Par Patricia Hoche

« Je ne parle pas un mot d’italien, et ça m’embête », lance Mike Sgarbossa dans un sourire. Le nouveau centre du HC Lugano, 33 ans, a pourtant des racines bien ancrées en Vénétie. « Mon père est de Padoue, ma mère de Trévise. Mais ils ne m’ont jamais appris la langue. » Une frustration d’autant plus palpable que le joueur canadien débarque pour la première fois en Europe, dans un pays où ses origines pourraient pourtant lui servir. « J’ai reçu une lettre dans mon appart, j’ai rien compris. J’ai dû appeler ma mère sur FaceTime. Elle non plus n’était pas trop sûre, elle parle un mix d’anglais, d’italien et de dialecte vénitien », rigole-t-il. Il évoque aussi sa grand-mère de 96 ans, toujours active dans son jardin.

Le joueur sait qu’un nouveau chapitre s’ouvre pour lui. Et il est prêt. « Après sept ans dans l’organisation des Capitals, entre NHL et AHL, j’avais besoin de changement. » Il cite aussi son fils aîné, qui commençait à ressentir le poids de ses déplacements constants, les hôtels à répétation, l’absence paternelle. « Lugano s’est manifesté au bon moment. » Et puis, il y a ce besoin de redevenir un élément central. À Washington, difficile de se faire une place entre Nicklas Bäckström ou Evgeni Kuznetsov. « J’étais un peu l’homme de l’ascenseur. Un appel en cas de blessure. Je n’ai jamais vraiment eu ma chance pour m’installer durablement. (…) Timing, contexte… Il faut être au bon endroit au bon moment. »

Malgré cela, Sgarbossa est resté sept saisons dans la même organisation. Un fait rare pour un joueur de sa catégorie. « À Washington, je me suis toujours senti respecté. J’étais productif à Hershey, fiable quand on m’appelait en NHL. Et puis, avec l’âge, je suis devenu un mentor pour les plus jeunes. C’est ce professionnalisme qui m’a permis de durer. » Un scout américain, qui l’a suivi pendant plusieurs saisons, le décrit comme « un modèle de constance, toujours prêt, jamais dans le drama. Un gars que tu veux dans ton vestiaire. »

«EN NHL, LA PRESSION EST PIRE»

Ses souvenirs avec les Capitals ? Inoubliables. Il parle avec émotion de son premier but NHL avec eux, célébré par Alex Ovechkin en personne. « Ovi est incroyable. Il connaît tout le monde, même les gars qui montent pour trois matchs. Il me posait des questions sur ma famille, il me faisait sentir à ma place. Ce n’est pas juste une superstar, c’est un vrai capitaine. » Et le nouvel étranger du HCL de continuer: « Être un leader, ça ne dépend pas de la ligue. C’est un état d’esprit. À Hershey comme à Washington, j’ai toujours essayé de montrer l’exemple. Ici, je ferai pareil. » Et la pression des étrangers en Suisse ? « J’en ai entendu parler. Mais en NHL, la pression est pire. Tu peux être transféré du jour au lendemain. Ici, je veux contribuer, aider l’équipe à gagner. Je veux faire partie d’un projet collectif. C’est exactement ce que cherche Lugano. »

Et sur la glace, il veut vite s’imposer. « J’ai hâte de jouer avec des gars comme Connor Carrick. Je le connais bien… comme adversaire : mobile, physique, puissant en power play. Un atout pour nous. » Nouveau continent, nouveau club, nouveau rôle. Mike Sgarbossa arrive à Lugano avec des ambitions claires : « Je ne suis pas venu juste pour l’expérience. Je veux gagner. Et je veux qu’on construise quelque chose de fort. Ensemble. On veut créer quelque chose qui dépasse les individualités.»