Dans la perspective de la saison 2025/26, le Lausanne HC a misé sur une valeur sûre venue d’outre-Atlantique : l’attaquant canadien Drake Caggiula, joueur polyvalent au parcours atypique, mais respecté des vestiaires NHL pour son professionnalisme, sa combativité et sa constance dans l’effort. À 31 ans, ce grinder d’élite incarne un hockey rugueux, efficace et sans fioritures. Jamais repêché en NHL, ni sélectionné en équipe nationale junior, Caggiula ne correspondait à aucun prototype. Pourtant, son nom est aujourd’hui cité parmi ceux des meilleurs late bloomers nord-américains, ces profils discrets dont l’impact se révèle au fil des années. Décrit par les scouts NCAA comme un joueur à « hockey IQ supérieur » et par les recruteurs NHL comme un « compétiteur rare », il a bâti sa carrière sur une progression constante et une lecture du jeu toujours plus affinée.
Formé dans la ligue junior de l’Ontario, il rejoint à 18 ans l’Université du Dakota du Nord. Durant quatre saisons NCAA, il impressionne par sa capacité à hausser son niveau dans les moments clés. En 2016, il est assistant-capitaine lors du titre national remporté par UND. Son nom circule alors dans les coulisses de la NHL. Edmonton n’hésite pas : il signe son premier contrat professionnel le 7 mai 2016. À peine engagé, Caggiula s’impose dans l’effectif principal des Oilers. Contrairement à la majorité des non-repêchés, il évite le passage par la AHL. Cette adaptation fulgurante témoigne d’un profil complet et mature, forgé dans le système universitaire nord-américain, réputé pour sa rigueur et son exigence. Dès sa première saison, il dispute 60 matches, inscrit 7 buts et offre 11 passes décisives.
Un homme de confiance
Le journaliste Craig Button (TSN) résumait ainsi son profil : « Caggiula, c’est le prototype du bottom-six moderne : rapide, agressif, fiable défensivement, mais capable d’appuyer l’offensive en transition. » Cette étiquette ne le quittera plus. Durant son parcours NHL – Edmonton, Chicago, Arizona, Buffalo, puis Pittsburgh – les entraîneurs font de lui un homme de confiance, souvent utilisé dans les situations spéciales, que ce soit en infériorité numérique ou en fin de match pour fermer le jeu. Il évolue aussi bien à l’aile qu’au centre, sur la troisième ligne, et peut ponctuellement intégrer le top-six.
Bob McKenzie, analyste émérite de TSN, le qualifiait en 2021 de « joueur de système idéal », c’est-à-dire un hockeyeur malléable, qui s’intègre sans bruit, mais toujours avec efficacité. Ses statistiques témoignent d’un joueur utile, régulier, sans être flamboyant: 310 matches NHL (playoffs inclus) : 98 points (43 buts, 55 assists); 170 matches AHL : 142 points; Temps de glace moyen en NHL : 12 minutes.
Une victime du plafond salarial, pas du rendement
En 2024, plusieurs recruteurs nord-américains estimaient que Caggiula avait encore toute sa place dans un effectif NHL. Mais dans une ligue de plus en plus tournée vers les jeunes contrats à faible coût, son profil expérimenté mais non spectaculaire s’efface au profit de la rentabilité. Frank Seravalli (Daily Faceoff) résumait la situation : « Drake est victime de l’économie de la NHL, pas de son niveau. Il reste un joueur capable d’aider une équipe à gagner. »
C’est donc un joueur complet et mentalement solide que Lausanne accueille. Mobile, physique malgré sa taille moyenne (1m80), Caggiula est reconnu pour sa capacité à gagner des duels le long des bandes, son travail défensif rigoureux et sa faculté à enchaîner les efforts sans relâche. Capable de créer comme de conclure, il sait aussi jouer sans la rondelle, ce qui le rend précieux dans un système structuré. Mais au-delà des chiffres et du style de jeu, c’est un état d’esprit que le club vaudois recrute. Comme le soulignait un scout des Oilers en 2022 : « Ce gars-là ne triche jamais. Il joue dur. Il joue juste. Et il joue pour gagner. »
Attendu comme un meneur de vestiaire, Drake Caggiula incarne une certaine idée du hockey nord-américain : celle de l’intensité, du sacrifice et du respect du jeu. Lausanne pourra compter sur lui pour transmettre cette culture et insuffler un supplément d’âme au collectif.
