JUNIORS U18 – Pascal schaller : «Ma carrière est extraordinaire»

JUNIORS U18 – Pascal schaller : «Ma carrière est extraordinaire»

Photo: Fribourg-Gottéron
par marc savary

Il y a, dans le regard de Pascal Schaller, une intensité rare, à l’image des passes millimétrées qu’il recevait autrefois sur la glace fribourgeoise aux côtés des légendaires Slava Bykov et Andreï Khomutov. Aujourd’hui, en plus d’une passion intacte pour le jeu, on y lit une profonde humilité : celui qui a souvent appris deux fois plus vite et travaillé deux fois plus dur que les autres sait parfaitement d’où il vient.

Après avoir fait vibrer les tribunes avec Fribourg-Gottéron dans les années 1990, sans toutefois décrocher le titre suprême, il s’est reconverti avec succès dans la formation. Entraîneur des Novices Élite (U17) du CP Berne, il a remporté le titre de champion de Suisse en 2011, une réussite qu’il porte avec une fierté discrète. Depuis, il a maintenu cette exigence au sein du projet cantonal de formation Sensee-Future, en lien avec Gottéron, jusqu’à son arrivée à Lausanne pour prendre en charge les U17 puis les U18 Élite. Aujourd’hui, en tant qu’entraîneur principal des U18 Élite pour la saison 2025/26, il forge les futures générations avec la même conviction et le même cœur qu’à ses débuts.

Nous avons profité de l’occasion pour revenir sur le quotidien de Schaller, son rôle auprès des jeunes et son regard sur l’évolution du hockey en Romandie, notamment à travers la comparaison entre les préparations physiques des années 1990 et celles d’aujourd’hui. « Au niveau des U18 Élite, la préparation estivale, la préparation physique, est gérée par des professionnels, par des préparateurs physiques. Si je compare un peu à ma période avec celle d’aujourd’hui, les jeunes sont davantage suivis, davantage encadrés dans les gestes, par exemple avec les barres. Avant, on nous mettait rapidement des barres sur le dos et on faisait de la force. Je crois que maintenant, il y a une prise de conscience beaucoup plus grande de la part des clubs envers les jeunes, qui sont tout de même dans un âge de forte croissance. Chez nous, en U18 Élite, des joueurs arrivent des U16 Élite. Ils débutent dans le travail de force et il y a une technique à apprendre : comment on lève une barre, comment on fait des squats. À mon avis, on ne peut plus comparer ma préparation physique d’alors avec celle d’aujourd’hui. »

UNE BONNE NUTRITION EST ESSENTIELLE

Un autre aspect essentiel sur lequel Schaller porte un regard attentif est la nutrition. Entre son époque de joueur et celle d’aujourd’hui, il constate à quel point ce domaine a pris de l’importance dans la formation des jeunes hockeyeurs. « La nutrition, à l’époque où j’avais l’âge d’un joueur U18, était inexistante. Nous étions des athlètes avec un bon déjeuner, un repas à midi et un repas le soir. Bien sûr, il y avait déjà quelques lignes directrices sur ce qu’il fallait manger la veille ou après un match, mais pas plus. Aujourd’hui, un jeune de 18 ans, avec ses journées chargées — école ou apprentissage, entraînements le soir et parfois à midi — reçoit pas mal de conseils de la part de nos préparateurs physiques, qui possèdent aussi des connaissances en nutrition. Chaque début de saison, on fait d’ailleurs une présentation aux jeunes pour leur montrer une sorte de fil rouge : ce qu’il faudrait emmagasiner dans la journée, surtout avec la charge qu’ils ont. Ensuite, il y a les compléments de protéines, les compléments en hydrates de carbone ou encore les produits pour la récupération active. Aujourd’hui, beaucoup de joueurs prennent quatre à cinq repas par jour avec ces compléments protéinés. Ils dépensent beaucoup d’énergie dans la journée et nous essayons aussi de les sensibiliser à l’hydratation : un litre par jour est très insuffisant au vu de leurs efforts. »

UN RYTHME FOU

D’un point de vue économique, il note également de grandes différences par rapport à autrefois, visibles autant dans les infrastructures que dans l’organisation générale du hockey. « Je crois que le hockey, économiquement, a fait un grand pas en avant, notamment si l’on observe les dernières patinoires construites. On voit qu’il y a beaucoup de réflexion derrière ces projets : gastronomie, confort des spectateurs… Les gens viennent pour le spectacle sur la glace, mais ils veulent aussi être bien installés, pouvoir se procurer à boire rapidement. Je crois que, de ce côté-là, les choses ont énormément évolué. Les salaires aussi : par rapport à mon époque, la masse salariale des joueurs a triplé ou quadruplé. Le championnat est devenu bien plus exigeant : à mon époque, je jouais 36 matchs dans la saison, plus les play-offs. Aujourd’hui, c’est 52 matchs, auxquels s’ajoutent, pour certains clubs, la Coupe Spengler, la Champions League et les matchs de préparation, soit entre 65 et 70 matchs. C’est énorme. Les joueurs sont donc beaucoup plus suivis, soignés, dorlotés, ce qui est compréhensible vu ce rythme fou. »

En tant qu’entraîneur principal, comment envisage-t-il la suite de sa carrière et quels défis aimerait-il relever ? « Ma carrière est extraordinaire. Elle a commencé sur la glace des Augustins à 7 ans et, à 17 ans, j’ai joué mon premier match professionnel. À 36 ans, après avoir tout donné au hockey, le HC Bulle-La Gruyère m’a proposé un contrat de trois ans, à condition que je termine un apprentissage d’employé de commerce et que j’obtienne mes diplômes d’entraîneur, ce que j’ai fait. Ensuite, le CP Berne recherchait un entraîneur U17 Élite. Grâce à mon bilinguisme et à mon expérience de joueur professionnel, j’ai été engagé et j’ai passé deux saisons comme head coach. Cela m’a permis d’intégrer les cadres nationaux et de poursuivre ma passion comme entraîneur. Aujourd’hui, à 54 ans, je prépare le brevet fédéral d’entraîneur et j’ai suivi une formation en management de club. Mon objectif : devenir chef formateur ou directeur sportif dans un club, encadrer les jeunes, structurer un projet à long terme et partager mon expérience avec la nouvelle génération d’entraîneurs. »

ENCORE DES FRISSONS

Après avoir retracé le parcours impressionnant de Pascal Schaller, de ses débuts sur la glace des Augustins à ses succès derrière le banc, il est clair que sa passion pour le hockey n’a jamais faibli. Son histoire illustre à la fois la persévérance, l’amour du jeu et la volonté de transmettre son savoir aux jeunes générations. Et pour mieux cerner l’homme et le joueur, il nous confie ses deux souvenirs les plus précieux : « Il y en a deux. Le premier, c’est d’avoir eu la chance de jouer sur la même ligne que deux “extraterrestres” du hockey : Slava Bykov et Andreï Khomutov. Rien que d’en parler, j’ai encore des frissons. Je les ai énormément respectés, car ils venaient d’un contexte très exigeant, celui de l’équipe nationale russe à l’époque. Ils avaient remporté deux ou trois titres olympiques et huit titres de champion du monde. Des légendes qui marquent l’histoire du hockey. Pour moi, jouer avec eux était un immense privilège et un défi : il fallait saisir cette chance et ne jamais la lâcher. Le second moment, c’est mon titre de champion suisse avec les U17 Élite du CP Berne en tant qu’entraîneur. En tant que joueur, j’avais participé à trois finales sans jamais décrocher le titre. Ce sacre représentait donc une forme de revanche et la récompense d’une saison entière de travail. Ce qui me rend le plus fier, c’est d’avoir coaché pendant deux ans des joueurs comme Christoph Bertschy, Samuel Kreis, Marco Müller, Tim Schmudt, Yannik Pelletier ou Andrea Glauser, et de les voir évoluer aujourd’hui au plus haut niveau. Ce n’est pas uniquement grâce à moi — beaucoup d’entraîneurs ont contribué à leur développement — mais avoir eu ces jeunes talents entre les mains et constater leur réussite aujourd’hui, c’est la plus belle récompense pour un coach. »

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