COMMENTAIRE – Philippe Ducarroz
Bien sûr, tout le monde va me ressortir mes origines fribourgeoises. S’il-vous-plaît, écartez ce grief, j’aurais utilisé les mêmes mots avec Franches-Montagnes dans une situation comparable. Je tenais d’abord à le préciser. Passons à ma fâcherie maintenant…
Que n’aurait-on pas fait pour sauver le (petit) soldat HCV Martigny? Sacrifier un club semi-romand pour permettre à un des… trois clubs valaisans de «pointe» (Viège, Sierre, Martigny) d’éviter une chute des Octoduriens plus bas que la MHL, par exemple. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Nous faire croire que la relégation volontaire du HCV Martigny est décidée depuis quelques jours seulement est une immense plaisanterie. En janvier déjà, le club savait qu’il ne repartirait pas en Swiss League la saison prochaine. Tout comme GDT Bellinzona en MyHockey League. Voilà qui sauvait la place des Valaisans. Fallait-il encore trouver le moyen de se débarrasser des Singinois. Bien sûr, tout le monde s’est bien gardé de le communiquer.
Les Tessinois s’étaient sauvés sportivement en battant Guin, club fribourgeois mais très alémanique (HC Düdingen Bulls, club… romand, ça dérange), mais en se renforçant avec pléthore de joueurs de Swiss League alors qu’ils savaient déjà qu’à leur tour ils demanderaient une relégation volontaire en première ligue. Un vrai scandale autorisé qui a complètement faussé la donne.
Pour garder bonne conscience, les dirigeants se sont aussi dits que Guin (qui ne doit aussi s’en prendre qu’à lui-même pour s’être retrouvé dans cette situation inconfortable) avaient déjà été sauvé sur le tapis vert par le passé. Et comme il fallait absolument que deux places se libèrent en MHL pour y intégrer Martigny, on a d’abord relégué «sportivement» le club fribourgeois No 2… avant d’acter la relégation volontaire des Tessinois.
Un tour de passe-passe honteux qui fait mal à la région fribourgeoise qui a besoin d’un club au moins en 3e division tandis que les Valaisans, eux, par manque de cohésion et par esprit de clocher collectionnent les clubs depuis des années sans être capables d’en proposer un aux portes de l’élite.
Finalement, dans cette affaire très politique, maintenir Guin en MHL et essayer d’enfin construire du solide en Valais avec deux clubs populaires (ce que n’est manifestement plus Martigny) aurait sans doute été plus utile que de se gargariser par communiqué de la perméabilité entre les ligues. Mais il ne faut pas non plus pousser le bouchon trop loin. Un autre exemple? La promotion de Prilly en première ligue qui profite ainsi de la relégation de deux clubs. Prilly, seulement demi-finaliste du championnat à l’étage inférieur il y a deux ans et Fleurier – qui n’était pas non plus champion – l’année passée.
