Par Filippo Frizzi
Il est le prototype du joueur tessinois. Ayant grandi dans sa Vallemaggia, nourri au pain et au hockey, Dario Simion est l’exemple classique du parcours que devrait suivre un jeune qui veut faire le grand saut: devenir un joueur professionnel accompli. En 2014, à l’aube de ses 20 ans, Dario quitte Lugano pour suivre le « gourou » (comme l’appelle Simion lui-même) Arno del Curto à Davos. Dans les Grisons, Dario passe quatre saisons, accumulant 103 points, 44 buts et 59 passes décisives, et surtout remportant son premier titre de champion suisse.
Aujourd’hui, après sept saisons à Zoug (391 matchs, 123 buts et 125 passes décisives), Simion (qui fêtera ses 31 ans dans une semaine exactement) est de retour chez lui. Lugano lui a proposé un contrat à long terme et le bon Dario n’a pas hésité une seconde à revenir à la Corner Arena.
C’est une période très mouvementée chez les Simion. L’ailier valaisan est en effet en plein déménagement, après sept ans passés en Suisse centrale. La vie de Dario et de sa femme Estelle est devenue un arc-en-ciel d’émotions il y a un peu plus de trois mois, lorsque Daniel Roy Simion, le premier enfant du couple, est né. Depuis quelques semaines, il s’entraîne avec Lugano (en salle et deux fois par semaine sur la glace), mais il est clair que ces jours-ci, toute son attention est tournée vers l’équipe nationale, qui participe aux Championnats du monde au Danemark et en Suède.
Dario, cela te « ronge »-t-il de ne pas être avec tes coéquipiers avec lesquels tu as remporté la médaille d’argent il y a douze mois ? Comment vas-tu ?
Pendant le match 3 des quarts de finale contre Davos, j’ai ressenti une douleur au genou, rien de grave, et j’ai donc joué le match 4, celui qui nous a définitivement éliminés de la compétition. J’ai ensuite contacté Patrick Fischer, qui m’a dit que si je me sentais capable de jouer, le staff serait ravi de m’accueillir. Après deux semaines sans glace, je me suis entraîné avec mes coéquipiers, mais lors du premier match, j’ai encore ressenti une douleur et j’ai donc sauté le deuxième match. Fischer a voulu que je passe une IRM qui a révélé la présence de liquide dans le genou.
Après un début difficile contre la Tchéquie, les Suisses semblent en progression, surtout après leurs victoires contre le Danemark et surtout les États-Unis.
Je suis d’accord. J’ai aussi apprécié l’équipe contre la République tchèque, et il nous a vraiment manqué très peu. Contre le Danemark et les États-Unis, j’ai constaté une progression : nous avons bien su garder le contrôle du jeu, nous avons ralenti le rythme quand il le fallait et frappé au bon moment.
Bien sûr, avec Kevin Fiala en plus dans son effectif, l’équipe nationale de Fischer a toutes les cartes en main pour surprendre une fois de plus… Quel genre de joueur est-ce?
Kevin est un garçon fantastique. Il a toujours apporté de la joie dans l’équipe et c’est le coéquipier classique dont on peut s’attendre à quelques blagues dans les vestiaires. Lui, mais aussi les autres joueurs de la NHL, comme Nico Hischier, sont restés des garçons malgré leur statut de stars outre-Atlantique.
Jusqu’où peut aller l’équipe nationale? Après l’Allemagne, trois matchs vous attendent contre des adversaires tels que la Norvège, la Hongrie et le Kazakhstan…
La Suisse a toujours mieux joué contre des équipes titrées, au palmarès riche. Au fil des ans, nous avons eu plus de mal contre les équipes qui ne pensaient qu’à se défendre. Ce ne sera pas une promenade de santé, mais si la Suisse joue de manière organisée et reste loin du banc des pénalités, elle pourrait faire un bon bond en avant au classement.
Un vent nouveau souffle sur Lugano, avec un petit goût… suédois. Tu connais déjà Hedlund (qui a collaboré avec Dan Tagnes à Zoug). As-tu eu l’occasion de parler avec le nouvel entraîneur Thomas Mitell ?
Hedlund a très bien travaillé à Zoug, mais aussi à Rapperswil. J’ai toujours eu un bon feeling avec lui. Mitell? Je ne l’ai pas encore rencontré personnellement, il est actuellement en Suède, mais nous nous sommes parlés au téléphone.
Pour finir, parlons de ta Vallemaggia. Une vallée déchirée par les inondations qui ont frappé la Lavizzara en juin il y a 12 mois. Ton père Claudio, qui s’occupe de hockey pour les jeunes, a fait des pieds et des mains pour trouver de la « glace » pour les jeunes du Ticino Rivers…
Mes parents ont une petite maison à Prato Sornico, mais heureusement, elle n’a pas été touchée par la pluie et la boue. Vivant au-delà des Alpes, j’ai eu l’impression que la Confédération aurait pu faire plus pour une vallée qui a subi d’importants dégâts. Les habitants de la Vallemaggia sont résilients et n’ont pas baissé les bras. Cependant, beaucoup se sont sentis négligés ».
Tu as grandi au sud des Alpes, puis tu as mûri dans les Grisons et à Zoug. Tu rentres maintenant chez toi avec un seul objectif…
Mon rêve est de ramener la Cupe au Tessin.