INTERVIEW – Klaus Zaugg: «Depuis cinq ans, Berne c’est le Titanic!»

INTERVIEW – Klaus Zaugg: «Depuis cinq ans, Berne c’est le Titanic!»

Klaus Zaugg - Photo: Cap/TeleBärn/YouTube

Klaus Zaugg est un monument de la presse sportive helvétique. On ne compte plus le nombre d’articles – souvent polémiques – que ce dernier a «commis» durant une carrière qui lui a permis de travailler au sein de plusieurs rédactions. C’est au Blick qu’il a pu asseoir sa notoriété, c’est pour Watson principalement qu’il oeuvre aujourd’hui. Ses écrits sont souvent attendus par les lecteurs, un peu moins pas les «mis-en-cause».

Zaugg, on aime ou pas, mais il possède une réelle expertise du hockey suisse. Et le sens de la fornmule. Justement, il y a un club qui interpelle aujourd’hui: le SC Bern. Et là, le journaliste n’y va pas avec le dos de la cuillère: «Le SCB paie encore aujourd’hui le prix de ses années de gloire avec ses trois titres en quatre ans. Conséquence? Une grosse tête à tous les niveaux! Après le titre, en 2019 par exemple, ils se sont dits: « Allez, on va faire une opération de public-relations, on va engager pour une fois une femme (réd.: Florence Schelling) à la direction sportive ». Ça a été un désastre et depuis là ils n’ont plus eu un directeur sportif respecté dans toute la Ligue. C’est peut-être un peu mieux maintenant avec Martin Plüss, mais on verra… Quand on a la grosse tête, c’est très difficile de devenir à nouveau crédible. Ça prend du temps avant que tout le monde comprenne qu’il faut à nouveau se mettre au travail, refaire les choses de base. En plus, ils n’ont aucun scouting, ça a été le Titanic ces cinq dernières années!»

Pensez-vous que Martin Plüss a les mains libres ou bien un Marc Lüthi a encore une influence décisive?
Non, il a les mains libres. Mais Berne est une organisation trop grande et tout le monde a toujours une excuse. Il manque un directeur sportif qui prend toute la responsabilité avec passion, comme on a eu Paolo Duca à Ambrì, comme Martin Steinegger à Bienne ou Sven Leuenberger à Zurich. Berne est devenue un peu comme une administration du gouvernement. Ils ont perdu les pédales, ils ne savaient plus ce qu’ils étaient et ce qu’il fallait. En fait, ils ont un peu perdu leur identité. Il faut rester positif: quand on est tout en bas, on ne peut que remonter.

Berne ne fait plus peur et semble avoir désormais de la peine à recruter de gros joueurs suisses. Berne n’est plus une adresse sexy…
C’est exactement ça. Pendant vingt ans, Berne c’était la première adresse si quelqu’un voulait gagner beaucoup d’argent ou jouer en équipe nationale. Aujourd’hui, les autres clubs paient les mêmes salaires, les autres ont une infrastructure même supérieure, plus moderne. Si un grand joueur veut signer à Berne, il veut aussi savoir: « C’est quoi, cette équipe? C’est quoi la philosophie? C’est qui l’entraîneur? ». À un certain moment, on ne savait plus. Un joueur qui a le choix, il va où il sait ce qu’il trouvera.

À l’exemple de Sandro Schmid?
Là c’est différent. Gottéron a déclaré qu’il voulait gagner un titre. Et quand on a un joueur de la ville qui est un des meilleurs, on ne le laisse jamais partir. Et Fribourg a une identité. Mais pour moi c’était toujours clair que Schmid ne quitterait pas Gottéron, impossible. Avant de voir Schmid quitter le club, le Pape aurait déjà quitté le Vatican!

À Berne, ce qui manque, c’est un grand gardien. Depuis Renato Tosio, Ricchi Bucher et Leonardo Genoni, c’est le désert…
Ils n’ont plus! Ça fait partie de toute la problématique évoquée avant. Ils ont un gardien étranger, actuellement ils ont quatre portiers sous contrat. Sandro Zurkirchen, Kloten ne le voulait plus, il est maintenant à Berne. Il faut avoir un gardien avec du réalisme. Depuis les années ’50, les Bernois ont toujours eu de grands gardiens. Ça a commencé avec Kiener, Jäggi, Grubauer, Tosio, Bührer, Genoni. Aujourd’hui, ils n’ont pas.

Que pensez-vous de l’engagement de Heinz Ehlers?
Je pense que c’était la meilleure des solutions. Il faut sauver la saison. Maintenant, on fait une erreur: on dit que Ehlers est un entraîneur de défense, Heinz le béton. Mais parce qu’il a eu des équipes au sein desquelles il ne pouvait pas faire autre chose! Je me rappelle que quand il a fait le titre avec Langenthal, il a fait du spectacle. Et puis, il était d’accord de signer un contrat jusqu’à la fin de la saison seulement. Donc c’était la meilleure des solutions: il connait la Ligue, il est une grande personnalité, il est respecté partout, par les joueurs…

Si Berne avait perdu ses deux derniers matchs avant la pause, est-ce que Ehlers serait encore le coach de Berne aujourd’hui?
Oui. Parce que Berne ne peut pas trouver mieux! Et Heinz, il est détendu: il sait à la fin de l’année que s’il veut rester il peut, mais s’il décide de rentrer au pays il peut aussi. Il était prêt à rentrer, mais pour commencer la saison, il était sous contrat avec Bâle. Mais vous savez pourquoi? Son comptable lui a dit: « Eh, Heinz! Tu as 59 ans, si tu rentres maintenant, avec tout le capital de ta caisse de pension, tu devras payer des impôts. À 60 ans, tu ne paies plus ces impôts! Alors il faut encore rester une année en Suisse. » Ça fait une différence de plus de 100’000 euros! Et comme Schläpfer (réd.: le directeur sportif de Bâle) est son ami…

En plus, Ehlers n’a jamais eu un grand club…
Oui, c’est pour lui une chance. La dernière de sa carrière incroyable, le grand CP Berne! Et il n’a rien à perdre. Et si tu arrives en playoffs, tout peut arriver!

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