Par Philippe Ducarroz & Laurent Perroton
Bien sûr, tout le monde n’a pas disputé le même nombre de matchs, mais deux phalanges se détachent tout de même légèrement, et pas seulement au niveau comptable: Zurich et Fribourg. Aujourd’hui, ce sont effectivement les deux équipes à avoir leur jeu bien en place. Déjà. Remarquez qu’en regardant le contingent des ZSC Lions, il serait tout de même malheureux – même en jouant moyennement – de ne pas figurer dans le top du classement.
Pour Gottéron, la situation est un peu différente. Parfois en panne de concrétisation, les Dragons ont néanmoins retrouvé cette sérénité qui leur avait si bien réussi il y a deux ans, le sentiment que rien de fâcheux ne peut leur arriver. Alors oui, il y a des couacs (le revers à la maison contre Lugano, par exemple), mais l’alignement de Christian Dubé est solide. Toutes les lignes ont trouvé de la cohésion car chacun se sent à sa place. Et puis, les Fribourgeois peuvent compter sur un Reto Berra remarquable, un Christoph Bertschy efficace et des étrangers parfaitement à la hauteur. Hier soir, Zoug a été clairement dominé. Reste ce soir à éviter l’habituel piège emmentalois…
Tiens, en parlant de Langnau, le club bernois est lanterne rouge… comme prévu. Comment s’en sortir avec une défensive aussi limitée? Le seul but encaissé hier contre BIenne est donc une forme d’exploit, les deux points de la victoire aux tirs au but une récompense face à des Seelandais catastrophiques pendant 40 minutes. Le HC Bienne manque incroyablement de constance sur l’ensemble d’un match et s’il s’incline hier (4e revers sur les cinq derniers matchs!), il en est l’unique responsable. Langnau a joué avec son coeur, mais ses limites. Le EHCB a offert une prestation à la hauteur du 14e du classement.. avant d’affronter Berne ce soir. Le EHCB, une formation style couteau suisse, bonne partout, mais excellente nulle part aujourd’hui. Sauf au poste de gardien ou Harri Säteri continue de faire des miracles avant de lâcher prise comme le reste de l’équipe.
Du mieux à Genève
Pas de panique, mais quand même! Le champion Genève-Servette est en difficultés. Rassurez-vous, c’est dans la tête que ça se passe, mais la moindre contrariété prend des proportions extraordinaires. Tenez: mardi à Davos, c’est un malheureux autogoal de Josh Jooris qui enraille toute la mécanique des Aigles. Et pourtant, les champions menaient au score (2-1) à ce moment du match et méritaient cet avantage. Ils ont fini battus… 7 à 2!
Hier, on clairement constaté un mieux dans la performance globale, celle des étrangers comprise. La gestion du match contre Rapperswil a été rondement menée en marquant les buts aux moments opportuns. On peut toutefois encore déplorer des périodes de déconcentration qui nuisent à l’ensemble de l’oeuvre. Les Aigles continuent donc leur… apprentissage de champions. Genève a mis des années pour apprendre à gagner (un titre), il lui a fallu une semaine pour comprendre que son nouveau statut est tout sauf confortable (trois camouflets contre Lausanne, FrIbourg et Davos). Evidemment, ça provoque des tensions et des incompréhensions qui peuvent faire croire en une crise du côté des Vernets. La victoire indiscutable d’hier calme un peu le jeu dans une cité qui semble être le seul endroit où les Aigles sont capables de s’imposer. Jusqu’à présent.
Lausanne perd presque avec le sourire
Bon, Lausanne a perdu hier son 2e match à la maison (après Kloten) contre des Zurichois – on le répète – bien en place. Pas grave, le LHC est dans son plan de saison (sans doute même mieux avec son 4e rang actuel). Une telle situation aurait, il y a peu, déclenché un feu d’artifice de critiques du côté de la Vaudoise aréna. Or, malgré la défaite à Ambrì en début de semaine et la perte de la tête du classement, le Lausanne HC vit bien. Même très bien. Le calme est revenu à Lausanne, et même mener avec trois buts d’avance comme ce fut le cas au Tessin (4-1 à la 26e minute) et perdre une grosse demi-heure plus tard fait désormais partie d’un cursus que les fans les plus chauds de Suisse sont même prêts à accepter..
Il faut dire qu’Ambrì-Piotta, candidat au minimum à la 10e place, joue magnifiquement sa carte principale: la foi. Benjamin Conz au four, Inti Pestoni, l’étonnant Rocco Pezzullo et Jakob Lilja principalement au moulin, le HCAP est revenu à l’énergie contre Lausanne. Il faut le dire, sa principale arme avec un public qui pousse et pousse encore.
Le derby perdu hier ne va pas remettre en cause l’ADN des Léventins, mais il faut dire que Lugano a fait preuve de beaucoup de caractère. Et Luca Gianinazzi n’a pas peur de prendre des mesures qui pourraient se révéler impopulaires. Hier, c’est Mark Arcobello qui prenait place dans les gradins, fait plutôt rarissime quand le bonhomme est en santé. En étant très dominants dans la 2e partie du match, les Bianconeri ont fait le plein de confiance.
Ajoie doit aussi penser à attaquer
De la confiance, le HC Ajoie en avait engrangé en préparation. De quoi présenter une assise défensive tout à fait acceptable. Aujourd’hui, les joueurs de Christian Wohlwend devraient même comptabiliser 2 à 3 points de plus au classement… s’ils avaient su concrétiser leurs occasions les plus nettes. Quel déchet dans le jeu offensif! Hier, le HCA aurait dû gagner contre Berne. En protégeant bien leur gardien, les Ajoulots ont fait le job à l’arrière, moins à l’avant où Guillaume Asselin , surnuméraire, a tout de même manqué. Actuellement, la balance n’est pas bonne dans le camp du HCA. Dommage: l’équipe a un calibre bien supérieur à l’an passé mais occupe une 13e place qui reflète assez mal ses efforts.
Ce soir à Rapperswil, le HCA aura du boulot. On en profite pour évoquer un homme qui a les capacités de faire « oublier » Roman Cervenka lorsque celui-ci est indisponible: l’ex-Fribourgeois Viktor Rask. L’attaquant commence à s’illustrer dans un contexte qui semble mieux lui convenir. Pour preuve son doublé contre Langnau en début de semaine en étant centre d’une première ligne insolite avec Gian-Marco Wetter sur sa gauche et Tyler Moy sur sa droite. C’est le trio majeur de Lakers qui remettent gentiment leur jeu en place, même si l’opposition genevoise était trop forte hier soir (1-4).
