long terme. Soyons clair: le Gottéron d’aujourd’hui, celui du désormais duo Rönnberg-Leuenberger, doit beaucoup à Christian Dubé.

À l’orée des années 2010, Gottéron était synonyme de spectacle. Avec des joueurs créatifs comme Benjamin Plüss ou Julien Sprunger à leur sommet, l’équipe misait sur un hockey porté vers l’offensive, au risque d’exposer son arrière-garde. La belle époque aussi des compteurs Andrei Bykov, Christian Dubé encore joueur ou Simon Gamache. Si ce style a parfois offert des campagnes de playoffs palpitantes, il a aussi montré ses limites face à des adversaires mieux organisés, notamment dans les moments clés. Le tournant est venu progressivement, notamment sous l’impulsion de l’arrivée de coachs plus tacticiens comme Mark French, puis Dubé. Ce dernier, en tant qu’entraîneur et ensuite coiffé de la casquette de directeur technique a insufflé une philosophie plus structurée, misant davantage sur la gestion du rythme, le jeu sans palet et la discipline défensive.

Une défense modernisée et plus mobile

L’un des changements les plus visibles a été l’évolution du rôle des défenseurs. Traditionnellement, dirons-nous, le maillon faible des Dragons. Exit les arrières purement physiques, place à des profils mobiles, capables de relancer rapidement le jeu et de s’impliquer offensivement sans déséquilibrer le bloc. Des joueurs comme Ryan Gunderson ou Raphael Diaz ont incarné ce virage dès le début des années 2020, apportant expérience, vision et qualité technique à la ligne bleue. Ces deux défenseurs ont incarné la mutation vers une défense mobile et technique. Leur lecture du jeu, leur relance propre et leur contribution en supériorité numérique ont transformé le profil défensif fribourgeois. Diaz, en particulier, a aussi porté le brassard de capitaine et aidé à transmettre une culture du professionnalisme à la nouvelle génération.

Avec des arrières expérimentés comme Philippe Furrer au début, puis Benoît Jecker ou Dan Sutter, le renouveau du système fribourgeois repose alors sur une sortie de zone fluide, souvent en soutien à trois, et un repli rapide dès la perte du palet. Cette organisation permet de mieux contenir les contre-attaques et de conserver l’initiative dans le tempo du match. Aujourd’hui, avec l’apport d’un Yannick Rathgeb retrouvé et l’arrivée d’Andreas Glauser pour remplacer Diaz, la solution tactique proposée à Rönnberg ne peut que renforcer l’attaque à cinq sans sacrifier une certaine solidité. Restera toutefois à digérer le départ de Gunderson, décision difficile au vu de la saison 2024/25 exceptionnelle de l’Américain. Le duo Michael Kapla (USA) – Patrik Nemeth (SWE) est prêt à compenser. Avec la confirmation d’un Maxiimilian Streule devenu indispensable et la belle contribution d’un Ludvig Johnson prometteur, Gottéron aura la meilleure défensive de tout le championnat avec celle de Zurich.

Offensivement, l’époque du forecheck systématique, qu ressemblait parfois à des actions orchestrées par des poules sans tête, et énergivore a laissé place à une approche plus sélective. Gottéron presse haut uniquement dans des contextes favorables – récupération rapide après une mise au fond, surnombre temporaire ou mauvaise relance adverse. Ce pressing « intelligent » reflète une meilleure lecture du jeu collectif, et permet de limiter les risques. Cette évolution s’est accompagnée d’un meilleur équilibre entre les blocs, avec une quatrième ligne plus responsabilisée dans les phases de transition défensive, et non plus cantonnée à un rôle d’usure.

Des joueurs créatifs et imprévisibles comme Chris DiDomenico (avant son départ) ou Jane Kuokkanen ou Lucas Wallmark ont permis à Fribourg d’avoir un vrai facteur X offensif. Leur capacité à faire basculer un match, même en dehors du cadre tactique, a apporté une dimension supplémentaire. En vue de la saison 2025/26, on peut prévoir encore et toujours la pré-dominance du duo Walmmark-Sörensen auquels il faudra dénicher le bon ailier et compter sur la constance du noyau large des autres attaquants. C’est là où pourrait se situer une «faiblesse, fribourgoise. Le départ de Killian Mottet acté, Il est indispensable pour le système que des gars comme Christoph Bertschy, Sandro Schmid, Nathan Marchon ou Samuel Walser connaissent une saison pleine. Elle ne l’a pas été pour certains d’entre eux et la jeune génération, pas loin d’y arriver, ne peut pas encore endosser toutes les responsabilités sur un exercice complet.

Un powerplay devenu vital

Autre point clé : l’évolution du jeu de puissance, longtemps centré sur les inspirations de Sprunger ou sur des schémas stéréotypés. On ne compte plus le nombre de situations mal engagées qui ont été rétablies grâce à l’efficacité du powerplay fribourgeois. Désormais, la première unité fonctionne comme un bloc compact, avec une circulation de palet rapide, une utilisation plus fréquente du bumper (joueur placé dans le slot) et un véritable plan de tir. Ce travail collectif, couplé à des automatismes visibles, a permis à Gottéron de grimper dans les classements d’efficacité en power-play ces dernières saisons. Marcus Sörensen, ou encore Lucas Wallmark sont passés par là. À améliorer toutefois la percussion des jeux de puissances fribourgeois qu perd en efficacité plus la pénalité avance dans le temps. Il faudra affiner l’exécution en situation de pression longue…

Le virage tactique s’est également traduit dans le recrutement. Gottéron cible des joueurs polyvalents, responsables défensivement et capables d’évoluer dans un cadre tactique exigeant. La venue de joueurs comme David Desharnais, Kuokkanen ou encore Jacob de la Rose illustre cette volonté : des profils intelligents, constants. On s’est écarté depuis quelques années du recrutemet de joueurs aux noms et statistiques ronflents, mais éloigné des vrais besoins tactiques. De quoi obtenir un volume d’attaque élevé (quand l’équipe ne ronronne pas) mais au jeu générant encore trop de tirs périphériques.

Une évolution encore en cours

Après une période hésitante sous Patrick Emond, Fribourg-Gottéron a retrouvé son ADN offensif en janvier 2025, avec l’arrivée de Lars  Leuenberger. Ce dernier a apporté plus d’agressivité, de rigueur et un système pensé pour la transition rapide, signe d’un jeu retrouvé et cohérent. Et puis, sous Leuenberger, le gardien Reto Berra a retrouvé une efficacité remarquable : plus de 90 % d’arrêts et une moyenne autour de 2,35 buts encaissés. Et les chiffres sont allés en s’améliorant durant les playoffs! Avec encore Loic Galley en back-up, les Dragons possèdent enfin une vraie alternative crédible derrière le vieux routard.

La transformation de Fribourg-Gottéron est nette et le club continue de chercher le bon équilibre entre identité offensive et solidité défensive. L’intégration progressive de jeunes talents suisses est sans doute la prochaine étape de cette mue tactique – assurant pérennité, identité locale et compétitivité. Fribourg-Gottéron ne s’est pas encore offert le titre tant espéré, mais cette génération a jeté les bases d’un club moderne, ambitieux et respecté.

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