Par Laurent Antonioli
Le HC Davos est solidement installé en tête du classement au moment d’aborder une première pause due aux engagements internationaux. Avec 15 points (!) d’avance sur son second Rapperswil après 22 matchs seulement, rarement une formation de l’élite n’avait exercé une telle domination. Une surprise de retrouver les Grisons en tête? Non. Avec un tel écart, oui. Davos est plutôt du style discret avant d’exploser dans la 2e partie de saison.
Jan Alston, le créateur de cette équipe version 2025/26, est-il lui aussi surpris de ce début de parcours plutôt remarquable? «On était prêts en début de saison parce que nous n’avons pas fait beaucoup de changements. On pensait bien partir rapidement, mais pas que ça dure aussi longtemps, ça c’est certain.»
Ça démontre bien que la stabilité dans un club, c’est aussi très important…
C’est la façon avec laquelle on essaie de travailler à Davos. Surtout cette saison, on a réussi à resigner notre noyau de joueurs pour le futur. Oui, on mise sur la stabilité, la continuité parce qu’ainsi tout le monde a es repères pour la suite. Ça facilite le job des entraîneurs aussi pour implanter le système de jeu.
Oui, vous avez à peine enregistré deux ou trois arrivées…
C’est surtout pour la saison suivante, la prochaine, qu’on a réussi à garder notre noyau et on en est très content. La situation contractuelle est plus ou moins terminée à part une ou deux positions. Maintenant on peut vraiment se concentrer sur cette saison. Il y a de bonnes choses à faire, mais notre championnat est tellement compétitif, ouvert, c’est un challenge quotidien.
Il faut aussi donner du crédit à Josh Holden, l’entraîneur que vous êtes allé chercher à Zoug…
Josh, c’est un travailleur hors-pair et surtout un excellent communicateur et motivateur. Ce sont trois pièces-maîtresses dans le profil d’un coach, c’est essentiel aujourd’hui. Avec la nouvelle génération qui arrive, il faut bien communiquer, voire sur-communiquer. Josh et son staff font un excellent job cette saison.
Un joueur comme Brendan Lemieux est un peu décevant pour un étranger, de notre point de vue. J’imagine que votre vision est différente?
On ne lui demande pas de marquer vingt goals, on a d’autres joueurs pour ça et ils le font très bien. On a besoin de sa présence physique que ce soit en powerplay ou à cinq contre cinq. Le forecheck, il le fait excellemment bien. Il a beaucoup de caractère, ça nous donne un «plus».
La tendance actuelle est de signer très vite des contrats à long terme. Trouvez-vous ça normal?
Oui, je crois que ça a commencé il y a fort longtemps. Je crois que le premier c’était Tristan Scherwey avec Berne. Je crois que c’est un genre de partnership qui se fait entre un club et un joueur. Il faut être deux pour accepter un contrat de longue durée, mais il faut bien faire ses devoirs au niveau du profil du joueur, son âge, son année de fin de contrat, ses antécédents de blessures et beaucoup d’autres choses. Oui, c’est la tendance qui permet à un club d’avoir de bonnes fondations.
N’avez-vous pas une petite crainte que Davos soit trop fort trop vite?
C’est deux saisons en une saison avec la pause olympique. Donc tous les points qu’on fait actuellement sont en banque. Si je ne me trompe pas, il reste huit matchs après la pause olympique, ce ne sera pas le moment d’aller chercher des points à cet instant du calendrier.
Surtout que vous avez encore en plus la Coupe Spengler…
C’est assez chargé, on joue une moyenne de trois matchs par semaine, c’est un rythme NHL. Personne ne se plaint, c’est pareil pour tout le monde.
Dans la dernière sélection pour l’équipe de Suisse, il y a huit joueurs de Davos. C’est une fierté?
Oui et non. Oui… (réd.: il sourit) C’est une année olympique, c’est particulier. Patrick Fischer et son staff veulent voir beaucoup de joueurs. On apprécie la flexibilité d’aujourd’hui, qu’ils ne les prennent pas au mois de décembre à la place de la Coupe Spengler.
La prochaine étape, pour le HC Davos, ce serait de sortir le prochain Enzo Corvi?
Nos meilleurs juniors ne sont plus à Davos, ils sont au Canada. Mais on a toujours un oeil sur eux et il y a effectivement peut-être un nouveau Corvi dans ce lot. Mais on espère bien aussi qu’il joue en NHL par la suite. On travaille avec sérénité, le mouvement junior fait un excellent travail. Nos deux équipes U18 et U21 sont extrêmement jeunes, il faut être patient.
Est-il possible d’avoir le même modèle qu’à Zurich, par exemple? Les Zurichois ont tout gagné en catégories de jeunes et aussi l’équipe première…
Je crois que c’est faisable ailleurs si on a aussi le même budget. On ne peut pas comparer ce modèle avec nul autre en Suisse. Je crois que tout le monde essaie de travailler à sa façon dans son canton, dans sa ville, avec les ressources accessibles.
Une dernière question, elle vous concerne: êtes-vous heureux dans votre rôle de directeur sportif à Davos? Pas un petit regret d’avoir quitté la Romandie?
Ça a été une transition particulière car j’ai toujours été un citadin. J’ai fait mes dix dernières années à Zurich, j’ai passé dix ans à Lausanne… En montant à Davos, j’étais un peu anxieux honnêtement. Mais ça se passe extrêmement bien. C’est une station de ski, il y a 15’000 habitants… hors Coupe Spengler. Tout le monde se connait, les Davosiens sont friands de hockey, ils sont demandeurs. Pour pouvoir aller à la Migros, on a intérêt à gagner des matchs!
