Par Christoph Yavkin
«J’avais les boulots de merde !». Le ton est donné, instructif. L’ancien défenseur du EHC Biel/Bienne aujourd’hui âgé de 58 ans, ne fait pas le moindre mystère sur le rôle qui lui était attribué. «Lorsque nous affrontions le Fribourg-Gottéron des fraîchement arrivés Bykov et Khomutov, c’est à moi notamment qu’échoyait celui de couper le chemin des passes d’Andreï (réd. Khomutov) à Slava.» On ajoute volontiers, dont il connaissait avec dix ans de pratique déjà, la position millimétrée!
Et Beat Cattaruzza avait-il une recette ? «J’avais pris pour manège d’intervenir, autant que faire se pouvait, juste avant le dernier mouvement, de sorte que l’ailier doive en improviser et exécuter un de plus avant d’adresser la passe, ça marchait plus ou moins. Et quand c’était le cas et une configuration défavorable donc pour l’ailier soviétique, lorsque le jeu repartait dans l’autre sens, il me gratifiait invariablement d’un coup de canne sur un poignet!»
Ce que nous confirmera sans ambages Slava Bykov, croisé boulevard de Pérolles quelques jours plus tard. Observons qu’il n’y avait encore et alors que deux arbitres, ce qui explique l’impunité du geste. On peut d’ailleurs vous en citer, à la seule échelle des joueurs suisses, une kyrielle raffolant de ces frappes et pour les canadiens, le ratio était d’un sur deux ! C’est peut-être un des souvenirs les plus présents du pur seelandais, datant donc des glorieuses années de Bienne en LNA, de 1991 à 1995.
Hormis un autre, plus souriant ! «Le fait que je faisais partie de la majorité des PP. Avec principalement Dan Poulin (réd.: devant Olivier Anken donc) et avec devant, flanqué de Willy Kohler et Marc Leuenberger, Normand Dupont.» Le Canadien, que Cattaruzza décrit comme un un homme d’excellente compagnie sur tous les plans, a d’ailleurs été quatre fois roi des buteurs (on ne disait pas Top Scorer alors !) de LNA durant les sept saisons passées au pied du Jura.
Un homme atypique
Né à Lyss, l’ancien arrière, dont la vélocité était l’arme principale, est depuis plusieurs années conseiller communal de la municipalité de Nidau, en charge des finances, et élu au Grand Conseil en dépit d’un statut social totalement atypique.
«Être hockeyeur et de ce Bienne-là, joue assurément son rôle… » sourit Beat. Après avoir rejoint les U15 de l’ancien Stade de Glace, il comptera 11 éphémères sélections en équipe nationale et aura disputé un championnat du monde U20. «C’était en 1985, à Hamilton (réd. Ontario), on s’est sauvé à la raclette… On avait pourtant une équipe comptant des Peter Jaks, Manuele Celio ou encore Thomas Vrabec!» On peut encore y rajouter des Martin Rauch ou Gil Montandon…
En évoquant des individualités, quelles dont celles qui ont fortement impressionné Beat Cattaruzza ? «Brian Leetch à coup sûr (réd. défenseur,principalement N.Y. Rangers) et Valeri Kamensky. (réd. CSKA Moscou avec Bykov/Khomutov, avant
les défunts Nordiques de Québec, qu’il a néanmoins suivi dans leur déménagement à Denver et son Avalanche)». Petit bouquet de muguet pour les esthètes d’un nouveau printemps: ce dernier est venu disputer douze parties avec Ambri-Piotta durant le 1er lockout de l’histoire, en décembre 1994!
*Découvrez le portrait complet et l’entretien intégral exclusif accordé par Beat Cattaruzza à Christoph Yavkin dans un prochain Top Hockey Magazine.