Après une saison au rendement offensif indigent – seuls les Ajoulots ont inscrit moins de buts en National League – le HC Bienne a opté pour une réponse claire : muscler son jeu et injecter du caractère dans son attaque. Ce virage prend corps avec l’arrivée de Marcus Sylvegård, ailier droit suédois de 26 ans, en provenance des Växjö Lakers (SHL). Non repêché par la NHL, le joueur s’est engagé pour deux saisons dans le Seeland. Mais plus qu’un simple renfort de profondeur, Sylvegård incarne un profil tactiquement ciblé : celui du power forward moderne, combinant densité physique, sens du but et agressivité contrôlée. L’analyse de ses performances récentes, tant en Suède qu’outre-Atlantique, dessine un joueur capable de dynamiser les zones clés du jeu biennois, en particulier dans le forecheck, les transitions rapides et les duels le long des bandes.
En SHL, le natif de Malmö a signé une saison 2023/24 de haut niveau avec 41 points (dont 23 buts) en 51 matchs, se hissant au rang de deuxième meilleur marqueur du championnat, derrière David Tomasek. Cela lui vaudra un dernier exercice partagé entre la AHL et la SHL. Cette efficacité offensive repose sur un tir puissant, souvent décoché en mouvement ou sur réception, et une capacité à attaquer le slot sans détour. Son style de jeu, qualifié de “robuste” par les observateurs nordiques, tranche avec l’approche plus fluide du hockey suédois traditionnel : Sylvegård préfère la projection, le contact, et n’hésite pas à “salir son maillot” dans les zones d’impact. Ce profil faisait cruellement défaut au HCB ces derniers mois.
Une adaptation immédiate au jeu nord-américain
En 2024, les St. Louis Blues lui offrent un contrat d’entrée. Affecté aux Springfield Thunderbirds (AHL), il s’adapte en un temps record aux dimensions réduites des patinoires nord-américaines et au jeu plus vertical : 10 buts et 21 points en 35 matchs, un impact salué par les scouts qui notent sa “vitesse de lecture” et sa disposition à jouer sans la rondelle. Néanmoins, il fait face à un blocage structurel : la densité sur l’aile droite à St. Louis limite ses perspectives de promotion. Fin janvier 2025, il décide de revenir en Europe.
Si Sylvegård ne dispose pas d’une accélération de pur sprinter, il compense par une mobilité intelligente, notamment en zone offensive, où il sait ajuster ses déplacements pour libérer des lignes de tir ou fixer les défenseurs. Son jeu dans les petits périmètres s’appuie sur un bon sens du tempo et une compréhension mature des schémas offensifs. Lui-même reconnaît toutefois une préférence marquée pour un style de possession, plus proche du modèle scandinave que du « dump-and-chase » souvent pratiqué en AHL : « Je suis un joueur qui aime construire avec le puck. En Amérique du Nord, tout tournait autour du dégagement en fond de zone et du contact. Pour moi, c’était parfois frustrant. »
Formé au Malmö Redhawks, Sylvegård baigne depuis l’enfance dans une culture hockey omniprésente. Son père, Patrik, a marqué de son empreinte le club, tant comme joueur que dirigeant. Ses deux frères sont également actifs dans le milieu. À Malmö, il croise très tôt le chemin de Martin Filander, aujourd’hui entraîneur du HCB – une connexion qui pourrait faciliter son intégration.
Avec Sylvegård, le HCB renforce une ossature nordique. Si son intégration se passe comme espéré, l’ailier droit pourrait devenir l’un des moteurs offensifs d’un Bienne en quête de rédemption. Car au-delà du nom, c’est une manière de jouer que les dirigeants veulent importer : celle d’un hockey énergique, précis, et tactiquement structuré. Marcus Sylvegård en est un ambassadeur crédible.
(Source: Redhawks Report/YouTube)
