Les Flames de Calgary n’ont pas secoué le marché cet été. Pas de signatures tape-à-l’œil. Pas de transactions-choc. Rien. Juste un mot d’ordre clair du DG Craig Conroy : place aux jeunes. Après avoir raté les séries éliminatoires pour un rien la saison dernière – un point de trop, une victoire de moins –, le club aurait pu chercher un raccourci. Mais non. Conroy reste droit dans ses bottes. Il veut bâtir. Lentement. Solidement. Et surtout, sans dévier de son plan.
« On ne va pas jeter notre plan par la fenêtre parce que d’autres équipes signent des vétérans. On a toujours dit qu’on avait une ligne directrice, et il faut s’y tenir. Ce n’est pas parce que d’autres bougent qu’on doit paniquer. » Le ton est clair, la stratégie assumée. Le résultat ? Aucun gros nom n’est arrivé, mais une fenêtre grande ouverte pour les jeunes pousses. Et certaines ont déjà commencé à bourgeonner.
Matt Coronato, 22 ans, a montré qu’il avait du feu dans les patins : 47 points en 77 matchs. Son tir? Sec, précis, létal. Un dépisteur confie : « Il a le flair d’un buteur de 30 buts. S’il continue à progresser comme ça, il pourrait devenir un ailier top-6 constant. » Connor Zary, 23 ans, a lui aussi sorti les griffes : 13 buts, 14 passes, et une énergie contagieuse à chaque présence. Martin Pospisil, 25 ans, est plus discret, mais son jeu physique et ses 25 points ne passent pas inaperçus.
Et derrière eux, Dustin Wolf. Le gardien de 24 ans a été un vrai mur. Finaliste au trophée Calder, il a signé 29 victoires, trois blanchissages et une fiche plus que solide pour une recrue. « Il lit le jeu comme un vétéran de dix ans, il a l’instinct des grands, la glace ne lui fait pas peur », glisse un recruteur de la Conférence de l’Ouest.
ON MISE SUR LA CONTINUITÉ
Le pari est clair : miser sur la continuité, la patience… et un peu de foi. Joel Farabee, Morgan Frost et Adam Klapka seront surveillés de près. Conroy est direct : « J’aurai besoin de Farabee, de Frost, de Zary, de Matty Coronato et de gars comme eux. J’aurai besoin qu’ils arrivent ici, qu’ils montrent du progrès, qu’ils marquent plus de buts et qu’ils passent à la prochaine étape de leur développement. » Même chose pour Kevin Bahl et Brayden Pachal en défense. Pas de cadeau, pas de passe-droit. Il faut mériter sa place. « C’est aux joueurs de s’emparer d’un poste, de gagner une place. S’il y a une blessure et quelqu’un obtient une chance, qu’il ne la laisse pas passer ! » insiste le DG.
Et puis, il y a les rookies qui frappent déjà à la porte. Zayne Parekh, 19 ans, a marqué dès son premier match dans la LNH, en avril, contre les Kings. Il sort d’une saison délirante de 107 points avec le Spirit de Saginaw dans la OHL. Oui, un défenseur. « C’est un quart-arrière naturel pour le power play. Il a un instinct offensif rare, mais il devra apprendre à gérer les replis s’il veut jouer de grosses minutes », prévient un recruteur. Sam Morton, 26 ans, a lui aussi marqué lors de ses débuts dans la LNH et sort d’une belle saison de 45 points en LAH. À lui de convaincre qu’il peut s’imposer à temps plein.
Alors, tout est-il rose? Pas tout à fait. Ce choix de ne pas ajouter de vétéran inquiète certains. Si les jeunes flanchent, qui tiendra la baraque? Les cadres comme Nazem Kadri, Jonathan Huberdeau, Mikael Backlund et Blake Coleman devront non seulement performer, mais aussi encadrer. Et ça, ce n’est pas garanti. Mais Conroy persiste : « Même si nous n’avons pas effectué de transactions, vous verrez plus d’occasions pour nos jeunes joueurs et une meilleure compétition. Les vétérans ne vont rien donner. Nos jeunes devront pousser pour forcer leur place… et forcer les anciens à se surpasser. »
Les Flames veulent revenir en séries pour la première fois depuis 2022. Avec ce mélange de talent brut, de patience et d’intensité, ils pourraient surprendre. Ou exploser en vol. Mais une chose est sûre : à Calgary, cette saison, rien ne sera donné. Tout sera arraché.